Nous sommes arrivés dans un
écrin : El Chaltén et les montagnes qui l’entourent. Ce petit village né
en 1985 est la ville d’Argentine la plus récemment conçue. Du coup, malgré
qu’il n’y ait pas de réseau pour les téléphones portables (ça tombe bien, on
n’en a pas !) et que les connexions internet soient très, très lentes, il
y a un parc national dont les infrastructures sont impressionnantes. Cartes
détaillées, centre d’informations très compétent, toilettes sèches le long des
sentiers, balisages parfaits et… eau potable dans les lacs et rivières ! Oui,
oui, on peut boire l’eau des rivières sans traitement ! La nature nous
gâte… mais il faut respecter quelques règles simples : ne pas faire ses
besoins à moins de 100m d’un cours d’eau et jeter l’eau savonneuse de sa
vaisselle ou lessive à au moins 50m d’un cours d’eau. Espérons que cela perdure
malgré l’afflux important de touristes dans ce coin de paradis.
Et des touristes, on n’en a pas
vu beaucoup car on a tout fait à contre courant. Le premier jour, nous débutons
notre trek en début d’après-midi seulement. Nous arrivons donc à la Laguna
Torre alors que tout le monde vient d’en repartir. Les pics acérés et enneigés
qui se présentent à nous derrière le petit lac gris-vert pleins d’icebergs sont
une merveille. On se croirait vraiment dans un rêve. Ça brille, c’est haut,
c’est beau… et le must, c’est qu’on a vu ces sommets durant la majeure partie
de notre marche, face à nous. Hummm…. Trop bien ! De retour au village, on
se rappelle que nous sommes le 31 décembre et que ce soir, c’est le
réveillon ! Rien de mieux que de passer le cap à deux, dans notre hôtel de
luxe Wicked Camper après un repas gastronomique concocté sur notre réchaud à
gaz au clair de bougie !
Pour commencer l’année en beauté,
nous marchons jusqu’à un joli point de vue. Le Mont Fitz Roy et les montagnes
qui l’entourent sont simplement splendides. Etonnamment, tout est découvert.
Pas un nuage. En effet, El Chaltén, le nom du village, signifie la
« montagne qui fume » en langue tehuelche. Les indiens qui occupaient
cette région à l’origine appelaient ce mont imposant qu’est le Fitz Roy de ce
nom, car il ressemble très souvent à un volcan à cause des nuages qui s’y
accrochent constamment (voire même qui s’y créent d’après nos observations
personnelles). Et bien comme cadeau de bienvenue en 2013, le Fitz Roy s’est
présenté dans son plus simple apparat ! Complètement découvert ! Pas
un nuage pendant 3 jours ! On en a donc profité pleinement, au point de se
lever à 4h du matin un jour, afin d’assister au lever de soleil, avant de marcher
4h jusqu’à la Laguna de Los Tres. De là, où nous arrivons juste avant tous les
groupes de touristes, nous ne pouvons pas avoir une meilleure vue sur le Fitz
Roy. Il est devant nous, immense, énorme, tel un géant qui défie les quelques
alpinistes que nous voyons redescendre à travers le glacier jusqu’à nous. Comme
à notre habitude, nous pique-niquons sur un caillou avant de redescendre à El
Chaltén. Ce jour-là, nous sommes contents de nous coucher, après 9h de marche.
Mais avant, la « douche » dans la rivière glaciale (c’est le cas de
le dire, elle provient vraiment des glaciers environnants) est, comment
dire ? Rafraîchissante !
La petite frayeur…
Ce jour-là, nous roulons du matin
au soir vers le sud. Vers 19h, nous décidons de nous arrêter au bord de la
route pour souper et dormir. Cela tombe bien, voilà une place de repos juste au
bord de la RN40. Près d’une grande ferme, mais loin de tout, nous ne serons pas
trop dérangés par le trafic car la route sera bientôt fermée (la frontière avec
l’Argentine n’est pas loin). Nous mangeons bien puis nous couchons. Sur le
point de nous endormir, nous sentons soudain que notre camper se fait secouer
assez fort. Aucun doute, quelqu’un doit être entrain de secouer le
véhicule !! Mais comment est-ce possible ? Ici il n’y a
personne ! A travers les rideaux, on aperçoit les feux d’une voiture pas
loin… gloups… on tire les rideaux pour voir ce qu’il se passe et là, quelque
chose s’enfuit ! On ouvre mieux les yeux et on voit... une vache ! Non,
mais ! ça va pas de se gratter sur notre chambre à coucher au milieu de la
nuit ??
