Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

lundi 5 août 2013

On boucle la boucle

Bon ben voilà, la fin s’approche à grands pas et on profite de poster le dernier article, lors de notre ultime escale à London Heathrow. Nous avons passé 10 jours reposants et remplis de découvertes en Malaisie. Nous avons appris à plonger, à faire du snorkeling et avons visité les fonds sous-marins. Tortues, poissons clowns, poissons perroquets, raies, murènes, coraux, barracudas, angelfishs, triggerfishs, giant puffer fishs, et on en passe. Pourquoi les noms anglais ? Juste parce qu’on ne les connait pas en français. En effet, on a suivi le cours de plongée Open Water en anglais, donc autant vous dire qu’on a dû s’accrocher. Enfin, surtout Christelle, qui appréhendait plus qu’un peu de s’enfoncer sous les eaux avec tout un harnachement permettant de respirer. Un nouveau monde s’ouvre à nous. A 18 mètres de profondeur tout est complètement différent. On flotte entre deux eaux, les bruits portent sur des centaines de mètres, on doit faire attention à nos réserves d’air et tant la faune que la flore sous-marine sont vraiment d’une beauté à part. En plus de découvrir ce nouvel aspect de notre planète, nous avons profité de faire le point sur notre expérience qu’est notre année de voyage en sirotant un jus de fruit, un cocktail ou autour d’un plat de fruits de mer.


Près d’un an après notre départ en tour du monde, nous nous sommes posé les questions suivantes et avons répondu sans se concerter l’un l’autre :

A refaire ?
V : Oui, sans hésiter ! Peut-être avec d’autres modalités, d’autres pays (même si je retournerais avec plaisir dans tous les pays de notre voyage, mais il y en a tant qu’il reste à découvrir) et certainement en se fixant plus longtemps à un endroit pour avoir un aperçu plus complet de la vie du pays. Mais je suis très content de la façon dont nous avons voyagé et je ne regrette pas d’avoir vu autant de pays même si dans certains endroits j’aurais voulu passer plus de temps. Cela nous donne une bonne raison de revenir…
C : Oui ! On a appris tellement de choses, vu tellement de paysages fantastiques, découvert d’autres façons de vivre, de croire, de s’organiser. Maintenant que je vois tout ce qu’on a vécu en un an, je regretterais beaucoup de ne pas être partie. Et donc je repartirais volontiers pour visiter tous les pays qui restent sur notre « to do list ».

Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ce voyage ?
V : De le partager avec Christelle. Une année ensemble 24h sur 24 c’est vraiment génial. De pouvoir partager toutes ces émotions, ces découvertes et ces cultures ensemble nous a rendus encore plus proches. Certains me disaient, avant de partir : « Allez-vous supporter d’être sans arrêt ensemble ? » Déjà avant le voyage j’étais sûr que tout se passerait bien, mais je ne pensais pas qu’il apporterait autant à notre couple. On se comprend tellement bien des fois, il n’y a pas besoin de parler, on sait ce que pense l'autre. Cette année à deux était un pur bonheur ! Nous en revenons plus proches que jamais, plus amoureux et pleins de projets en tête.
C : D’être avec Valentin 24h/24h et tous les jours. Sans lui, le voyage n’aurait pas été ce voyage, je n’aurais certainement pas apprécié tous les bons moments de la même manière, car grâce à lui, j’ai pu partager mes émotions. Et puis on est amoureux, alors c’est le rêve d’être tout le temps ensemble, non ?

