Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

dimanche 30 décembre 2012

Trek dans le parc national Torres del Paine


Wouahh ! Sur ce coup-là, on s’en est vraiment mis plein la vue (et plein les pattes) ! Ce parc national est grandiose et on espère bien vous faire envie d’y venir un jour.

Pour commencer, nous prenons le bus depuis Puerto Natales jusqu’à l’entrée du parc, près de la Laguna Amarga. Là, on reçoit une carte du parc (que l’on a déjà perdue une heure plus tard…). Heureusement, les sentiers sont très bien balisés, ce qui nous permet de faire notre trek en entier sans cette fameuse carte. Dans le parc, les règles à suivre sont respectées à la lettre grâce à une prévention accrue et la présence de personnel formé sur les sentiers. Il faut quand même préciser qu’un énorme incendie a été déclenché il y a quelques années par un randonneur qui a utilisé son réchaud à gaz par grand vent ! Résultat : 10% du parc est carbonisé… Et oui, ici les conditions climatiques et le vent sont vraiment extrêmes et il faut faire attention à ce genre de choses (pour la petite histoire, nous n’avons pas eu de vent durant 4 jours…). C’est d’ailleurs pour cela que le prix d’entrée est si élevé. Avant de recevoir notre pass pour le parc, les rangers nous expliquent ce qui est permis et ce qui est interdit alors que nous sommes encore dans le bus. Nous signons ensuite le règlement tout en indiquant notre parcours (raisons de sécurité), puis nous passons 10 minutes devant un film qui nous réexplique tout ça. Les règles sont simples et logiques : emporter tous les déchets que nous entrons dans la réserve, ne pas faire de feu (ni brûler son papier de toilette), ne pas fumer sur les sentiers mais aux refuges, ne pas faire de bruit inutile, ne pas camper en-dehors des campings, ne pas sortir des sentiers. Et ça marche ! Le parc est très bien préservé ! Vu le nombre de touristes, on a trouvé ça plutôt impressionnant.

Nous avons donc notre pass et reprenons le bus pour le port de Pudeto où un catamaran nous amène en 30 minutes au Mountain Lodge Paine Grande. Cela fait à peine deux heures que nous sommes dans le parc et nous avons déjà pu voir de loin les montagnes aux pics aiguisés, aux falaises abruptes, aux couleurs folles qui jalonneront notre trek durant quatre jours… Sans compter tous les guanacos au bord du chemin, les condors en vol, les petits oiseaux et la flore incroyable ! Après avoir déposé nos sacs dans le dortoir de cet hôtel-refuge-camping, nous marchons durant trois heures jusqu’au point de vue du Glacier Grey. On aimerait marcher la tête en l’air tant les pics enneigés à nos côtés sont beaux ! En chemin, les icebergs qui flottent nous donnent une idée de ce qui nous attend au bout du lac… Et nous ne sommes pas déçus ! Coup d’oeil splendide sur le glacier, accompagné d’une bonne plaque de chocolat ! Durant le retour, nous apercevons un superbe condor qui tournoie au-dessus de nous, jusqu’à se poser vers son nid, au milieu d’une falaise. Wouhaa ! Nous arrivons juste à temps pour le délicieux et copieux souper. Nuit dans le dortoir le plus propre du monde, après une bonne douche chaude.

Le deuxième jour, nous partons dans la bruine en espérant que les nuages disparaissent… mais ça ne sera pas pour aujourd’hui. Nous écourtons donc la marche (à la base, 10h-12h) car le point de vue auquel nous sommes censés monter est dans le brouillard. Nous profitons néanmoins bien de la vue sur le Glacier Francés et de ses impressionnantes chutes de séracs se transformant en avalanches ! Le soir, nous sommes bien contents d’arriver au refuge Los Cuernos, après environ 8h de marche. L’équipe de cuisine nous fait une petite chorégraphie pour nous ramener à la réalité… « Gangnam style ! »

