Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

mercredi 3 avril 2013

Le Vietnam

Départ de Phnom Penh, au Cambodge, pour le Vietnam. Il existe de nombreux moyens de rejoindre ce pays et nous choisissons la voie fluviale combinée au bus. Cela prendra la journée entière et c’est l’aventure pour les quatre petits Suisses bien habitués aux transports publics de chez eux… Du tuk-tuk, nous montons à bord d’un bateau-express qui nous mène en six heures environ jusqu’à la frontière entre le Cambodge et le Vietnam, près de Chau Doc. En achetant les billets de bateau, nous n’avions pas prévu de faire une croisière de luxe, mais tout de même, nous ne pensions pas qu’il serait nécessaire de mettre les boules quies tant le bruit du moteur est insupportable, et que les sièges seraient si inconfortables, au fond d’un bateau si bas qu’on ne voit presque rien du paysage… nous prenons donc notre mal en patience et arrivons enfin au poste frontière. Là, nous troquons notre bateau pour un bateau-croisière, qui va très lentement, mais qui a l’avantage de nous faire découvrir un peu plus le paysage et qui nous promène dans de très beaux canaux, emplis de maisons flottantes. Nous voyons la vie quotidienne des gens, qui se lavent dans le fleuve, font leur lessive et leur vaisselle, pêchent, naviguent ou se reposent au bord de l’eau. C’est vraiment envoûtant ! Arrivés à Chau Doc, nous grimpons dans un mini-bus, qui nous conduit à la gare routière. Là, c’est parti pour environ quatre heures de car à travers la campagne du delta du Mekong. Le seul hic, c’est que le chauffeur du bus et son assistant ne comprennent pas où l’on doit descendre… nous l’écrivons sur un papier, ils ne comprennent toujours pas… il faut dire que notre vietnamien n’est pas encore au point, on vient d’arriver… bon… nous espérons qu’ils ont quand même un peu compris et tentons tant bien que mal de savoir par où l’on passe, le nom des villages, etc… le problème c’est qu’il n’y a que des habitations tout du long du chemin ! Aucun panneau n’indique le début ou la fin d’une ville, rien… gloups… nous ne savons pas non plus combien de temps dure le trajet exactement et bien sûr, il n’y a pas d’arrêt de bus ou de carte comme dans notre Suisse si bien organisée… Heureusement, le miracle se produit ! L’assistant du chauffeur s’approche soudain de nous durant le trajet et nous tend son téléphone portable. Nous y découvrons un message disant : « If you are Valentin, say « yes » to the driver assistant. We’ll wait for you at 7 pm at a bus stop with four motos. » On se regarde, et on dit « yes !!! » au Monsieur ! Eh bien pour de l’organisation, c’est plutôt pas mal… On nous demande donc de sortir du bus vers 19h et comme prévu, quatre chauffeurs de moto nous attendent pour nous conduire à la maison d’hôte où nous seront logés. On pose un casque sur notre tête, on embarque les valises entre les jambes des chauffeurs, on s’accroche à ce dernier avec notre gros sac de montagne sur le dos, et c’est parti ! De nuit, à contre-sens, puis sur un petit chemin qui zig-zague, nous arrivons finalement, exténués, dans une magnifique demeure coloniale. Nous aurons passé plus de douze heures dans les transports publics, et le repas vietnamien traditionnel ainsi que l’alcool de riz qui nous attend nous requinquent délicieusement bien. Mot, hai, ba, YO ! Merci à la secrétaire de la maison d’hôte d’avoir contacté notre bus… sans cela, nous aurions peut-être fini au terminus ce soir-là… !

Voilà, vous avez donc un petit aperçu de notre entrée en matière avec le Vietnam. Maintenant, passons aux splendeurs du pays. Le Delta du Mekong, tout au sud du pays, regorge d’eau. Nous prenons donc… un bateau !  pour visiter les alentours. Marché flottant, fabriques de bonbons et boutiques d’artisanats, maisons coloniales, canaux enfouis dans la verdure, fruits divers à déguster… on en a plein la vue ! Avec comme point d’orgue à cette journée, la petite balade en barque avec nos chapeaux coniques sur la tête !

Nous passons ensuite par Hô Chi Minh Ville, ou plus volontiers pour les habitants du coin, Saigon. Nous y découvrons une grande ville asiatique, grouillante, bruyante, commerçante, avec un beau point de vue depuis une des tours, de bons restaurants, et quelques beaux bâtiments datant de l’époque coloniale. 