Quels événements ont provoqué les meilleures émotions chez toi ?
V : Je garde le meilleur moment pour plus tard. Mais il y en a eu tellement, en commençant par les au revoir du départ, les trips avec les Canadiens (dont Seb’ qui essaie de s’accrocher à un pont en faisant du rafting), notre rencontre avec l’ours, les premiers pas au Machu Picchu, les interminables couchers de soleil en Patagonie dont celui de Noël à Puerto Natales (un cadeau magique dans un endroit magique), les chutes de glace du  Perito Moreno, notre arrivée au pied des Torres del Paine, les soirées tango à Buenos Aires, le match Djokovic-Berdych à l’open d’Australie, les retrouvailles avec mes parents au Cambodge, le trek des Annapurnas en entier, la grande Muraille de Chine, notre chevauchée dans la vallée de l’Orkhon en Mongolie (un rêve qui se réalise), la rencontre avec un loup au lac Khubusgul (un deuxième rêve qui se réalise). Je m’arrête là car sinon on pourrait y passer la nuit…
C : Bien sûr il y en a eu pleins et certainement que je vais oublier d’en lister quelques uns. Il y a l’instant où un immense bloc de glace vacille, puis s’écrase juste devant nos yeux alors que nous allions quitter le Perito Moreno, en Argentine. Il y a aussi la montée d’adrénaline lorsque nous grimpons depuis 1h dans un pierrier pénible, entourés de nuages bas, et que soudain se dévoilent les Torres del Paine derrière un petit lac d’altitude magnifique (Chili). Les premières minutes sur une jonque dans la Baie d’Along au Vietnam, dans un décor incroyable, au milieu de tous ces pics karstiques entourés d’eau. La descente en rafting avec Lynne et Sebastien au Canada, et en particulier quand mon super cousin s’est installé à la barre et a fini les quatre fers en l’air à l’avant du bateau… on a bien ri ce coup-là ! En Argentine, lorsque le gaucho qui nous guide à cheval me jette un coup d’œil signifiant « On fait la course ? » et que mon cheval part au galop à fond ! La veille de Noël, nous avons couru au port à Puerto Natales, au Chili, pour voir le plus beau coucher de soleil du voyage. Quel beau cadeau de Noël ! A Pékin, déguster un canard laqué et avaler une bouchée de peau grillée trempée dans du sucre. En Mongolie, chevaucher avec mes parents au bord de la rivière Orkhon et voir des yaks entrain de s’abreuver dans la rivière. Et tous les moments incroyables qui ne me viennent pas en tête au moment où j’écris ce texte…

Si tu devais faire un repas avec les meilleurs ingrédients, quel serait-il ?
V : Du dhal bat à 10 heures et du dhal bat à 18 heures… Non sérieusement je crois que je vais plutôt vous proposer la journée culinaire parfaite du voyage :
Au petit déj’ : Un jus de fruits de la passion du marché de Sucre en Bolivie, des tartines au Dulche de leche et à la confiture de Calafate sur du pain argentin.
Au Dîner : Des rouleaux de printemps du Vietnam en entrée, suivis d’un bife de chorizo argentin accompagné de quinoa des hauts plateaux andins et de pousses de soja chinoises. Le tout avec un bon verre de Malbec. Et en dessert une mangue du Cambodge avec un café dans le petit café charmant au pied du volcan Villarica.
Au souper : Un mojito en apéritif avec des empanadas de Salta en amuse-bouche, suivis d’une entrée de fruits de mer des îles Perhentian en Malaisie. Un canard laqué de Beijing en plat principal. Du fromage de yak du Népal et une glace fruit de la passion d’Argentine et s’il reste un peu de place un gâteau aux pommes de la tenancière de la lodge de Bragha sur le trek des Annapurnas.
C :
Entrée : 2-3 empanadas de Salta en Argentine, au fromage, au poulet ou aux légumes
Plat principal : un canard laqué pékinois avec sauce aux prunes, petits légumes et crêpes fines, avec un jus de citron et menthe cambodgien.
2ème plat principal : des rouleaux de printemps vietnamiens avec fruits de mer et riz, et un jus de fruits de Sucre en Bolivie.
Plat principal de consistance : un steak argentin avec frites et légumes, et un bon verre de vin !
Dessert : un tiramisu de chez Bubu sur l’île Kecil en Malaisie, puis un Apple Pie népalais fait dans une lodge d’altitude.
Avec l’expresso du café tenu par une gentille dame près du volcan Villarica au Chili : une barre de chocolat Milka achetée au Chili également !
Quoi, ça fait un peu trop pour un repas ? Moi je ne trouve pas…

