Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

jeudi 20 décembre 2012

La Patagonie en Wicked Campers


Pour nous rendre jusqu’au sud du Chili et de l’Argentine, nous avons décidé d’utiliser un moyen de transport bien différent des transports publics. Eh oui, nous avons loué une camionnette (Fiat Fiorino) équipée d’un lit et d’une cuisine.

Nous avons commencé ce trip de 42 jours à Santiago, capitale du Chili. Au milieu de la ville immense, nous voilà au volant de notre Wicked Campers, complètement perdus car nous n’avons pas encore eu l’occasion d’acheter une carte routière ! Objectif : trouver une station essence, car c’est là qu’on peut en acheter ! La tâche est plutôt simple, sauf que voilà, les trois premières stations essence que nous visitons n’ont plus la carte comprenant Santiago… grrr… avec toutes ces rues à sens uniques, ces autoroutes qui n’indiquent pas le centre sur les panneaux de sortie, les triples voies où on se trouve sur la mauvaise au mauvais moment, on a pas mal galéré, on vous le garantit ! Et tout ça par une chaleur étouffante (on comprendra plus tard que le chauffage est toujours en marche et impossible à régler correctement…), et sans savoir où l’on pourra dormir. On ne s’est presque pas énervé… Finalement, ouf, on trouve une carte du centre du Chili et on arrive à sortir de cette ville détestable en voiture. Enfin ! Et on se dirige directement vers les montagnes, dans le Cajon del Maipo, à environ 60km de Santiago. Là, on trouve une aire de pique-nique au bord de la rivière où l’on peut passer la nuit pour 10 frs. C’est parfait, il y a même la douche en plein air (heureusement qu’on est seul et qu’il fait nuit…) ! Et on a de plus la super chance de faire notre premier repas dans la nuit, vu qu’on a pris plus de temps que prévu pour arriver ici… mais tout est fonctionnel et très bien pensé dans notre petite camionnette.

Dans le coffre, il y a six boîtes avec couvercle dans lesquelles on range tout. Lorsque les couvercles sont posés, on dépose trois matelas et le lit est fait. Lorsque l’on mange, un des couvercles de la boîte du milieu est enchâssé sur un tube qu’on fixe au sol et voilà notre table. Pendant ce temps, on met les matelas sur les sièges à l’avant du véhicule pour avoir plus de place et le tour est joué ! On a un réchaud très bien, sauf qu’il utilise environ une bombonne de gaz par jour… mais il est puissant et très simple d’utilisation ! Une seule « plaque », mais ça suffit, on est des as du réchaud à gaz. Avec le véhicule sont livrés casseroles, assiettes, gobelets, bols, services, réchaud, couvertures, coussins, taies d’oreiller, une petite table, deux tabourets, matelas, coolbox, guide des campings, convertisseur 12V/220V pour recharger appareil photo et ordinateur, cable jack. Pour passer du confort au luxe, on a acheté deux-trois trucs en plus : un presse-citron pour nous concocter nos vitamines chaque jour (n’empêche que ça marche, on n’est jamais malades !), un éplucheur pour les carottes, une bassine pour la vaisselle et la lessive, des pincettes supplémentaires (on en avait que 8…). Voilà pour l’équipement. En images cliquez ici!

Nos premiers pas avec notre wicked campers se passent à merveille. Pour commencer, on décide d’aller voir un lac de barrage à Embalse el Yeso. Quelle idée… 25km de piste cahoteuse et où en cas de pluie ou d’éboulement, on reste coincé. Et pas n’importe où… au milieu des montagnes, près d’un volcan et sans moyen de téléphoner. On demande à un pêcheur s’il pense qu’il pleuvra d’ici 24h, et ce n’est pas le cas. On décide donc de rester au bord de ce magnifique lac et d’y passer la nuit, la première « à la sauvage ». Comme on est plein de poussière, hop, au lac ! Ah nouveau, quelle idée… l’eau est GELEE !!! Mais par contre c’est bien pratique, tout comme pour la lessive et la vaisselle… le coucher de soleil est chouette et on se retrouve seuls au monde, au bout de ce lac accessible par une unique petite route dans une falaise. Demain, on ira marcher un peu dans la vallée, ça a l’air superbe. Sauf que le lendemain, on se réveille au milieu d’un  brouillard épais ! Vite ! On saute au volant et on retourne en plaine vite fait bien fait, de peur de rester coincés là-haut. Tant pis pour la marche…

