Après quelques jours passés à
Phnom Penh où nous avons profité des « happy hours » et de la
gastronomie cambodgienne, nous nous remettons en route. Direction Koh Thmei,
une île paisible à une heure de bateau du sud du Cambodge. Le trajet est long
et un peu chaotique. En effet, nous effectuons quatre heures de bus sur une
route principale avec une seule voie dans chaque sens. Mais le bus, et les
autres usagers de la route n’hésitent jamais à doubler voir même à tripler. Du
coup, nous nous sommes retrouvés quelques fois en train de dépasser pendant
qu’en face une voiture doublait un camion. Heureusement, les « bandes
d’arrêt d’urgence » servent de deuxième piste et lorsqu’il n’y en a pas,
celui qui se fait dépasser met deux roues dans l’herbe pour que tout le monde
passent et nous, à bord du bus, on sert les fesses ! Le bus nous dépose au
bord de la route et il nous reste à faire 7 kilomètres de moto-taxi avec un sac
de montagne sur le dos et le tout sur une piste en terre battue. Une fois
arrivés au village de pêcheur, notre bateau nous attend. La traversée est
absolument magnifique, barques de pêcheurs colorées, soleil couchant et île
tropicale envahie par la mangrove. Après 6 heures de voyage nous voici sur une
île « déserte ». En effet hormis huit petits bungalows et un
restaurant il n’y a rien. Pas de route, pas de village, pas de magasin, pas de
motos, pas de wifi, pas de téléphone (juste le portable du patron). Le bungalow
est simple mais ne manque de rien et il y a même deux hamacs sur la terrasse,
le rêve. Nous restons donc sur cette île à ne rien faire pendant quelques
jours. Rien… ça fait bizarre de ne rien faire… tellement bizarre qu’on a quand
même trouvé de quoi s’occuper. Jeux de société, lecture, baignades, siestes
dans le hamac, manger, boire un cocktail et on recommence ! Le
paradis ! Bon, on arrête de vous faire envie !
De retour à la réalité, nous
retournons à Phnom Penh, puis à Siem Reap, au nord-ouest du pays. Là, nous accueillons
avec joie et excitation les parents de Valentin qui viennent passer leurs
vacances avec nous ! Au programme, visite du Cambodge et du Vietnam avec
eux. Revoir des proches est un réel bonheur ! On ne se quittera d’ailleurs
plus d’une semelle jusqu’à leur départ trois semaines et demi plus tard.
Départ donc pour les visites à
gogo : ateliers de confection de la soie et de tissage, sculpture sur
pierre et laque sur bois, village de pêcheurs avec leurs maisons sur pilotis
(jusqu’à 7m pour avoir les pieds au sec lors de la saison des crues) et les
fameux et fabuleux temples d’Angkor. Nous engageons Mondol, un chauffeur de
tuk-tuk très efficace, ponctuel, rapide et… prudent ! Il restera avec nous
pendant tout notre séjour à Siem Reap, nous emmenant d’un temple à l’autre. Au
programme, un coucher de soleil sur le temple « Prè Rup », le
« Banteay Srei » avec ses sculptures magnifiques, le « Banteay
Samré » qui est une petite merveille loin des foules, le « Preah
Khan » avec son fromager enraciné dans ses murs, la cité
d’ « Angkor Thom » et son « Baphuon », le « Ta
Prohm » laissé à la végétation, un lever de soleil sur le majestueux et
emblématique « Angkor Vat » et pour finir, le Bayon aux mille
visages. Pas besoin d’en ajouter beaucoup plus, les photos parlent très bien
d’elles-mêmes, et les légendes vous préciseront les détails. Mais s’il fallait
donner quelques mots clés de notre visite des temples, les voici :
découverte, magie, culture, histoire, bouddhisme, hindouisme, croyances,
légendes, architecture, rois, démesure… Merveilleux ! Ce n’est pas pour
rien que ce site est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO… Et dire que
nous ne voyons que la partie immergée de l’iceberg. En effet il ne reste rien
des dorures, de la plupart des statues, des ornements, du système d’irrigation
qui permettait aux paysans de faire jusqu’à quatre récoltes de riz par années
alors qu’actuellement il n’y en a qu’une seule. Il faut encore imaginer le
palais royal et les habitations en bois dont il ne reste plus de trace, la cour
du roi, les éléphants, tous les ouvriers et habitants qui composaient la
civilisation d’Angkor.