Quand as-tu eu le plus peur ?
V : Lorsqu’au milieu du désert d’Uyuni, notre chauffeur a mis les deux roues droites dans le sable et l’arrière a commencé à rattraper l’avant. On a frisé le tête-à-queue, le tout à environ 90km/h…
C : Il y a eu trois gros événements pour moi. Premièrement, l’ours croisé sur un chemin au Canada. J’ai bien cru que j’allais m’écrouler sur moi-même… Ensuite une suspicion d’anévrisme, thrombose ou autre truc très bizarre dans une de mes jambes alors qu’on est sur une île déserte, à 6h de l’hôpital le plus proche, au Cambodge. Et l’instant où je me lève au milieu de la nuit dans notre chambre d’hôtel à Hanoi et que je surprends un voleur à côté de notre lit ! Les battements de mon cœur s’accélèrent, rien que d’y penser…

LE meilleur moment ?
V : Au pied d’un stupa à Ghyaru avec Annapurna II et Gangapurna en face, le village de Ghyaru  et la vallée en contre bas, bref un panorama inoubliable où nous sommes seuls au monde. Un moment parfait, et une réponse… OUI ! Nous voici fiancés.
C : Un certain jour d’avril, au Népal, dans un hameau perdu à 3600m, à côté d’un stupa et face à un paysage grandiose de montagnes himalayennes, lorsque Valentin m’a demandée en mariage. Il a vraiment bien choisi son moment, car c’était bel et bien le meilleur du voyage ! Et bien sûr que je pourrais relater cet événement dans ceux qui m’ont provoqué les meilleures émotions, car je n’ai jamais été si heureuse et émue !

Quels enseignements tirer ?
V : Difficile de faire le tour… Ça viendra certainement avec le recul. Mais comme ça à chaud je dirais que ce voyage nous a ouvert les yeux sur d’autres façons de vivre, sur d’autres coutumes, d’autres croyances, d’autres réalités de notre monde. Nous avons pu apprendre l’espagnol et perfectionner notre anglais. Ce qui me vient le plus souvent à l’esprit est la chance qu’on a d’être nés en Suisse plutôt que dans des pays en voie de développement ou même dans d’autres pays d’Europe. Je me rappelle encore me sentir mal à l’aise de dire à deux Espagnols fraîchement diplômés de l’université que je retrouve mon travail après une année de voyage et qu’eux sont contraints de quitter leur pays pour trouver du travail car le taux de chômage des 25-30 ans est autour de 50%... D’autre part nous avons une qualité de vie incroyable avec de bonnes conditions sanitaires et une conscience écologique qui n’est pas assez mise en avant. Même dans d’autres pays développés comme le Canada l’écologie est moins prise en compte surtout en ce qui concerne la voiture et la consommation électroménagère. Et que dire des pays en voie de développement… Le sujet est complexe et je vais m’arrêter là car ce que je veux dire c’est que je suis reconnaissant de la chance que j’ai de vivre dans un pays comme la Suisse et j’essaierai de repenser à certaines expériences et certains témoignages avant de râler sur des sujets de petite importance.

C : Pour faire vite car il y en a tant… J’ai appris l’espagnol et bien amélioré mon anglais. J’ai appris à plonger et réussi mon premier papier dans ce domaine. Ça c’est pour les choses très concrètes. Ensuite, il y a l’ouverture d’esprit que j’ai acquise, le fait de voir les choses d’un autre point de vue, rester calme lors de situations tendues, chercher des solutions lors de problèmes, s’ouvrir à des façons de faire, de vivre et de croire qui sont différentes des nôtres. Apprendre aussi à connaître les Français, les Anglais, les Australiens, les Américains, les Hollandais, les Israéliens et bien d’autres voyageurs. Car en effet, les clichés que j’avais sur certaines nationalités se révèlent ne pas être valables la plupart du temps… Donc pour résumer : j’ai appris énormément de choses et souvent très positives, d’où le fait que je repartirais volontiers pour en apprendre encore davantage ! Ah j’oubliais… je crois qu’enfin, j’ai appris à rester calme lorsque j’ai faim…

Voilà, le dernier article de notre voyage d’un an arrive à sa fin… ça nous fait un peu bizarre de rentrer, mais qu’est-ce qu’on se réjouit de manger une bonne raclette ! On en profite encore pour remercier les gens qui nous ont suivis tout au long de l’année, que ce soit sur le blog, sur skype, par e-mail ou en pensées. Ça nous a fait beaucoup de bien, car nos proches et nos amis nous manquent.