Les Pinguinos
Nous voilà à Punta Arenas, au sud
du Chili. Nous rendons avec émotion notre camper. Le responsable est étonné que
nous n’ayons pas eu de problème mécanique… nous en sommes ravis ! A part
une porte bloquée vite réparée, deux-trois boulons à resserrer et quelques
fuites d’eau à colmater (lorsqu’il pleuvait !), tout s’est très bien
passé ! Nous retrouvons donc nos sacs à dos, les auberges de jeunesse et
le bonheur des bus publics. Avant de partir pour Ushuaia, nous prenons un ferry
pour l’Isla Magdalena où nous attendent… 160'000 manchots de Magellan ! Et
oui, 160'000 ! (Nous vous le garantissons car nous les avons tous comptés
pour en être sûrs, haha !) Ici, les gens parlent de Pinguinos. Ils
ressemblent effectivement à des pingouins, mais sont tout petits. Ils mesurent
environ 75cm, sont noirs et blancs et vivent dans des terriers. Au moment où
nous les avons vus, ils étaient en couple avec leur petit (qui mue). Ils sont
vraiment attendrissants, mais surtout, tellement comiques ! Sur terre, ils
marchent d’une manière très maladroite, c’est vraiment rigolo ! C’est vrai
que pour descendre la colline jusqu’à l’eau du détroit de Magellan avec les
pantalons aux chevilles, nous ne ferions pas mieux ! Par contre une fois
qu’ils ont plongé, on croirait presque des dauphins tant ils sont agiles. Ils
glissent et sautent même à côté du bateau, vraiment sympa. Nous passons 1h sur
cette petite île très venteuse à les observer, puis nous devons repartir. Ce
lieu est très protégé et rester davantage pourrait perturber les animaux. Nous
rentrons donc à Punta Arenas la tête pleine de belles images et le sourire aux
lèvres.
Ushuaia
Et voilà, cette fois-ci, c’est
parti pour le bout du monde ! Après avoir roulé 7000km dans notre Wicked
Camper depuis Santiago de Chile jusqu’à Punta Arenas, nous voilà en route dans
un bus pour Ushuaia ! Au programme, 10h de route dont une bonne partie sur
de la piste, la traversée du détroit de Magellan sur un ferry avec escorte de
dauphins (!), un passage de douane beaucoup trop long, et les paysages un peu
fou de l’Ile de Terre de Feu… Soudain, nous y voilà ! Ushuaia ! Au
premier abord, la ville n’est pas très belle. Des containers sont entassés au
bord de la route, c’est plutôt industriel. N’oublions pas qu’avant d’être la
grande ville la plus australe du monde, Ushuaia est surtout un port bordant le
canal de Beagle. Au bout du canal à l’est : l’océan atlantique. Au bout du
canal à l’ouest : l’océan pacifique. Au sud, l’île de Navarino, puis
quelques îlots dont le fameux Cap Horn. Au nord : des montagnes, des plaines
venteuses, des guanacos, puis le détroit de Magellan qui sépare l’île du
continent américain. Nous marchons jusqu’à notre auberge pour nous endormir
dans un dortoir. Et oui, ici, les prix des chambres doubles sont bien plus
élevés que dans le reste de l’Argentine. Pour le même prix, on dort à 6… Et
comme tout est plus cher (transports, taxis, excursions, restaurants, etc),
notre séjour à Ushuaia se résumera à se reposer et profiter de la belle
mezzanine de notre auberge.
Mais non, vous nous connaissez, on n’y arrive pas…
alors on marche gratuitement jusqu’à un point de vue splendide qui domine la
ville et le canal de Beagle. Vraiment chouette ! Un autre jour, nous
prenons un bateau pour naviguer sur le fameux canal et voir de très près
(2-3m.) des lions de mer, des cormorans et des goélands. Le phare planté sur un
récif nous fait vraiment nous sentir au bout du monde… Cerise sur le gâteau,
Valentin gagne le tirage au sort en rentrant au port. Il reçoit un drapeau de
l’Argentine avec lequel il posera en Suisse avant d’envoyer le cliché à la
compagnie de navigation !
Un petit restaurant s’impose un
soir pour un anniversaire, avec au menu d’excellents fruits de mer et poissons
du coin (araignée de mer, coquillages, saumon, merluza negra, perches, langouste,…),
grillés à la plancha. Le dessert n’est pas moins succulent, vu que les
Argentins sont vraiment des chefs dans ce domaine aussi. On s’est régalé !
Le 12 janvier, nous quittons le
bout du monde en avion, par un vent à décorner des bœufs. On se demande bien si
l’avion pourra décoller tant le canal de Beagle est déchainé juste à côté de la
piste… gloups… mais tout se passe bien et la vue depuis le hublot est
démente ! La prochaine étape de transit avant l’Australie sera Buenos
Aires, avec sa chaleur, ses cafés sympa et son tango…
Pour la petite histoire, il
paraît que lorsque quelqu’un mange des calafates, petites baies des bois de la
région patagone, il reviendra dans sa vie en Patagonie… En ce qui nous
concerne, nous avons avalé plusieurs pots de confiture de calafates avec nos
tartines ! Tout ça pour dire que nous reviendrons, c’est CERTAIN !