Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

mercredi 12 décembre 2012

Le Nord-ouest argentin


Suite à un bref passage au Chili nous voici sur la route en direction de la région du Nord-ouest de l’Argentine. Dix heures de bus relient San Pedro d’Atacama (Chili) à Salta (Argentine). Après avoir attendu deux heures le bus (nous étions une heure trop tôt et le bus avait une heure de retard) on passe la douane chilienne à la sortie de la ville. Ensuite, deux heures de route plus tard nous nous retrouvons à la douane argentine. Et là on ne rigole pas, quatre adolescents se font refouler devant nous. Nous passons à une inspection sérieuse de nos papiers, puis nos sacs sont passés aux rayons X et finalement, le chien des stup’ vient nous renifler nous et nos bagages ! Après le passage de la frontière qui culmine à près de 5000m, nous entamons une descente vertigineuse au travers des Andes. Nous traversons des paysages splendides et un peu irréels dans la Quebrada de Humahuaca (où il ne manque que Lucky Luke sur son cheval). Les flancs de cette vallée sont rocailleux et de toutes les couleurs : rouge, vert, gris, jaune et parfois ces couleurs se mélangent pour donner des teintes aux parois des montagnes assez improbables. Et parmi ce paysage fabuleux et aride, seuls les « cardones » (cactus) trônent, majestueux. Il ne manque qu’un cowboy solitaire avec un harmonica et on se croirait dans un western. Finalement nous arrivons à notre hostel à 21h15 et nous nous offrons une quinzaine d’empanadas « salteña » (viande de bœuf, œufs, oignons et piment en croûte) pour notre souper.

Salta

Première journée : repos et farniente. Notre seul impératif est d’apporter notre appareil de photos à réparer car il y a des poussières sur le capteur de lumière. Il faudra quatre jours pour le remettre en état. Nous sommes donc fixés sur la durée de notre séjour à Salta. Cela nous permet de nous rendre, en soirée, dans une « peña » (bar dans lequel les Sud-Américains viennent souper et écouter des chants traditionnels et folkloriques) pour manger des brochettes de viande au grill et ensuite écouter des chants du folklore saltenien. Ce qui est incroyable, c’est de voir le public danser, chanter et taper des mains au rythme de la musique. Ils ont vraiment le rythme dans la peau. Et que dire des chanteurs qui mettent tant d’émotions dans les chants racontant leur vie et celle de leur communauté ? En quittant la peña, à une heure assez avancée, nous avons quand même droit à un applaudissement pour la Suisse… Autant dire que nous n’étions entourés en grande majorité que d’Argentins.
Le lendemain, le réveil fut un peu stressant car nous sommes restés endormis après la sonnerie du réveil (et oui, chaque matin le réveil sonne !). Nous avons prévu de marcher jusqu’au Cerro Bernardo qui surplombe Salta et d’admirer la vue. Le dernier jour à Salta se passe sur la route dans un minibus de touristes. En effet nous nous rendons à Cachi pour admirer les vallées Calchaquies et ses paysages de roches rouges, jaunes, vertes et ses vallées de cactus. Plusieurs pauses photos sont prévues en route mais comme nous n’avons pas notre appareil de photo, on profite du moment présent. La diversité des paysages est assez incroyable. Des régions sont presque désertiques et composées principalement de roches et de cactus et d’autres régions proches de cours d’eau sont vertes et même boisées. De retour à Salta nous récupérons notre appareil de photo qui semble réparé…

Pour cette partie, malheureusement il n’y a pas de photo....