Troisième jour : rien d’extraordinaire au programme, ou pas ! Nous allons marcher durant 7h pour nous rendre au refuge Chilenos. Mais, surprise ! Nous y arrivons bien plus tôt que prévu. Comme nous sommes à seulement 2h de marche du point de vue d’où l’on peut admirer les fameuses Torres del Paine, nous décidons de tenter notre chance aujourd’hui en plus de demain matin. En effet, il est très rare qu’elles soient visibles entièrement, à cause des nuages très bas et très fréquents dans cette région (même si le premier jour on les a vues sans nuage depuis l’entrée du parc). Mais aujourd’hui, les nuages ont tendance à se dissiper… Nous grimpons à bonne allure jusqu’au point de vue à travers un pierrier crevant, nous passons les derniers rochers et là, c’est l’émerveillement total ! Les tours sont là, juste devant nous, au-dessus d’un petit lac vert et d’un glacier et en plus, les nuages ne jouent pas les troubles fête ! Il n’y a pas beaucoup de soleil, mais les couleurs sont magnifiques. Comme la journée tire à sa fin, il y a peu de monde et c’est calme. C’est beau. Nous voulions les voir, nous y sommes. Nous nous enivrons de ce spectacle pendant un long moment, puis lorsque les nuages sont revenus, nous descendons en courant jusqu’au refuge. Nous soupons à côté de deux Anglais bien sympathiques puis allons dormir dans notre chambre de luxe : une tente igloo montée sur une plateforme en bois ! Autant dire que cette journée va rester gravée dans nos mémoires !

Le dernier jour du trek, nous étions donc censés monter jusqu’au point de vue des Torres del Paine. Au réveil, quel n’est pas notre soulagement d’y être allés le jour précédant, lorsque nous constatons que les tours sont dans un épais brouillard ! Nous nous félicitons de notre changement de programme et redescendons en plaine, où le soleil est bien présent. Comme chaque jour, nous croisons pleins d’oiseaux particuliers, de fleurs inexistantes en Suisse, de petits lacs calmes. Au bout du chemin, le bus nous attend pour rentrer à Puerto Natales. Nous sommes la veille de Noël et nous nous cuisinons un délicieux saumon avec riz et salade, à défaut de dinde et de biscuits. En dessert, nous piquons un sprint jusqu’au bord de l’eau après que le ciel nous y ait invité. Le coucher de soleil est de toute beauté ! Voilà qui clôt à merveille ces quatre jours de marche dans un site naturel époustouflant et extrêmement beau : Le Parque Nacional Torres del Paine !
Alors, vous venez quand ? En images, cliquez ici !

jeudi 20 décembre 2012

La Patagonie en Wicked Campers


Pour nous rendre jusqu’au sud du Chili et de l’Argentine, nous avons décidé d’utiliser un moyen de transport bien différent des transports publics. Eh oui, nous avons loué une camionnette (Fiat Fiorino) équipée d’un lit et d’une cuisine.

Nous avons commencé ce trip de 42 jours à Santiago, capitale du Chili. Au milieu de la ville immense, nous voilà au volant de notre Wicked Campers, complètement perdus car nous n’avons pas encore eu l’occasion d’acheter une carte routière ! Objectif : trouver une station essence, car c’est là qu’on peut en acheter ! La tâche est plutôt simple, sauf que voilà, les trois premières stations essence que nous visitons n’ont plus la carte comprenant Santiago… grrr… avec toutes ces rues à sens uniques, ces autoroutes qui n’indiquent pas le centre sur les panneaux de sortie, les triples voies où on se trouve sur la mauvaise au mauvais moment, on a pas mal galéré, on vous le garantit ! Et tout ça par une chaleur étouffante (on comprendra plus tard que le chauffage est toujours en marche et impossible à régler correctement…), et sans savoir où l’on pourra dormir. On ne s’est presque pas énervé… Finalement, ouf, on trouve une carte du centre du Chili et on arrive à sortir de cette ville détestable en voiture. Enfin ! Et on se dirige directement vers les montagnes, dans le Cajon del Maipo, à environ 60km de Santiago. Là, on trouve une aire de pique-nique au bord de la rivière où l’on peut passer la nuit pour 10 frs. C’est parfait, il y a même la douche en plein air (heureusement qu’on est seul et qu’il fait nuit…) ! Et on a de plus la super chance de faire notre premier repas dans la nuit, vu qu’on a pris plus de temps que prévu pour arriver ici… mais tout est fonctionnel et très bien pensé dans notre petite camionnette.