De là, nous volons pour l’ancienne capitale impériale qui est au centre du pays : Hué. Enfin pas tout à fait… là encore, il nous est arrivé une petite aventure sympathique… après coup… Nous atterrissons à Danang et nous sommes encore à 120km de Hué. Nous prenons donc un taxi pour la gare routière, svp Monsieur le chauffeur de taxi. Celui-ci nous emmène à la gare ferroviaire. Non Monsieur, nous voulons un bus, vroum, vroum, pas tchou-tchou ! (notre vietnamien est vraiment archaïque…) Une fois arrivé au bon endroit, Monsieur nous réclame le prix de la course entière de taxi (alors que nous sommes certains qu’il savait très bien où nous voulions aller), plus les taxes d’aéroport et de la gare routière ! Non, mais ! Avant de nous taper dessus, nous payons tout… pendant ce temps, voilà que tous nos bagages sont déjà embarqués dans un mini-bus ! Oui, oui, il va à Hué et il part dans 10minutes, montez ! Bon, ok, vu les circonstances, on ne va pas chercher plus loin pour voir si un autre bus moins cher ou plus grand part bientôt… Apparemment, le chauffeur de taxi était de mèche avec le chauffeur du mini-bus, ça c’est sûr… nous nous installons donc presque confortablement à l’arrière du mini-bus, sur une banquette surélevée. Super, nous avons un peu plus de place pour les jambes que si nous étions sur un siège normal. Nous partons et durant tout le trajet, qui dure quand même trois heures, nous nous arrêtons à chaque fois qu’un passager veut monter. Résultat : dans un mini-bus pouvant accueillir environ 16 passagers en Suisse, mais ici les gens sont petits, il y a 28 sièges en tout, nous nous retrouvons pliés en quatre et entourés d’une quarantaine d’autres passagers !!! HAAHHAHAHAH !!!! GRRRRRR !!!! Au secours ! Ah et la place qu’on avait devant nos jambes s’est transformée en siège pour quatre autres personnes (bébés et bagages en plus). Et sans vouloir vous faire peur, s’il y a un accident, tout le monde est mort vu la vitesse et la prudence du chauffeur. D’ailleurs, après 15 minutes de trajet, nous avons déjà perdu un retro… très rassurant… Mais voyons les choses du bon côté : Janine a largement assez de place, les paysages que nous traversons sont merveilleux et nous arrivons à Hué entiers ! Non, on ne veut pas réitérer l’expérience… D’ailleurs pour le retour à l’aéroport, nous prenons un taxi quatre fois plus cher que le mini-bus… Au moins nous savons comment les Vietnamiens se déplacent !

Hué. Ancienne capitale impériale, la ville comprend une citadelle en grande partie détruite par les bombardements américains mais qui garde un grand charme et quelques très beaux bâtiments. Nous la visitons calmement et imaginons la splendeur qui devait régner ici il y a à peine 60 ans. Soieries, mandarins, danseuses, empereurs et famille royale, théâtre, musique vietnamienne, décorations dorées et colorées ainsi que zenitude. Tout cela est malheureusement révolu mais le site est tout de même classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nous prenons un bateau et naviguons sur la paisible Rivière des Parfums, qui tient son nom des nombreuses plantes aromatiques qui la bordaient jadis. Le long des rives, les restes de l’époque impériale : tombeaux impériaux à l’architecture majestueuse, emplis de zenitude et de jardins sobres, pagode emblématique du Vietnam et encore en activité pour les nombreux bouddhistes de passage, temples discrets cachés dans la verdure… nous nous régalons les yeux et l’esprit de tant d’histoire et de culture mais surtout de l’esprit bouddhiste qui règne ici.

Nous faisons une fois de plus un saut de puce dans le ciel pour arriver dans la capitale vietnamienne : Hanoi ! Sept millions d’habitants, quatre millions de mobylettes, des voitures, des piétons, des trottoirs qui servent de parking et donc des routes qui servent à tout le reste, des restaurants de rue, des échoppes, de la soie, des tailleurs, des odeurs, des gens, des gens, des gens… Au milieu de tout ça, nous quatre. On déguste de délicieux mets sur de petits tabourets bleu en tentant de ne pas lâcher son morceau de poulet dans la sauce soja ni de lui faire faire un looping avec les baguettes, on cherche de la soie, nous passons chez une tailleuse faire quelques commandes, nous abdiquons devant le mausolée d’Hô Chi Minh lorsque nous découvrons la file d’attente longue de plusieurs centaines de mètres, nous visitons quelques temples, nous observons le trafic incessant mais fluide dans les rues, en définitive, nous nous imprégnons de l’ambiance de cette ville si particulière.