Merci à ceux qui ont partagé un bout de voyage avec nous. Janine et Willy qui nous ont rejoints au Cambodge-Vietnam, Pascal et Marianne en Mongolie, Thomas et Emilie au Népal, en Chine et en Mongolie, Stéphane, Virginie, Eloïse et Victor pour avoir partagé trois supers journées dans le Salar d’Uyuni, Catherine qui nous a accueillis avec beaucoup de générosité et nous a fait découvrir le Victoria en Australie, Nicole, André, Lynne et Sébastien avec qui on a passé des moments inoubliables au Canada. Et aussi un grand merci à toutes ces personnes qui ont croisé notre chemin et qui ont rendu notre voyage unique : le marchand de thé à Kathmandou, l’Argentin d’Esquel qui nous a dit de bien saluer Roger Federer, les propriétaires d’une lodge au Népal qui nous ont parlé avec sincérité de leur pays et on s’arrête là car la liste serait trop longue.

Nous concluons ce blog par quelques situations cocasses qui nous font encore sourire même 11 mois après pour certaines…

-    - Lors de notre deuxième vol en regardant par le hublot, Christelle dit : Tu as vu le bout des ailes sont recourbés, ils vont les déplier avant le décollage… Hahah, sacrée Christelle !

- Rando dans les rizières en Chine et passage par une petite forêt. Valentin regarde tellement où il met les pieds qu’un tronc d’arbre traverse par hasard le chemin et lui percute violemment la tête… à tomber à la renverse !

- « Qui veut essayer un truc vraiment stupide ? », dit le guide de rafting. « Moi ! », répond Seb. « Tu croches ta pagaie sous le pont qui passe au-dessus de l’eau et tu t’y suspends. Lorsque le 2e bateau de raft passe sous toi, tu redescends, ok ? ». « Ok ! ». Seb a tenu 3 secondes au bout de sa pagaie avant de se retrouver au milieu d’une rivière gelée !

- Dans une yourte en Mongolie, Valentin casse les œufs pour une omelette dans un récipient. Enfin le dernier œuf est cassé et voilà que par maladresse (sacré Valentin !), tout se renverse sur la belle moquette mongole… heureusement qu’il nous a ramené une truite, sinon, pas de souper !

- Dans la Baie d’Along, nous nous baignons. Janine nous rejoignant en sampan (petite barque) assise sur le bord, et voulant descendre sur la plage, elle reste malencontreusement crochée au bord. Résultat : à plat ventre dans 1m d’eau à nous faire une brasse coulée digne de Michael Phelps.

- Le lendemain d’un après-midi entier de lessive à l’eau gelée, nous repartons pour une journée de trek sur le circuit des Annapurna. Le but de la journée est de monter à un lac à 4600m d’altitude pour s’acclimater. Une fois arrivé au lac après 3 heures de grimpette, je vois encore l’image de Christelle les quatre fers en l’air au-dessus d’une flaque de boue avec ses habits encore propres (pour une fraction de seconde)… Autant vous dire que l’après-midi a été consacré à une nouvelle lessive. Et même le sac à dos y est passé.

Voilà cette fois la boucle est bouclée. Mais il reste tant de choses à découvrir…



samedi 3 août 2013

Au pays des nomades

TCHOU !! S’il y a un mot qui nous vient en tête directement lorsqu’on pense à la Mongolie, c’est celui-ci ! A cheval, derrière les yaks ou en courant après les chèvres, c’est ce qui se crie pour faire avancer les bêtes en Mongolie. Eh oui, nous sommes chez les nomades, les vrais. Yourte, lait de jument fermenté, mouton et un immense sens de l’hospitalité, voilà ce qui caractérise les Mongols et leur mode de vie encore si traditionnel.
Pour arriver dans ce pays entouré par la Chine et la Russie, mais complètement démocratique malgré cela, nous prenons le train, et pas n’importe lequel… le Transmongolien ! Départ de Pékin et arrivée à Oulan Bator, 30h plus tard. Non, contre toute attente, ce n’est pas si long. Les paysages sont si beaux, les steppes si immenses, le désert si jaune et le passage de la frontière sino-mongole si… pénible. Il nous faut 6h pour franchir quelques centaines de mètres… ce qu’on ne sait pas, c’est que les toilettes restent fermées pendant ce temps et qu’on se fait réveiller plusieurs fois en sursaut pour montrer nos passeports au milieu de la nuit. Et ça ne rigole pas… des militaires en tenue de combat entourent le train, les contrôleurs crient plus qu’ils ne parlent et on reste coincé dans nos cabines durant tout ce temps… à 2h du matin, c’est enfin bon, nous sommes en Mongolie ! Ouf…