Dans le coffre, il y a six boîtes avec couvercle dans lesquelles on range tout. Lorsque les couvercles sont posés, on dépose trois matelas et le lit est fait. Lorsque l’on mange, un des couvercles de la boîte du milieu est enchâssé sur un tube qu’on fixe au sol et voilà notre table. Pendant ce temps, on met les matelas sur les sièges à l’avant du véhicule pour avoir plus de place et le tour est joué ! On a un réchaud très bien, sauf qu’il utilise environ une bombonne de gaz par jour… mais il est puissant et très simple d’utilisation ! Une seule « plaque », mais ça suffit, on est des as du réchaud à gaz. Avec le véhicule sont livrés casseroles, assiettes, gobelets, bols, services, réchaud, couvertures, coussins, taies d’oreiller, une petite table, deux tabourets, matelas, coolbox, guide des campings, convertisseur 12V/220V pour recharger appareil photo et ordinateur, cable jack. Pour passer du confort au luxe, on a acheté deux-trois trucs en plus : un presse-citron pour nous concocter nos vitamines chaque jour (n’empêche que ça marche, on n’est jamais malades !), un éplucheur pour les carottes, une bassine pour la vaisselle et la lessive, des pincettes supplémentaires (on en avait que 8…). Voilà pour l’équipement. En images cliquez ici!

Nos premiers pas avec notre wicked campers se passent à merveille. Pour commencer, on décide d’aller voir un lac de barrage à Embalse el Yeso. Quelle idée… 25km de piste cahoteuse et où en cas de pluie ou d’éboulement, on reste coincé. Et pas n’importe où… au milieu des montagnes, près d’un volcan et sans moyen de téléphoner. On demande à un pêcheur s’il pense qu’il pleuvra d’ici 24h, et ce n’est pas le cas. On décide donc de rester au bord de ce magnifique lac et d’y passer la nuit, la première « à la sauvage ». Comme on est plein de poussière, hop, au lac ! Ah nouveau, quelle idée… l’eau est GELEE !!! Mais par contre c’est bien pratique, tout comme pour la lessive et la vaisselle… le coucher de soleil est chouette et on se retrouve seuls au monde, au bout de ce lac accessible par une unique petite route dans une falaise. Demain, on ira marcher un peu dans la vallée, ça a l’air superbe. Sauf que le lendemain, on se réveille au milieu d’un  brouillard épais ! Vite ! On saute au volant et on retourne en plaine vite fait bien fait, de peur de rester coincés là-haut. Tant pis pour la marche…

Ce n’est que pour mieux se rattraper. On passe de l’autre côté de la montagne et on dort à Baño Morales. De là, on remonte à pied la vallée du Monumento Natural El Morado. On marche jusqu’au glacier et on se sent vivre au milieu des montagnes. Les roches sont colorées, la rivière se faufile jusqu’à de petites lagunes, les oiseaux chantent, des chevaux sont tranquillement au bord du chemin et la flore est incroyable. Comme à chaque fois que l’on fait des randonnées, nous discutons intensément de la famille, des amis, du travail, de voyages,… bref, de tout ce qui nous tient à cœur. Et on utilise nos pauvres petites jambes qui ont presque oublié à quoi elles servent…

De la région de Santiago, nous filons au sud. Nous nous arrêtons quelques jours du côté des lacs et des volcans. C’est splendide ! Les routes serpentent entre plusieurs lacs d’origine volcanique et à côté de différents volcans intimidants. Certains sont encore actifs, et il est déjà arrivé quelques fois dans l’histoire que lorsque l’un d’entre eux entre en éruption, toute la chaîne de volcans actifs crache de la lave ! Gare à vous si vous êtes dans le coin… C’est dans cette belle région, qui ressemble à notre jura suisse si on excepte les volcans à tous les coins de rue, que l’on a la chance de manger une bonne fondue au fromage chilien ! Nous dormons en effet dans un camping avec restaurant tenu par des Suisses très sympathiques et qui parlent tous cinq langues : suisse-allemand, français, anglais, italien et espagnol ! Franchement impressionnant, surtout quand ils switchent entre chaque client sans se tromper. Nous partons aussi à la découverte du cratère Navidad fumant depuis là. Il se trouve juste à côté du volcan Lonquimay, sur lequel une station de ski s’est créée. Par chance pour nous, nous sommes hors saison et nous  ne croisons pas âme qui vive durant toute la journée ! A côté du blanc de la neige, le noir des cendres dû à l’éruption de 1988. On va donc explorer tout ça à pied et c’est assez marrant de dévaler les pentes de cendres à pleine vitesse car c’est comme si on courait dans de la poudreuse. Par contre à la montée, ça nous fait un petit entraînement de résistance… deux pas en avant, trois en arrière ! Arrivés en-haut du cratère, on se rend compte qu’on n’est pas sur le bon ! grrr… on redescend et on recommence ! Sur celui qui fume légèrement cette fois-ci. Pas très rassurant… par contre la coulée de lave qui en est sortie il y a 25 ans est impressionnante ! Elle engloutit toute la vallée !
Après une soirée au bord du lac Colico, où nous avons droit à un souper sur la plage lors du coucher de soleil qui est magique, nous reprenons la route, ou plutôt la piste… mauvaise idée, le dessous du véhicule touche trop souvent les cailloux et nous devons passer chez un garagiste pour s’assurer que tout ce qui branle là-dessous est normal… Non, ce n’est pas normal nous dit-il ! Pouvez-vous nous fixer cela svp ? Oui, pas de problème nous répond-il. Nous attendons donc 15 minutes puis notre véhicule est prêt à repartir. Combien vous doit-on ? 1000 pesos svp. On se regarde, on n’y croit pas… 1000 pesos ? C’est bien ce que tu as compris, ptit bout ? Oui, oui, c’est bien cela. Cela correspond à 2 frs suisses… Nous qui nous attendions à une douloureuse, c’est plutôt agréable ! Par contre, nous prenons la décision d’éviter un maximum la piste, ce qui nous contraindra souvent à de grands détours. En effet, tant le Chili que l’Argentine ont peu de routes goudronnées dans cette région, et plus on va au sud, moins il y en a…