Pour terminer le voyage de Janine et Willy en grandes pompes, nous organisons une croisière dans la fabuleuse, l’incroyable, la magique Baie d’Along ! Depuis le temps que Janine nous bassinait avec cette Baie d’Along… hahaha ! Et bien on a bien fait d’y aller ! Rendez-vous compte… Naviguer dans une jonque privée en bois, avec un équipage aux petits oignons avec nous, un guide francophone super sympathique, et tout ça dans un cadre à couper le souffle ! Des milliers d’îles et îlots qui émergent de la mer, couverts de jungle et parfois de singes, quelques villages flottants par ci par là, le silence, le calme… C’est tout simplement reposant tant pour l’esprit que pour le corps. Au programme : navigation dans un décor de rêve, baignades, délicieux repas de fruits de mer et poissons, balades en kayak, visite d’un village flottant et jeux de cartes. Et ça pendant trois jours. Que demander de plus ? D’y rester plus longtemps…

En rentrant à Hanoi, un passage à la clinique s’impose… En effet, Valentin a 39,6°C de fièvre ! Verdict : grippe A H1N1. Pas rigolo du tout, mais heureusement une fois que la fièvre est descendue grâce à une perfusion d’eau et à des Dafalgans, il n’a rien à craindre. Repos donc, et un masque à porter pour ne pas transmettre le virus plus loin…

Dernier jour de vacances pour Janine et Willy. Ils bouclent leurs valisent et nous flânons encore un peu dans la ville. Dernière partie de chibre (ça va nous manquer), un petit express italien à côté de l’hôtel, puis c’est les adieux. Merci encore mille fois pour tous ces bons moments partagés !

Voilà, on se retrouve les deux. Nous restons cinq jours à tourner en rond dans Hanoi et notre chambre d’hôtel en attendant que Valentin soit totalement remis de sa grippe et surtout, en attendant la prochaine aventure : un trek de quatre jours dans les montagnes à 180 km de Hanoi. Accompagnés de The, notre guide de cœur, nous arpentons les collines à la découverte de deux (des 54) ethnies vietnamiennes. Les Thais et les Hmongs. Nous marchons de village en village et en route, nous voyons comment les habitants des montagnes vivent de la culture sur brulis, se déplacent (en mobylette !), transportent leur marchandises et matériel (dans des hottes pour les Hmongs et dans des hottes tenues par un tissu calé sur le front pour les Thais.) Nous rencontrons ces gens, à commencer par les enfants du chef d’un village Hmong chez qui nous dormons. Ils nous sautent au cou lorsque nous arrivons, nous prennent par la main et nous emmènent faire un tour du village ! Ils nous apprennent à compter en vietnamien, nous perfectionnons leur anglais lorsqu’ils nous apportent leurs cahiers d’école. Nous soupons entourés de trois Vietnamiens et buvons l’alcool de riz ensemble. Puis nous nous endormons sur un lit de planches, entourés de murs en planches, au son des aboiements de chiens puis des cris des coqs ! Bonne nuit… Le lendemain, nous avalons 25km dont une grande partie à la descente. Valentin, toi aussi tu as les jambes qui tremblent ?? Nous ne vous expliquons pas les courbatures deux jours plus tard… Mis à part ça, nous traversons des paysages de rizières verdoyantes splendides et mangeons des repas typiques très bons. Le troisième jour nous réserve l’apothéose du trek : quatre heures de marche à travers des rizières en terrasses, des cultures et des petits villages isolés. Magnifique ! Marcher à travers une rizière se révèle périlleux, mais cela nous montre bien le degré d’agilité des travailleurs aux champs. Par ailleurs, s’occuper de rizières est pénible du fait que les paysans ont les pieds dans l’eau toute la journée et sont courbés en deux pour repiquer (par exemple) chaque brindille de riz. Un travail de titan, fait entièrement manuellement et sans engrais chimique (les buffles sont un bon substitut). Nous nous arrêtons pour le dîner et dégustons du riz gluant, des brochettes de porc, du concombre et des œufs. Miam ! Le propriétaire de la maison nous propose de nous reposer et c’est très volontiers que nous grimpons dans la maison sur pilotis pour piquer un petit somme. Une fois de plus, l’accueil des Vietnamiens est incroyable et c’est ce que nous retiendrons de ce très beau trek, en plus des paysages fous. Nous remercions de tout cœur The, qui a été notre guide durant notre petite escapade dans la Baie d’Along et durant le trek dans les montagnes. Il n’a pas seulement été guide, mais également traducteur et compagnon de route. Nous avons eu beaucoup de plaisir avec lui !

Voilà, le blog est à jour et les prochaines aventures que nous vous relaterons se passeront au Népal, où nous sommes depuis quelques jours. Mais pour avoir de la matière à raconter, on va d’abord partir une vingtaine de jours dans la région des Annapurnas pour un trek ! Vive les montagnes ! Et à dans trois semaines !