Ce n’est que pour mieux se rattraper. On passe de l’autre côté de la montagne et on dort à Baño Morales. De là, on remonte à pied la vallée du Monumento Natural El Morado. On marche jusqu’au glacier et on se sent vivre au milieu des montagnes. Les roches sont colorées, la rivière se faufile jusqu’à de petites lagunes, les oiseaux chantent, des chevaux sont tranquillement au bord du chemin et la flore est incroyable. Comme à chaque fois que l’on fait des randonnées, nous discutons intensément de la famille, des amis, du travail, de voyages,… bref, de tout ce qui nous tient à cœur. Et on utilise nos pauvres petites jambes qui ont presque oublié à quoi elles servent…

De la région de Santiago, nous filons au sud. Nous nous arrêtons quelques jours du côté des lacs et des volcans. C’est splendide ! Les routes serpentent entre plusieurs lacs d’origine volcanique et à côté de différents volcans intimidants. Certains sont encore actifs, et il est déjà arrivé quelques fois dans l’histoire que lorsque l’un d’entre eux entre en éruption, toute la chaîne de volcans actifs crache de la lave ! Gare à vous si vous êtes dans le coin… C’est dans cette belle région, qui ressemble à notre jura suisse si on excepte les volcans à tous les coins de rue, que l’on a la chance de manger une bonne fondue au fromage chilien ! Nous dormons en effet dans un camping avec restaurant tenu par des Suisses très sympathiques et qui parlent tous cinq langues : suisse-allemand, français, anglais, italien et espagnol ! Franchement impressionnant, surtout quand ils switchent entre chaque client sans se tromper. Nous partons aussi à la découverte du cratère Navidad fumant depuis là. Il se trouve juste à côté du volcan Lonquimay, sur lequel une station de ski s’est créée. Par chance pour nous, nous sommes hors saison et nous  ne croisons pas âme qui vive durant toute la journée ! A côté du blanc de la neige, le noir des cendres dû à l’éruption de 1988. On va donc explorer tout ça à pied et c’est assez marrant de dévaler les pentes de cendres à pleine vitesse car c’est comme si on courait dans de la poudreuse. Par contre à la montée, ça nous fait un petit entraînement de résistance… deux pas en avant, trois en arrière ! Arrivés en-haut du cratère, on se rend compte qu’on n’est pas sur le bon ! grrr… on redescend et on recommence ! Sur celui qui fume légèrement cette fois-ci. Pas très rassurant… par contre la coulée de lave qui en est sortie il y a 25 ans est impressionnante ! Elle engloutit toute la vallée !
Après une soirée au bord du lac Colico, où nous avons droit à un souper sur la plage lors du coucher de soleil qui est magique, nous reprenons la route, ou plutôt la piste… mauvaise idée, le dessous du véhicule touche trop souvent les cailloux et nous devons passer chez un garagiste pour s’assurer que tout ce qui branle là-dessous est normal… Non, ce n’est pas normal nous dit-il ! Pouvez-vous nous fixer cela svp ? Oui, pas de problème nous répond-il. Nous attendons donc 15 minutes puis notre véhicule est prêt à repartir. Combien vous doit-on ? 1000 pesos svp. On se regarde, on n’y croit pas… 1000 pesos ? C’est bien ce que tu as compris, ptit bout ? Oui, oui, c’est bien cela. Cela correspond à 2 frs suisses… Nous qui nous attendions à une douloureuse, c’est plutôt agréable ! Par contre, nous prenons la décision d’éviter un maximum la piste, ce qui nous contraindra souvent à de grands détours. En effet, tant le Chili que l’Argentine ont peu de routes goudronnées dans cette région, et plus on va au sud, moins il y en a…