De passage vers le volcan Villarica, un des plus actifs et impressionnant, nous ne le voyons pas. Trop de nuages… tant pis, on continue ! Et jusqu’à Bariloche, en Argentine. Ou plutôt le Verbier argentin ! Ville de montagne au bord d’un lac, très touristique, nous ne faisons que prendre quelques informations et y passer la nuit. Objectif : randonnée ! Nous partons donc au refuge Frey pour une marche facile mais crevante de 4h de… montée ! ça ne fait que de côter, mais ça en vaut grandement la peine ! L’arrivée à la cabane est géniale ! On se retrouve à côté d’un lac d’altitude, entouré de pics rocheux de toutes parts ! C’est d’ailleurs le paradis des grimpeurs. Le lendemain, nous redescendons par le même chemin, en 2h seulement.

Puis nous reprenons le chemin du sud, après nous être rendus compte que la mythique RN40 n’est pas une bonne idée pour notre chère camionnette un peu trop branlante. Nous changeons nos plans et décidons d’emprunter la RN3, qui longe l’océan atlantique jusqu’à Rio Gallegos. Nous ne sommes pas déçus car nous voyons de très belles choses. Entre autre, le Bosque Petrificado près de Sarmiento. Dans ce site fabuleux nous pouvons voir des troncs d’arbres fossilisés, couchés sur le sol, au milieu de la steppe. C’est qu’il y a 65 millions d’années, ce n’était pas la steppe, mais un endroit humide où un courant venant de l’ouest aurait déposé des arbres. Ils se sont ensuite imprégné de silice et se sont solidifiés au point qu’actuellement, nous pouvons voir des troncs de pierre. C’est fou ce que la nature nous laisse comme témoignage du passé. En théorie, ces troncs auraient dû se décomposer, comme tous les autres… Nous n’avons que peu de photos de ce site, car le vent était si fort, que nous avions carrément de la peine à avancer. Il y a même eu des moments où nous étions déstabilisés au point de ne pas réussir à gravir une petite butte ! Vraiment hallucinant!

Autre endroit très beau : la loberia (lobo = lions de mer) près de Rada Tilly, au bord de l’océan (c’est clair qu’on ne va pas trouver des lions de mer dans la forêt…). Depuis une falaise, jumelles à l’appui, nous avons la chance d’observer des centaines de lions de mer affalés sur la plage. On se croirait dans un documentaire, en mieux. Ce qui surprend, c’est qu’on les entend très clairement ! Très peu nagent, très peu bougent. Ils sont juste là, tels des flemmards énormes, à bronzer. Sur toute la colonie, seuls une vingtaines de mâles sont présents. Ceux-ci changent chaque année de colonie tandis que les femelles restent sur place. Quand on sait qu’il y a plusieurs centaines de femelles dans une colonie, on se dit que les mâles doivent bien s’amuser… Bref ! On reprend la route vers le sud et on s’arrête à Puerto San Julian, petit port charmant avec un camping quasi sur la plage. On soupe au bord de l’eau, coucher de soleil à l’appui. Puis nous allons rigoler un peu sur les bim-bam extrêmes de l’Argentine ! Les gosses doivent vraiment se marrer (ou piquer du nez violemment) en jouant sur ces engins. Ils sont si inclinés que, mêmes nous, risquons de nous casser les dents… On a aussi essayé le fitness plein-air, mais on n’a pas trop compris quels muscles sont exploités lorsqu’on utilise les machines et c’est peu dire vu nos professions…