Cafayate


En route pour Cafayate (qui se dit Cafachaté car les Argentins chantent le « y »… et pas que le « y » ! On a vraiment de la peine à les comprendre). Le voyage de quatre heures se fait sans problème dans un décor superbe de la Quebrada de Las Conchas qu’on découvrira à vélo quelques jours plus tard. Notre premier jour dans ce petit village, nous partons pour une randonnée dans les environs qui longe un rio et croise quatre cascades dont la plus grande est d’une quinzaine de mètres. Dans un décor aride et entouré de cactus, la baignade sous la 4ème chute d’eau fait vraiment du bien. Nous faisons la route avec un couple d’Allemands et notre guide. En effet, impossible de trouver les cascades seuls. Dès qu’on demande des renseignements autour de nous (office du tourisme, police, etc.) on nous répond : « Hai guias ! » (Il y a des guides). Donc on a pris un guide et partagé les frais avec ce couple sympathique. En plus le chemin ressemble plus à un parcours d’obstacles qu’à une randonnée donc le guide n’est pas de trop. Nous nous sommes bien amusés à grimper dans cette gorge qui offre des coups d’œil magiques sur des montagnes couvertes de cactus. A la fin du chemin nous optons pour une petite dégustation dans une bodega toute proche. Eh oui après l’effort, le réconfort... Cafayate est réputée pour produire les meilleurs vins blancs d’Argentine et voire d’Amérique du Sud. Et nous découvrons avec plaisir le Torrontés, vin blanc au nez de vin doux et à la bouche d’un blanc sec et fruité. Ce cépage est vraiment spécial de la région car il lui faut beaucoup de soleil et… d’altitude. On en trouve donc presque uniquement en Argentine et au Chili. De retour à notre auberge on nous propose un asado (grillade) avec toute l’auberge. Au menu bœuf, porc, chorizo, boudin grillé, salade, pain et vin. Un vrai délice dans une super ambiance de partage. Un moment vraiment chaleureux qui nous fait d’autant plus apprécier notre voyage quand on peut échanger nos bons plans et parler de nos expériences avec d’autres personnes.
Le lendemain nous partons de bonne heure pour faire 50km de vélo dans le décor superbe de la Quebrada de Las Conchas (quebrada signifie canyon) que nous avons entrevue lors de notre voyage en bus. Mais pour mieux profiter des paysages splendides, nous refaisons le parcours à vélo. Seulement les distance sont assez gigantesques en Argentine alors nous prenons le bus en « remontant » (vers le nord) la quebrada jusqu’au premier point intéressant. Le bus nous dépose avec notre vélo à la Garganta del Diablo, magnifique sculpture naturelle formée par la rencontre de deux plaques tectoniques et nous enfourchons nos montures dans des paysages grandioses. Les couleurs sur les montagnes changent à chaque virage du rouge, au jaune, en passant par le vert et l’ocre. Dommage que nos vélos ne soient pas en bon état, mais le décor compense amplement ce désagrément. De retour à Cafayate nous nous douchons rapidement et prenons le bus de nuit pour Cordoba. Cette ville est la ville d’intérêt la plus proche de Cafayate et le voyage dure douze heures. Donc pour ne pas perdre une journée et pour économiser le prix d’une chambre d’hôtel nous faisons la route de nuit dans des fauteuils inclinables qui font presque des lits. Ce qui est incroyable en Amérique du Sud et principalement au Chili et en Argentine ce sont les distances. Pour passer d’une ville à une autre, il faut des heures et on ne parle pas de dizaines de kilomètres mais de centaines voire de milliers. Le Chili s’étend par exemple sur plus de 4000km. C’est fou, et on commence seulement à s’en rendre compte… on n’est pas encore arrivé en Terre de Feu !


Cordoba

A Cordoba nous avons l’occasion de découvrir quelques aspects de la vie en Argentine. Cette ville est une ville estudiantine avec la plus ancienne université du pays. Une des facettes importantes de la vie argentine est très présente au marché. En effet celui-ci est principalement composé de boucherie ! Eh oui, un Argentin mange en moyenne 70kg de viande par année !!! Il n’y a qu’un seul étale de légumes… Deuxième aspect, ils font des glaces absolument délicieuses et peuvent rivaliser avec les « Gelateria » italiennes. Ensuite les Argentins ont un lien absolument indescriptible avec la musique. En effet, alors que nous nous promenons dans la rue, un homme nous accoste et nous invite à assister à un concert gratuit d’un orchestre symphonique argentin. 45 minutes de musiques qui nous mettent les frissons dans le dos. Les Sud-Américains ont vraiment un rapport à cet art incroyable ! Quel sens du rythme et pas seulement chez les artistes mais tout le public participe. De plus, une autre démonstration de cet amour de la musique nous est offerte le soir même. Alors que nous nous rendions dans une milonga pour assister à une soirée tango, nous traversons une place où les gens dansent le tango en plein air. Quelle merveille ! C’est tellement beau de voir ces gens de tout âge danser ensemble. Des jeunes se mélangent avec des gens plus âgés au fur à mesure de la soirée, juste par amour de la musique. Quelle sensualité chez les femmes et quelle maîtrise pour les hommes qui guident à la perfection. Et tout ça à l’air libre. C’est vraiment un moment de rencontre et de partage incroyable pour ces Argentins. Le dernier point est plus historique et moins reluisant. Premièrement nous visitons un ancien centre de détention des « subversifs » (personnes considérées comme rebelles sous la dictature) qui est actuellement le Musée de la Mémoire. Dans ce musée il y a des témoignages de personnes arrêtées, interrogées et torturées et, d’un autre côté nous découvrons des objets et des lettres ayant appartenu aux personnes disparues sous la dictature et dont les familles n’ont toujours pas de nouvelles. Sont-ils morts ou en exil ? Ce musée nous montre que ces gens étaient avant tout des êtres humains ayant leurs propre famille, convictions et idées qui n’étaient certes pas celles du régime mais qui étaient celles de personnes luttant pour leurs droits fondamentaux. Ce même jour, c’est la grève générale. La présidente a décidé d’imposer une taxe sur le revenu et les gens sont descendus dans la rue pour bloquer les routes, les supermarchés, les transports publics, bref tout ce qui peut paralyser l’économie du pays. Vraiment impressionnant. Surtout qu’à la sortie du Musée de la Mémoire, des images de la répression d’une manifestation sont exposées. Et bien sûr nous devons prendre un bus le soir pour Mendoza… Heureusement, on peut partir sans encombre.