De passage vers le volcan Villarica, un des plus actifs et impressionnant, nous ne le voyons pas. Trop de nuages… tant pis, on continue ! Et jusqu’à Bariloche, en Argentine. Ou plutôt le Verbier argentin ! Ville de montagne au bord d’un lac, très touristique, nous ne faisons que prendre quelques informations et y passer la nuit. Objectif : randonnée ! Nous partons donc au refuge Frey pour une marche facile mais crevante de 4h de… montée ! ça ne fait que de côter, mais ça en vaut grandement la peine ! L’arrivée à la cabane est géniale ! On se retrouve à côté d’un lac d’altitude, entouré de pics rocheux de toutes parts ! C’est d’ailleurs le paradis des grimpeurs. Le lendemain, nous redescendons par le même chemin, en 2h seulement.

Puis nous reprenons le chemin du sud, après nous être rendus compte que la mythique RN40 n’est pas une bonne idée pour notre chère camionnette un peu trop branlante. Nous changeons nos plans et décidons d’emprunter la RN3, qui longe l’océan atlantique jusqu’à Rio Gallegos. Nous ne sommes pas déçus car nous voyons de très belles choses. Entre autre, le Bosque Petrificado près de Sarmiento. Dans ce site fabuleux nous pouvons voir des troncs d’arbres fossilisés, couchés sur le sol, au milieu de la steppe. C’est qu’il y a 65 millions d’années, ce n’était pas la steppe, mais un endroit humide où un courant venant de l’ouest aurait déposé des arbres. Ils se sont ensuite imprégné de silice et se sont solidifiés au point qu’actuellement, nous pouvons voir des troncs de pierre. C’est fou ce que la nature nous laisse comme témoignage du passé. En théorie, ces troncs auraient dû se décomposer, comme tous les autres… Nous n’avons que peu de photos de ce site, car le vent était si fort, que nous avions carrément de la peine à avancer. Il y a même eu des moments où nous étions déstabilisés au point de ne pas réussir à gravir une petite butte ! Vraiment hallucinant!

Autre endroit très beau : la loberia (lobo = lions de mer) près de Rada Tilly, au bord de l’océan (c’est clair qu’on ne va pas trouver des lions de mer dans la forêt…). Depuis une falaise, jumelles à l’appui, nous avons la chance d’observer des centaines de lions de mer affalés sur la plage. On se croirait dans un documentaire, en mieux. Ce qui surprend, c’est qu’on les entend très clairement ! Très peu nagent, très peu bougent. Ils sont juste là, tels des flemmards énormes, à bronzer. Sur toute la colonie, seuls une vingtaines de mâles sont présents. Ceux-ci changent chaque année de colonie tandis que les femelles restent sur place. Quand on sait qu’il y a plusieurs centaines de femelles dans une colonie, on se dit que les mâles doivent bien s’amuser… Bref ! On reprend la route vers le sud et on s’arrête à Puerto San Julian, petit port charmant avec un camping quasi sur la plage. On soupe au bord de l’eau, coucher de soleil à l’appui. Puis nous allons rigoler un peu sur les bim-bam extrêmes de l’Argentine ! Les gosses doivent vraiment se marrer (ou piquer du nez violemment) en jouant sur ces engins. Ils sont si inclinés que, mêmes nous, risquons de nous casser les dents… On a aussi essayé le fitness plein-air, mais on n’a pas trop compris quels muscles sont exploités lorsqu’on utilise les machines et c’est peu dire vu nos professions…

Les prochains jours sont consacrés presque exclusivement à rouler vers le sud. On a bien tenté de s’arrêter dans une réserve naturelle, mais la pluie a rendu la route d’accès impraticable et nous avons donc dû nous rendre à l’évidence : pas de lions de mer, pingouins et oiseaux marins pour tout de suite. Espérons qu’on pourra en voir plus tard… en attendant, on profite des couchers de soleil au bord de l’océan et d’avancer vers Rio Gallegos. Ces couchers de soleil qui durent de 20h à 22h30, sont de véritables merveilles. Un soleil rasant qui semble ne jamais se coucher et qui embrasse les nuages, qui eux-mêmes se reflètent dans l’océan et le sable humide de la marée basse… Quel pied ! Sans vous parler du ciel qui change toutes les cinq minutes pour utiliser toutes la palette des couleurs. C’est fantastique ! Et avec ça, lorsqu’on soupe, on ne peut pas manger tranquillement car il faut toujours aller faire des nouvelles photos ! haha !