Les prochains jours sont consacrés presque exclusivement à rouler vers le sud. On a bien tenté de s’arrêter dans une réserve naturelle, mais la pluie a rendu la route d’accès impraticable et nous avons donc dû nous rendre à l’évidence : pas de lions de mer, pingouins et oiseaux marins pour tout de suite. Espérons qu’on pourra en voir plus tard… en attendant, on profite des couchers de soleil au bord de l’océan et d’avancer vers Rio Gallegos. Ces couchers de soleil qui durent de 20h à 22h30, sont de véritables merveilles. Un soleil rasant qui semble ne jamais se coucher et qui embrasse les nuages, qui eux-mêmes se reflètent dans l’océan et le sable humide de la marée basse… Quel pied ! Sans vous parler du ciel qui change toutes les cinq minutes pour utiliser toutes la palette des couleurs. C’est fantastique ! Et avec ça, lorsqu’on soupe, on ne peut pas manger tranquillement car il faut toujours aller faire des nouvelles photos ! haha !

Lorsqu’on est sur la route, on croise guanacos, nandous, moutons, gauchos et beaucoup de camions… La steppe est plate à perte de vue, les nuages sont bas et on en voit à l’infini, la route est souvent toute droite sur des dizaines de kilomètres avant une légère courbe. On se rend compte que l’Argentine est un pays bien plus grand que ce que l’on s’était imaginé…

Notre rythme de vie est un peu spécial ces temps. Réveil à 9h, départ à 11h. Que fait-on entre temps ? Nous nous habillons, changeons le lit en table, étalons sacs de couchage et matelas pour les faire sécher de l’humidité (quand il pleut c’est super cool…), cuisons de l’eau pour le thé, préparons le jus d’orange et le petit déj’, déjeunons, faisons la vaisselle, retransformons le camper en mode « route », puis enfin, sommes prêts à partir. Et oui, tout ça nous prend 2h… Sur la route, le copilote répond aux mails. Ces derniers quittent la boîte d’envoi à la prochaine station essence. En effet, les stations-service en Argentine et au Chili sont très bien équipées ! Wifi, WC propres, douches, petit restaurant, shop et pompistes sympas. Ça fait toujours plaisir de faire une pause ! Lorsqu’on arrive à destination, nous cherchons un camping ou un endroit où l’on peut dormir « à la sauvage », transformons la camionnette en mode « cuisine », allons nous laver, faisons sécher les linges (quand il pleut, c’est super cool…), cuisinons, mangeons, faisons la vaisselle, transformons le camper en mode « dodo », puis enfin, on est prêt à se coucher. De nouveau, 2-3h viennent de s’écouler. Et là on se dit chaque soir qu’il faudrait se coucher plus tôt, pour se lever plus tôt et mieux profiter de la journée… l’avantage de ce voyage, et de notre mode de déplacement, c’est qu’il n’y a aucune raison de se discipliner, alors comme chaque matin, et encore plus quand il pleut, le réveil sonne pour rien…
Arrivés à Rio Gallegos, nous avons réglé deux-trois trucs administratifs et puis passé la frontière vers le Chili. Là, les douaniers étaient très sympas, mais ils nous ont quand même confisqué les deux citrons et les deux pommes que nous avions dans le coffre… c’est qu’entre le Chili et l’Argentine, aucun fruit ne passe la frontière ! C’est très dangereux… attention…

La route que nous avons choisie de suivre est celle qui longe le détroit de Magellan sur quelques kilomètres. Même s’il pleut et vente beaucoup, nous sommes ébahis de passer par là. On commence vraiment à être sacrément au sud…

Pour terminer cet article, nous vous informons que nous sommes actuellement à Puerto Natales entrain de préparer un trek dans le parc national Torres del Paine. Et pour une fois, pas de retard dans les articles ! On est vraiment là en ce moment ! Nous allons marcher durant quatre grosses journées (12h pour l’une d’entre elles !) afin de voir cette réserve classée à l’UNESCO. On se réjouit beaucoup !

