Suite à un bref passage au Chili
nous voici sur la route en direction de la région du Nord-ouest de l’Argentine.
Dix heures de bus relient San Pedro d’Atacama (Chili) à Salta (Argentine). Après
avoir attendu deux heures le bus (nous étions une heure trop tôt et le bus
avait une heure de retard) on passe la douane chilienne à la sortie de la ville.
Ensuite, deux heures de route plus tard nous nous retrouvons à la douane argentine.
Et là on ne rigole pas, quatre adolescents se font refouler devant nous. Nous
passons à une inspection sérieuse de nos papiers, puis nos sacs sont passés aux
rayons X et finalement, le chien des stup’ vient nous renifler nous et nos
bagages ! Après le passage de la frontière qui culmine à près de 5000m,
nous entamons une descente vertigineuse au travers des Andes. Nous traversons
des paysages splendides et un peu irréels dans la Quebrada de Humahuaca (où il
ne manque que Lucky Luke sur son cheval). Les flancs de cette vallée sont rocailleux
et de toutes les couleurs : rouge, vert, gris, jaune et parfois ces
couleurs se mélangent pour donner des teintes aux parois des montagnes assez
improbables. Et parmi ce paysage fabuleux et aride, seuls les « cardones » (cactus) trônent,
majestueux. Il ne manque qu’un cowboy solitaire avec un harmonica et on se
croirait dans un western. Finalement nous arrivons à notre hostel à 21h15 et
nous nous offrons une quinzaine d’empanadas « salteña »
(viande de bœuf, œufs, oignons et piment en croûte) pour notre souper.
Salta
Première journée : repos et
farniente. Notre seul impératif est d’apporter notre appareil de photos à
réparer car il y a des poussières sur le capteur de lumière. Il faudra quatre
jours pour le remettre en état. Nous sommes donc fixés sur la durée de notre
séjour à Salta. Cela nous permet de nous rendre, en soirée, dans une « peña » (bar dans lequel les
Sud-Américains viennent souper et écouter des chants traditionnels et
folkloriques) pour manger des brochettes de viande au grill et ensuite écouter
des chants du folklore saltenien. Ce qui est incroyable, c’est de voir le
public danser, chanter et taper des mains au rythme de la musique. Ils ont
vraiment le rythme dans la peau. Et que dire des chanteurs qui mettent tant
d’émotions dans les chants racontant leur vie et celle de leur communauté ?
En quittant la peña, à une heure assez avancée, nous avons quand même droit à
un applaudissement pour la Suisse… Autant dire que nous n’étions entourés en
grande majorité que d’Argentins.
Le lendemain, le réveil fut un
peu stressant car nous sommes restés endormis après la sonnerie du réveil (et
oui, chaque matin le réveil sonne !). Nous avons prévu de marcher jusqu’au
Cerro Bernardo qui surplombe Salta et d’admirer la vue. Le dernier jour à Salta
se passe sur la route dans un minibus de touristes. En effet nous nous rendons
à Cachi pour admirer les vallées Calchaquies et ses paysages de roches rouges,
jaunes, vertes et ses vallées de cactus. Plusieurs pauses photos sont prévues
en route mais comme nous n’avons pas notre appareil de photo, on profite du
moment présent. La diversité des paysages est assez incroyable. Des régions
sont presque désertiques et composées principalement de roches et de cactus et
d’autres régions proches de cours d’eau sont vertes et même boisées. De retour
à Salta nous récupérons notre appareil de photo qui semble réparé…
Pour cette partie,
malheureusement il n’y a pas de photo....
Cafayate
En route pour Cafayate (qui se
dit Cafachaté car les Argentins chantent le « y »… et pas que le « y » !
On a vraiment de la peine à les comprendre). Le voyage de quatre heures se fait
sans problème dans un décor superbe de la Quebrada de Las Conchas qu’on
découvrira à vélo quelques jours plus tard. Notre premier jour dans ce petit
village, nous partons pour une randonnée dans les environs qui longe un rio et
croise quatre cascades dont la plus grande est d’une quinzaine de mètres. Dans
un décor aride et entouré de cactus, la baignade sous la 4ème chute
d’eau fait vraiment du bien. Nous faisons la route avec un couple d’Allemands
et notre guide. En effet, impossible de trouver les cascades seuls. Dès qu’on
demande des renseignements autour de nous (office du tourisme, police, etc.) on
nous répond : « Hai guias ! » (Il y a des guides). Donc on
a pris un guide et partagé les frais avec ce couple sympathique. En plus le
chemin ressemble plus à un parcours d’obstacles qu’à une randonnée donc le
guide n’est pas de trop. Nous nous sommes bien amusés à grimper dans cette
gorge qui offre des coups d’œil magiques sur des montagnes couvertes de cactus.