Lorsqu’on est sur la route, on croise guanacos, nandous, moutons, gauchos et beaucoup de camions… La steppe est plate à perte de vue, les nuages sont bas et on en voit à l’infini, la route est souvent toute droite sur des dizaines de kilomètres avant une légère courbe. On se rend compte que l’Argentine est un pays bien plus grand que ce que l’on s’était imaginé…

Notre rythme de vie est un peu spécial ces temps. Réveil à 9h, départ à 11h. Que fait-on entre temps ? Nous nous habillons, changeons le lit en table, étalons sacs de couchage et matelas pour les faire sécher de l’humidité (quand il pleut c’est super cool…), cuisons de l’eau pour le thé, préparons le jus d’orange et le petit déj’, déjeunons, faisons la vaisselle, retransformons le camper en mode « route », puis enfin, sommes prêts à partir. Et oui, tout ça nous prend 2h… Sur la route, le copilote répond aux mails. Ces derniers quittent la boîte d’envoi à la prochaine station essence. En effet, les stations-service en Argentine et au Chili sont très bien équipées ! Wifi, WC propres, douches, petit restaurant, shop et pompistes sympas. Ça fait toujours plaisir de faire une pause ! Lorsqu’on arrive à destination, nous cherchons un camping ou un endroit où l’on peut dormir « à la sauvage », transformons la camionnette en mode « cuisine », allons nous laver, faisons sécher les linges (quand il pleut, c’est super cool…), cuisinons, mangeons, faisons la vaisselle, transformons le camper en mode « dodo », puis enfin, on est prêt à se coucher. De nouveau, 2-3h viennent de s’écouler. Et là on se dit chaque soir qu’il faudrait se coucher plus tôt, pour se lever plus tôt et mieux profiter de la journée… l’avantage de ce voyage, et de notre mode de déplacement, c’est qu’il n’y a aucune raison de se discipliner, alors comme chaque matin, et encore plus quand il pleut, le réveil sonne pour rien…
Arrivés à Rio Gallegos, nous avons réglé deux-trois trucs administratifs et puis passé la frontière vers le Chili. Là, les douaniers étaient très sympas, mais ils nous ont quand même confisqué les deux citrons et les deux pommes que nous avions dans le coffre… c’est qu’entre le Chili et l’Argentine, aucun fruit ne passe la frontière ! C’est très dangereux… attention…

La route que nous avons choisie de suivre est celle qui longe le détroit de Magellan sur quelques kilomètres. Même s’il pleut et vente beaucoup, nous sommes ébahis de passer par là. On commence vraiment à être sacrément au sud…

Pour terminer cet article, nous vous informons que nous sommes actuellement à Puerto Natales entrain de préparer un trek dans le parc national Torres del Paine. Et pour une fois, pas de retard dans les articles ! On est vraiment là en ce moment ! Nous allons marcher durant quatre grosses journées (12h pour l’une d’entre elles !) afin de voir cette réserve classée à l’UNESCO. On se réjouit beaucoup !

Alors on tient avant cela à vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année ! Que Noël soit chaleureux et que le saut en 2013 se passe bien !

2 commentaires:

  1. Salut les aventuriers du bout du monde,
    Joyeux Noël! Ici tout baigne, cette fois-ci dans l'eau. Il pleut très haut. Le temps idéal pour préparer les skis ... à défaut de les chausser.

    Bisous du papa du Clos des vignes

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  2. Comme à chaque fois, c'est un plaisir de lire vos récits et de voir vos belles photos. Continuez de nous enchanter et poursuivez votre périple, mais avec prudence, car la réparation d'une panne dans ces coins perdus peut prendre... un certain temps (comme disait Coluche)!
    Ici, à Lyon, le temps est particulièrement doux pour la saison: +12° aujourd'hui 28 décembre et même +16° il y a quelques jours.
    Bonne et heureuse année 2013, santé, joie et bonheur, et succès pour ce tour du monde.
    Grosses bises, Gd-Mam et Gd-Pa de Lyon

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