Alors on tient avant cela à vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année ! Que Noël soit chaleureux et que le saut en 2013 se passe bien !

mercredi 12 décembre 2012

Le Nord-ouest argentin


Suite à un bref passage au Chili nous voici sur la route en direction de la région du Nord-ouest de l’Argentine. Dix heures de bus relient San Pedro d’Atacama (Chili) à Salta (Argentine). Après avoir attendu deux heures le bus (nous étions une heure trop tôt et le bus avait une heure de retard) on passe la douane chilienne à la sortie de la ville. Ensuite, deux heures de route plus tard nous nous retrouvons à la douane argentine. Et là on ne rigole pas, quatre adolescents se font refouler devant nous. Nous passons à une inspection sérieuse de nos papiers, puis nos sacs sont passés aux rayons X et finalement, le chien des stup’ vient nous renifler nous et nos bagages ! Après le passage de la frontière qui culmine à près de 5000m, nous entamons une descente vertigineuse au travers des Andes. Nous traversons des paysages splendides et un peu irréels dans la Quebrada de Humahuaca (où il ne manque que Lucky Luke sur son cheval). Les flancs de cette vallée sont rocailleux et de toutes les couleurs : rouge, vert, gris, jaune et parfois ces couleurs se mélangent pour donner des teintes aux parois des montagnes assez improbables. Et parmi ce paysage fabuleux et aride, seuls les « cardones » (cactus) trônent, majestueux. Il ne manque qu’un cowboy solitaire avec un harmonica et on se croirait dans un western. Finalement nous arrivons à notre hostel à 21h15 et nous nous offrons une quinzaine d’empanadas « salteña » (viande de bœuf, œufs, oignons et piment en croûte) pour notre souper.

Salta

Première journée : repos et farniente. Notre seul impératif est d’apporter notre appareil de photos à réparer car il y a des poussières sur le capteur de lumière. Il faudra quatre jours pour le remettre en état. Nous sommes donc fixés sur la durée de notre séjour à Salta. Cela nous permet de nous rendre, en soirée, dans une « peña » (bar dans lequel les Sud-Américains viennent souper et écouter des chants traditionnels et folkloriques) pour manger des brochettes de viande au grill et ensuite écouter des chants du folklore saltenien. Ce qui est incroyable, c’est de voir le public danser, chanter et taper des mains au rythme de la musique. Ils ont vraiment le rythme dans la peau. Et que dire des chanteurs qui mettent tant d’émotions dans les chants racontant leur vie et celle de leur communauté ? En quittant la peña, à une heure assez avancée, nous avons quand même droit à un applaudissement pour la Suisse… Autant dire que nous n’étions entourés en grande majorité que d’Argentins.
Le lendemain, le réveil fut un peu stressant car nous sommes restés endormis après la sonnerie du réveil (et oui, chaque matin le réveil sonne !). Nous avons prévu de marcher jusqu’au Cerro Bernardo qui surplombe Salta et d’admirer la vue. Le dernier jour à Salta se passe sur la route dans un minibus de touristes. En effet nous nous rendons à Cachi pour admirer les vallées Calchaquies et ses paysages de roches rouges, jaunes, vertes et ses vallées de cactus. Plusieurs pauses photos sont prévues en route mais comme nous n’avons pas notre appareil de photo, on profite du moment présent. La diversité des paysages est assez incroyable. Des régions sont presque désertiques et composées principalement de roches et de cactus et d’autres régions proches de cours d’eau sont vertes et même boisées. De retour à Salta nous récupérons notre appareil de photo qui semble réparé…

Pour cette partie, malheureusement il n’y a pas de photo....