Mendoza

Nous voyageons de nouveau de nuit car le voyage dure dix heures. Pendant notre séjour à Mendoza nous découvrons des produits du terroir de qualité. Par exemple, le bife de chorizo (un partie du bœuf qu’on ne mange pas en Europe car il est trop gras) qui est absolument délicieux et tendre. Le vin rouge est aussi à l’honneur, Mendoza est réputée pour produire les meilleurs vins rouges d’Amérique du Sud. Raison pour laquelle, le lendemain, nous louons deux vélos pour visiter trois bodegas et déguster les vins de la région. A la fin des dégustations nous nous arrêtons dans une oliveraie pour découvrir avec plaisir que cette région produit aussi d’excellentes huiles d’olive, tapenades et de délicieuses olives tout simplement. Heureusement qu’avec la visite il y a une petite dégustation avec toasts tartinés de tapenade d’olive car sinon nous aurions quelque peu zigzagué avec notre vélo sur le chemin du retour...
Pour digérer tout ça, le jour suivant est plus sportif. Cabalgata (chevauchée) avec deux gauchos qui semblent ne faire qu’un avec leur cheval. C’est incroyable de les voir à l’œuvre, à croire qu’ils dorment sur leur cheval tellement ils semblent collés à la selle. C’est aussi le retour du petit Mexicain (lire l’article Derniers jours au Canada) qui cette fois assure sur son cheval noir. Yaaah !!! et au galop s’il vous plaît ! Quel plaisir ! Surtout que les deux gauchos nous laissent chevaucher plus ou moins librement et les chevaux ne sont pas habitués à se suivre à la queueleuleu. Une sensation de liberté absolue dans un décor vallonné de la pré-cordillère avec les Andes en arrière fond, vous imaginez ? L’après-midi est moins sauvage (quoique) et encore plus fun. Nous enchaînons avec une heure de rafting où Valentin se fait éjecter du bateau car la personne d’en face n’est pas restée de son côté lors d’un passage délicat. Mais c’était amusant ! Une heure entière de rapide qui se suivent et où on n’a aucun temps mort. Vraiment fun ! Finalement, avant de passer la frontière pour retourner au Chili, nous passons notre dernier jour dans le Nord-ouest Argentin en allant marcher deux heures au pied de l’Aconcagua. C’est le plus haut sommet d’Amérique du Sud à près de 7000m et il est vraiment impressionnant avec ses glaciers et ses pentes recouvertes d’éboulis et de rochers libérés de l’emprise de la glace à cause du réchauffement climatique. Autre aspect incroyable, c’est que la marche du retour est tout autant belle voire même plus car les montagnes en faces de nous présentent des couleurs de roches assez spéciales où l’anthracite se mêle au rouge, à l’ocre, au gris-vert et au jaune. On remarque aussi des couches de rocher qui sont pratiquement verticales et on se rend compte que les Andes ont bel et bien été formées par la rencontre de deux plaques tectoniques.


Suite à ces deux semaines en Argentine, nous repassons au Chili pour la suite du voyage !

3 commentaires:

  1. Salut les aventuriers!

    Génial ... Merci pour les nouvelles. Quel contraste: nous sommes sous la neige et vous êtes bien au chaud.

    A+

    Papa du Clos des Vignes

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  2. Salut les gauchos ! Bravo pour vos nouvelles aventures. En tout cas il y a de la vie, c'est le moins qu'on puisse dire !

    Bisous à vous deux,

    Maman du Clos

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  3. Ah! voilà qui est mieux! Les photos correspondent mieux aux situations décrites. Est-ce le vin qui vous fait tourner la tête? Et puis terminé de se moquer du petit Mexicain, il me semble qu'il a une bonne assiette sur sa monture. Merci pour vos récits captivants, à déguster sans modération. Pas comme le liquide dans vos verres. A votre santé et on en redemande. Gros bisous à tous les deux. Maman du petit...

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