A la fin du chemin nous optons pour une petite dégustation dans une bodega toute
proche. Eh oui après l’effort, le réconfort... Cafayate est réputée pour
produire les meilleurs vins blancs d’Argentine et voire d’Amérique du Sud. Et
nous découvrons avec plaisir le Torrontés, vin blanc au nez de vin doux et à la
bouche d’un blanc sec et fruité. Ce cépage est vraiment spécial de la région
car il lui faut beaucoup de soleil et… d’altitude. On en trouve donc presque uniquement
en Argentine et au Chili. De retour à notre auberge on nous propose un asado
(grillade) avec toute l’auberge. Au menu bœuf, porc, chorizo, boudin grillé,
salade, pain et vin. Un vrai délice dans une super ambiance de partage. Un
moment vraiment chaleureux qui nous fait d’autant plus apprécier notre voyage
quand on peut échanger nos bons plans et parler de nos expériences avec d’autres
personnes.
Le lendemain nous partons de
bonne heure pour faire 50km de vélo dans le décor superbe de la Quebrada de Las
Conchas (quebrada signifie canyon) que nous avons entrevue lors de notre voyage
en bus. Mais pour mieux profiter des paysages splendides, nous refaisons le
parcours à vélo. Seulement les distance sont assez gigantesques en Argentine
alors nous prenons le bus en « remontant » (vers le nord) la quebrada
jusqu’au premier point intéressant. Le bus nous dépose avec notre vélo à la
Garganta del Diablo, magnifique sculpture naturelle formée par la rencontre de
deux plaques tectoniques et nous enfourchons nos montures dans des paysages
grandioses. Les couleurs sur les montagnes changent à chaque virage du rouge,
au jaune, en passant par le vert et l’ocre. Dommage que nos vélos ne soient pas
en bon état, mais le décor compense amplement ce désagrément. De retour à Cafayate
nous nous douchons rapidement et prenons le bus de nuit pour Cordoba. Cette
ville est la ville d’intérêt la plus proche de Cafayate et le voyage dure douze
heures. Donc pour ne pas perdre une journée et pour économiser le prix d’une
chambre d’hôtel nous faisons la route de nuit dans des fauteuils inclinables
qui font presque des lits. Ce qui est incroyable en Amérique du Sud et
principalement au Chili et en Argentine ce sont les distances. Pour passer d’une
ville à une autre, il faut des heures et on ne parle pas de dizaines de
kilomètres mais de centaines voire de milliers. Le Chili s’étend par exemple
sur plus de 4000km. C’est fou, et on commence seulement à s’en rendre compte… on
n’est pas encore arrivé en Terre de Feu !
Cordoba
A Cordoba nous avons l’occasion de
découvrir quelques aspects de la vie en Argentine. Cette ville est une ville
estudiantine avec la plus ancienne université du pays. Une des facettes
importantes de la vie argentine est très présente au marché. En effet celui-ci
est principalement composé de boucherie ! Eh oui, un Argentin mange en
moyenne 70kg de viande par année !!! Il n’y a qu’un seul étale de légumes…
Deuxième aspect, ils font des glaces absolument délicieuses et peuvent
rivaliser avec les « Gelateria » italiennes. Ensuite les Argentins ont
un lien absolument indescriptible avec la musique. En effet, alors que nous
nous promenons dans la rue, un homme nous accoste et nous invite à assister à un
concert gratuit d’un orchestre symphonique argentin. 45 minutes de musiques qui
nous mettent les frissons dans le dos. Les Sud-Américains ont vraiment un
rapport à cet art incroyable ! Quel sens du rythme et pas seulement chez
les artistes mais tout le public participe. De plus, une autre démonstration de
cet amour de la musique nous est offerte le soir même. Alors que nous nous
rendions dans une milonga pour assister à une soirée tango, nous traversons une
place où les gens dansent le tango en plein air. Quelle merveille ! C’est
tellement beau de voir ces gens de tout âge danser ensemble. Des jeunes se
mélangent avec des gens plus âgés au fur à mesure de la soirée, juste par amour
de la musique. Quelle sensualité chez les femmes et quelle maîtrise pour les
hommes qui guident à la perfection. Et tout ça à l’air libre. C’est vraiment un
moment de rencontre et de partage incroyable pour ces Argentins. Le dernier point
est plus historique et moins reluisant. Premièrement nous visitons un ancien
centre de détention des « subversifs » (personnes considérées comme
rebelles sous la dictature) qui est actuellement le Musée de la Mémoire. Dans
ce musée il y a des témoignages de personnes arrêtées, interrogées et torturées
et, d’un autre côté nous découvrons des objets et des lettres ayant appartenu
aux personnes disparues sous la dictature et dont les familles n’ont toujours
pas de nouvelles. Sont-ils morts ou en exil ? Ce musée nous montre que ces
gens étaient avant tout des êtres humains ayant leurs propre famille,
convictions et idées qui n’étaient certes pas celles du régime mais qui étaient
celles de personnes luttant pour leurs droits fondamentaux. Ce même jour, c’est
la grève générale. La présidente a décidé d’imposer une taxe sur le revenu et
les gens sont descendus dans la rue pour bloquer les routes, les supermarchés,
les transports publics, bref tout ce qui peut paralyser l’économie du pays.