Cafayate


En route pour Cafayate (qui se dit Cafachaté car les Argentins chantent le « y »… et pas que le « y » ! On a vraiment de la peine à les comprendre). Le voyage de quatre heures se fait sans problème dans un décor superbe de la Quebrada de Las Conchas qu’on découvrira à vélo quelques jours plus tard. Notre premier jour dans ce petit village, nous partons pour une randonnée dans les environs qui longe un rio et croise quatre cascades dont la plus grande est d’une quinzaine de mètres. Dans un décor aride et entouré de cactus, la baignade sous la 4ème chute d’eau fait vraiment du bien. Nous faisons la route avec un couple d’Allemands et notre guide. En effet, impossible de trouver les cascades seuls. Dès qu’on demande des renseignements autour de nous (office du tourisme, police, etc.) on nous répond : « Hai guias ! » (Il y a des guides). Donc on a pris un guide et partagé les frais avec ce couple sympathique. En plus le chemin ressemble plus à un parcours d’obstacles qu’à une randonnée donc le guide n’est pas de trop. Nous nous sommes bien amusés à grimper dans cette gorge qui offre des coups d’œil magiques sur des montagnes couvertes de cactus. A la fin du chemin nous optons pour une petite dégustation dans une bodega toute proche. Eh oui après l’effort, le réconfort... Cafayate est réputée pour produire les meilleurs vins blancs d’Argentine et voire d’Amérique du Sud. Et nous découvrons avec plaisir le Torrontés, vin blanc au nez de vin doux et à la bouche d’un blanc sec et fruité. Ce cépage est vraiment spécial de la région car il lui faut beaucoup de soleil et… d’altitude. On en trouve donc presque uniquement en Argentine et au Chili. De retour à notre auberge on nous propose un asado (grillade) avec toute l’auberge. Au menu bœuf, porc, chorizo, boudin grillé, salade, pain et vin. Un vrai délice dans une super ambiance de partage. Un moment vraiment chaleureux qui nous fait d’autant plus apprécier notre voyage quand on peut échanger nos bons plans et parler de nos expériences avec d’autres personnes.
Le lendemain nous partons de bonne heure pour faire 50km de vélo dans le décor superbe de la Quebrada de Las Conchas (quebrada signifie canyon) que nous avons entrevue lors de notre voyage en bus. Mais pour mieux profiter des paysages splendides, nous refaisons le parcours à vélo. Seulement les distance sont assez gigantesques en Argentine alors nous prenons le bus en « remontant » (vers le nord) la quebrada jusqu’au premier point intéressant. Le bus nous dépose avec notre vélo à la Garganta del Diablo, magnifique sculpture naturelle formée par la rencontre de deux plaques tectoniques et nous enfourchons nos montures dans des paysages grandioses. Les couleurs sur les montagnes changent à chaque virage du rouge, au jaune, en passant par le vert et l’ocre. Dommage que nos vélos ne soient pas en bon état, mais le décor compense amplement ce désagrément. De retour à Cafayate nous nous douchons rapidement et prenons le bus de nuit pour Cordoba. Cette ville est la ville d’intérêt la plus proche de Cafayate et le voyage dure douze heures. Donc pour ne pas perdre une journée et pour économiser le prix d’une chambre d’hôtel nous faisons la route de nuit dans des fauteuils inclinables qui font presque des lits. Ce qui est incroyable en Amérique du Sud et principalement au Chili et en Argentine ce sont les distances. Pour passer d’une ville à une autre, il faut des heures et on ne parle pas de dizaines de kilomètres mais de centaines voire de milliers. Le Chili s’étend par exemple sur plus de 4000km. C’est fou, et on commence seulement à s’en rendre compte… on n’est pas encore arrivé en Terre de Feu !


Cordoba

A Cordoba nous avons l’occasion de découvrir quelques aspects de la vie en Argentine. Cette ville est une ville estudiantine avec la plus ancienne université du pays. Une des facettes importantes de la vie argentine est très présente au marché. En effet celui-ci est principalement composé de boucherie ! Eh oui, un Argentin mange en moyenne 70kg de viande par année !!! Il n’y a qu’un seul étale de légumes… Deuxième aspect, ils font des glaces absolument délicieuses et peuvent rivaliser avec les « Gelateria » italiennes. Ensuite les Argentins ont un lien absolument indescriptible avec la musique. En effet, alors que nous nous promenons dans la rue, un homme nous accoste et nous invite à assister à un concert gratuit d’un orchestre symphonique argentin. 45 minutes de musiques qui nous mettent les frissons dans le dos. Les Sud-Américains ont vraiment un rapport à cet art incroyable ! Quel sens du rythme et pas seulement chez les artistes mais tout le public participe. De plus, une autre démonstration de cet amour de la musique nous est offerte le soir même. Alors que nous nous rendions dans une milonga pour assister à une soirée tango, nous traversons une place où les gens dansent le tango en plein air. Quelle merveille ! C’est tellement beau de voir ces gens de tout âge danser ensemble. Des jeunes se mélangent avec des gens plus âgés au fur à mesure de la soirée, juste par amour de la musique. Quelle sensualité chez les femmes et quelle maîtrise pour les hommes qui guident à la perfection. Et tout ça à l’air libre. C’est vraiment un moment de rencontre et de partage incroyable pour ces Argentins. Le dernier point est plus historique et moins reluisant. Premièrement nous visitons un ancien centre de détention des « subversifs » (personnes considérées comme rebelles sous la dictature) qui est actuellement le Musée de la Mémoire. Dans ce musée il y a des témoignages de personnes arrêtées, interrogées et torturées et, d’un autre côté nous découvrons des objets et des lettres ayant appartenu aux personnes disparues sous la dictature et dont les familles n’ont toujours pas de nouvelles. Sont-ils morts ou en exil ? Ce musée nous montre que ces gens étaient avant tout des êtres humains ayant leurs propre famille, convictions et idées qui n’étaient certes pas celles du régime mais qui étaient celles de personnes luttant pour leurs droits fondamentaux. Ce même jour, c’est la grève générale. La présidente a décidé d’imposer une taxe sur le revenu et les gens sont descendus dans la rue pour bloquer les routes, les supermarchés, les transports publics, bref tout ce qui peut paralyser l’économie du pays. Vraiment impressionnant. Surtout qu’à la sortie du Musée de la Mémoire, des images de la répression d’une manifestation sont exposées. Et bien sûr nous devons prendre un bus le soir pour Mendoza… Heureusement, on peut partir sans encombre.