Nous vivons trois bonnes semaines dans ce magnifique pays pour découvrir le rythme de vie des nomades, leurs traditions et des paysages splendides. Pour commencer, nous allons habiter quatre jours dans une famille nomade avec notre jeune guide qui fait son premier voyage. Nous vivons vraiment au rythme des nomades. En effet, nous gardons les chèvres, faisons du Orhum (sorte de double crème), du Arouilsch (yoghurt séché), mangeons des nouilles aux tripes de mouton (hum…), buvons du lait de jument fermenté (re-hum…), jouons aux jeux traditionnels avec les enfants des voisins et dormons sous la yourte. Cerise sur le gâteau, nous chevauchons deux heures par jour dans un décor superbe. On rigole bien lorsque le cheval de Christelle, en plein galop oblique à droite pour grimper sur une colline. Bref nous passons quatre jours magnifiques dans cette famille si accueillante et chaleureuse.

Et puis les parents de Christelle nous rejoignent ! Quelle joie de les revoir après près d’une année loin d’eux ! C’est donc parti pour une très belle aventure avec eux ! Une guide, un chauffeur, une jeep, des tentes, un réchaud, quelques provisions, nos sacs à dos, et nous voilà parti pour un itinéraire qui nous emmène du désert de Gobi au lac Khubusgul, en passant par la Vallée de l’Orkhon et la capitale historique de Karakorum. L’aventure est extraordinaire ! A commencer par la route. On veut dire… la « route » ! Nous roulons pendant des centaines de kilomètres sur des pistes cahoteuses, à travers collines, steppes, petites rivières, sable, prairie et tout de même un peu d’asphalte, mais vraiment très peu… Donc on s’accroche, car ça secoue ! En effet, notre chauffeur est un as de la piste, mais il roule un peu vite (il a appris à conduire à M. Schumacher, nous dit-il)… Attention bosse ! Mettez vos mains au plafond, sinon c’est la tête qui va taper ! Pas de ceinture, mais une bonne poignée à laquelle il faut vraiment bien se tenir, et le tour est joué. Attention trou ! Aïe, on a bien failli casser la voiture… Ahhhh… cette fois-ci, on est carrément sorti de la piste… heureusement, en plein désert il n’y a rien sur les côtés que des mirages et quelques écureuils terrestres qui filent dans leur trou. Et des chameaux ! Nous devenons même experts en rigolade le jour où l’on passe 1h entre deux bosses. Et oui un chameau ce n’est pas vraiment appétissant surtout lorsqu’on a la tête de celui qui nous suit à côté. Entre un chameau qui frise la fièvre aphteuse et un autre la tuberculose Marianne se fait arroser de bave et de moque avec quelques brins de sang. Beurk ! Mais après coup on en rigole bien. Le désert… c’est aussi les merveilleuses dunes de sables sur lesquelles on se promène, des falaises rouges, un gisement d’os de dinosaures, un monastère perdu au milieu d’une oasis, de grosses chaleurs, parfois même un orage pluvieux et peu de possibilités de prendre une douche. On se sent revivre donc lorsqu’on peut se laver correctement après quatre jours du strict minimum à la lingette humide. On retient encore les quelques nuits passées sous nos tentes, au beau milieu de nulle part, en camping sauvage. Le rêve.