Vraiment impressionnant. Surtout qu’à la sortie du Musée de la Mémoire, des
images de la répression d’une manifestation sont exposées. Et bien sûr nous
devons prendre un bus le soir pour Mendoza… Heureusement, on peut partir sans
encombre.
Mendoza
Nous voyageons de nouveau de nuit
car le voyage dure dix heures. Pendant notre séjour à Mendoza nous découvrons
des produits du terroir de qualité. Par exemple, le bife de chorizo (un partie
du bœuf qu’on ne mange pas en Europe car il est trop gras) qui est absolument
délicieux et tendre. Le vin rouge est aussi à l’honneur, Mendoza est réputée
pour produire les meilleurs vins rouges d’Amérique du Sud. Raison pour
laquelle, le lendemain, nous louons deux vélos pour visiter trois bodegas et déguster
les vins de la région. A la fin des dégustations nous nous arrêtons dans une
oliveraie pour découvrir avec plaisir que cette région produit aussi d’excellentes
huiles d’olive, tapenades et de délicieuses olives tout simplement.
Heureusement qu’avec la visite il y a une petite dégustation avec toasts tartinés
de tapenade d’olive car sinon nous aurions quelque peu zigzagué avec notre vélo
sur le chemin du retour...
Pour digérer
tout ça, le jour suivant est plus sportif. Cabalgata (chevauchée) avec deux
gauchos qui semblent ne faire qu’un avec leur cheval. C’est incroyable de les
voir à l’œuvre, à croire qu’ils dorment sur leur cheval tellement ils semblent
collés à la selle. C’est aussi le retour du petit Mexicain (lire
l’article Derniers jours au Canada) qui cette fois assure sur son cheval
noir. Yaaah !!! et au galop s’il vous plaît ! Quel plaisir !
Surtout que les deux gauchos nous laissent chevaucher plus ou moins librement
et les chevaux ne sont pas habitués à se suivre à la queueleuleu. Une sensation
de liberté absolue dans un décor vallonné de la pré-cordillère avec les Andes
en arrière fond, vous imaginez ? L’après-midi est moins sauvage (quoique) et
encore plus fun. Nous enchaînons avec une heure de rafting où Valentin se fait
éjecter du bateau car la personne d’en face n’est pas restée de son côté lors
d’un passage délicat. Mais c’était amusant ! Une heure entière de rapide
qui se suivent et où on n’a aucun temps mort. Vraiment fun ! Finalement, avant
de passer la frontière pour retourner au Chili, nous passons notre dernier jour
dans le Nord-ouest Argentin en allant marcher deux heures au pied de
l’Aconcagua. C’est le plus haut sommet d’Amérique du Sud à près de 7000m et il
est vraiment impressionnant avec ses glaciers et ses pentes recouvertes d’éboulis
et de rochers libérés de l’emprise de la glace à cause du réchauffement
climatique. Autre aspect incroyable, c’est que la marche du retour est tout
autant belle voire même plus car les montagnes en faces de nous présentent des
couleurs de roches assez spéciales où l’anthracite se mêle au rouge, à l’ocre,
au gris-vert et au jaune. On remarque aussi des couches de rocher qui sont
pratiquement verticales et on se rend compte que les Andes ont bel et bien été
formées par la rencontre de deux plaques tectoniques.
Suite à ces deux
semaines en Argentine, nous repassons au Chili pour la suite du voyage !
Salut les aventuriers!
RépondreSupprimerGénial ... Merci pour les nouvelles. Quel contraste: nous sommes sous la neige et vous êtes bien au chaud.
A+
Papa du Clos des Vignes
Salut les gauchos ! Bravo pour vos nouvelles aventures. En tout cas il y a de la vie, c'est le moins qu'on puisse dire !
RépondreSupprimerBisous à vous deux,
Maman du Clos
Ah! voilà qui est mieux! Les photos correspondent mieux aux situations décrites. Est-ce le vin qui vous fait tourner la tête? Et puis terminé de se moquer du petit Mexicain, il me semble qu'il a une bonne assiette sur sa monture. Merci pour vos récits captivants, à déguster sans modération. Pas comme le liquide dans vos verres. A votre santé et on en redemande. Gros bisous à tous les deux. Maman du petit...
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