Mendoza

Nous voyageons de nouveau de nuit car le voyage dure dix heures. Pendant notre séjour à Mendoza nous découvrons des produits du terroir de qualité. Par exemple, le bife de chorizo (un partie du bœuf qu’on ne mange pas en Europe car il est trop gras) qui est absolument délicieux et tendre. Le vin rouge est aussi à l’honneur, Mendoza est réputée pour produire les meilleurs vins rouges d’Amérique du Sud. Raison pour laquelle, le lendemain, nous louons deux vélos pour visiter trois bodegas et déguster les vins de la région. A la fin des dégustations nous nous arrêtons dans une oliveraie pour découvrir avec plaisir que cette région produit aussi d’excellentes huiles d’olive, tapenades et de délicieuses olives tout simplement. Heureusement qu’avec la visite il y a une petite dégustation avec toasts tartinés de tapenade d’olive car sinon nous aurions quelque peu zigzagué avec notre vélo sur le chemin du retour...
Pour digérer tout ça, le jour suivant est plus sportif. Cabalgata (chevauchée) avec deux gauchos qui semblent ne faire qu’un avec leur cheval. C’est incroyable de les voir à l’œuvre, à croire qu’ils dorment sur leur cheval tellement ils semblent collés à la selle. C’est aussi le retour du petit Mexicain (lire l’article Derniers jours au Canada) qui cette fois assure sur son cheval noir. Yaaah !!! et au galop s’il vous plaît ! Quel plaisir ! Surtout que les deux gauchos nous laissent chevaucher plus ou moins librement et les chevaux ne sont pas habitués à se suivre à la queueleuleu. Une sensation de liberté absolue dans un décor vallonné de la pré-cordillère avec les Andes en arrière fond, vous imaginez ? L’après-midi est moins sauvage (quoique) et encore plus fun. Nous enchaînons avec une heure de rafting où Valentin se fait éjecter du bateau car la personne d’en face n’est pas restée de son côté lors d’un passage délicat. Mais c’était amusant ! Une heure entière de rapide qui se suivent et où on n’a aucun temps mort. Vraiment fun ! Finalement, avant de passer la frontière pour retourner au Chili, nous passons notre dernier jour dans le Nord-ouest Argentin en allant marcher deux heures au pied de l’Aconcagua. C’est le plus haut sommet d’Amérique du Sud à près de 7000m et il est vraiment impressionnant avec ses glaciers et ses pentes recouvertes d’éboulis et de rochers libérés de l’emprise de la glace à cause du réchauffement climatique. Autre aspect incroyable, c’est que la marche du retour est tout autant belle voire même plus car les montagnes en faces de nous présentent des couleurs de roches assez spéciales où l’anthracite se mêle au rouge, à l’ocre, au gris-vert et au jaune. On remarque aussi des couches de rocher qui sont pratiquement verticales et on se rend compte que les Andes ont bel et bien été formées par la rencontre de deux plaques tectoniques.


Suite à ces deux semaines en Argentine, nous repassons au Chili pour la suite du voyage !