Fin du désert, nous voilà dans des contrées plus vertes et fertiles. La Vallée de l’Orkhon est magnifique ! Sa rivière qui serpente au milieu des prairies, une très vieille coulée de lave accidentée et le fait de vivre deux jours chez les nomades nous émerveillent totalement. Le Best of : une balade sur de jeunes chevaux vifs et très réactifs dans ces paysages de rêve. On a même droit à notre petite montée d’adrénaline lorsque la casquette de Valentin s’envole et effraie le cheval de Marianne. Heureusement, plus de peur que de mal… Autre moment de grosses sensations : Pascal qui pêche deux énormes truites en l’espace d’une demi-heure juste devant le campement ! Il les cuisine délicieusement bien et c’est bienvenu après l’overdose de mouton qu’on vient de faire ces derniers jours… Pour Valentin, c’est l’occasion d’apprendre à pêcher. Avec plus ou moins de succès. Le métier entre avec 2-3 cuillères coincées au fond de la rivière ou du lac. D’ailleurs on rit bien lorsqu’il est obligé de rentrer dans l’eau dans le plus simple appareil pour en décrocher une par 1.4 mètre de fond et qu’au moment de se rhabiller, une partie de ses vêtements s’envole dans l’eau… Mais il nous ramène également le souper un peu plus tard durant le voyage.

Allez, une petite aventure pour la route ! Nous roulons beaucoup aujourd’hui, on visite Karakorum, ancienne capitale de l’immense empire mongole d’antan et on roule encore et encore, jusqu’à atteindre le très beau petit lac Ugii dans une zone marécageuse. On choisit un bel endroit au bord du lac pour camper. Grave erreur, en quelques minutes nous voici envahis de milliers de petites mouches. Du coup c’est la panique, nous en sommes couverts de la tête aux pieds et rechargeons les affaires sur le toit de la voiture en toute hâte. Deuxième grave erreur. Car en reprenant la route, une tente mal arrimée se fait la malle et demeure encore quelque part au milieu des petits buissons en bord de piste. Grrrr ! En plus la nuit tombe et l’orage menace. Avec une certaine désorganisation nous montons le campement et soupons. Notre guide et notre chauffeur se voient obliger de dormir dans la voiture car il ne nous reste plus que deux tentes. Le matin nous nous réveillons sous la flotte et faisons preuve cette fois de plus d’efficacité et d’ingéniosité pour construire un abri avec deux bâtons de marche, une bâche et une canne à pêche. On peut prendre le petit déj’ au sec avant de partir à la recherche de cette tente. Une belle balade sur les rives du lac qui ne s’avère pas fructueuse. La tente est vraiment perdue pour la fin du voyage...

La traversée de la Mongolie du sud au nord tire à sa fin et nous arrivons au bord de l’immense Lac Khubusgul. Plus de 130km de long, 36km de large et 240m de profondeur. C’est vrai que de l’eau dans une faille tectonique, c’est plutôt impressionnant… ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il est si près du Lac Baïkal, son grand frère, juste de l’autre côté de la frontière mongolo-russe. Ici nous sommes à nouveau accueillis comme des rois par une famille mongole. Comme d’habitude, on nous invite pour boire et manger quelque chose. Cette fois-ci, c’est un délicieux yoghurt que la maîtresse de maison a préparé. Un régal ! Attention à ne pas oublier de lécher le bol entièrement lorsqu’on a terminé, c’est une tradition obligatoire, qui nous plaît beaucoup. Nous resterions bien plus longtemps au bord de ce lac merveilleux. Couleurs dingues, forêts denses et peuplées d’ours et de loups, balade à cheval, baignades, concours de ricochets et partie de pêche. C’est vraiment génial et reposant ! Malheureusement, le voyage est bientôt terminé et nous reprenons la route pour la capitale, Oulan Bator, après quinze jours de rêve dans la nature, avec un peuple nomade encore très attaché à ses traditions et si accueillant. Merci beaucoup à notre guide Baguie et à Gana, le chauffeur, grâce à qui nous avons vécu deux semaines fantastiques. Et merci à Pascal et Marianne de nous avoir rejoints, on a vraiment adoré passer tout ce temps avec vous !

Retour à la réalité : embouteillages, pollution, klaxons, béton et boutiques de luxes… nous profitons tout de même de visiter l’incroyable marché noir, si grand et où l’on trouve tout ce que l’on veut, du vélo au frigo, en passant par la yourte en pièces détachées, la nourriture, les cannes à pêches, la soie et… les linges de plage. Ça tombe bien, on part pour notre dernière étape : l’île Kecil en Malaisie ! On boucle les sacs, en prenant garde de mettre les maillots de bain tout dessus…