Une anecdote sur Siem Reap ?
La panne d’électricité qui a duré au moins deux jours dont a été victime toute
la ville et qui nous a fait dormir dans des chambres étouffantes, sans eau
durant la journée (super pour aller aux toilettes…) et qui a forcé les Cambodgiens
à fracasser tous les bords de route du centre-ville pour trouver où se situait
la panne… Merci la génératrice qui nous permettait de dormir avec un petit
ventilateur et qui pompait de l’eau jusqu’aux salles-de-bains du coucher au
lever de soleil.
Départ ensuite en bus pour
Kompong Cham, une petite ville près de Phnom Penh. Nous en gardons un souvenir
ébloui et enchanté. En effet, nous sommes à la campagne et nous avons la chance
de visiter le petit, minuscule devrait-on dire, village de paysans de Cheung
Kok. Celui-ci s’est ouvert au tourisme depuis quelques années, ce qui lui
permet d’avoir une route d’accès en bon état (en terre tout de même) et quelques
emplois en plus pour mettre du beurre dans les épinards. Nous pouvons
effectivement y acheter quelques souvenirs faits à la main et avec les matières
premières des alentours. Nous croisons le regard de plusieurs villageois, tous
plus souriants les uns que les autres. Les anciens du village nous interpellent
et nous demandent (via notre chauffeur de tuk-tuk qui assure la traduction et
les explications) quel âge nous avons. Nous leur rendons la question après
avoir répondu, et sommes surpris d’apprendre qu’ils sont bien plus âgés que ce
qu’ils n’en paraissent ! Et vas-y à 84 ans pour remonter dans ta maison
sur pilotis qui est à 4m de haut et accessible par une simple échelle de
bambou !
Nous louons quatre bicyclettes
pour nous promener dans les alentours de Kompong Cham. Là encore, la journée
est vraiment chouette. Nous longeons le fleuve du Mekong et voyons, amarrés à
la rive, les maisons d’un village flottant. Les gens vivent de la pêche et sont
donc sur l’eau toute l’année, c’est impressionnant. Nous traversons un marché,
avec ses fruits, ses légumes, mais également ses poissons et sa viande exposés
en plein soleil et par des températures certainement plus élevées que 30°C…
hum… Un peu plus loin, un pont de bambou permet l’accès à une petite île. Il est
reconstruit chaque année par les habitants du coin après la mousson et nous
décidons de l’emprunter avec nos vélos. Oh surprise, il n’y a pas vraiment de
rambarde sur les côtés et le sol, en bambou bien sûr, est plutôt mou. Nous
appuyons donc sur nos guiboles et tentons la traversée sans problème, et
surtout sans rentrer dans un autre véhicule arrivant parfois pile en face de
nous. Mais voilà que Janine a une belle montée d’adrénaline, lorsque son sac à
main glisse de son panier pour venir s’emmêler dans les rayons de sa roue avant
et tout bloquer ! Comme si ce n’était pas assez dur comme ça… Nous
arrivons de l’autre côté du pont, entier et tous ensemble, ouf ! Et
cherchons un petit troquet pour se mettre quelque chose sous la dent. Pas
évident, il n’y en a pas… mais nous arrivons finalement vers une maison qui a
des tables et des chaises à l’extérieur. Nous nous asseyons et passons
commande. Au menu : un beignet chacun avec un coca. On n’a pas réussi à
obtenir plus, mais vu qu’on doit s’exprimer avec les mains, on est déjà bien
content d’avoir quelque chose à manger ! Les gens autour de nous rient,
autant que nous d’ailleurs ! Mais ce qui nous a définitivement le plus
émerveillé durant cette journée, c’est tous ces enfants qui, dès qu’ils nous
aperçoivent, agitent la main et crient de tout leur bonheur « Hello !
Hello ! What is your name ? How are you ? ». Avec un
sourire allant d’une oreille à l’autre !
Après cette magnifique escapade
dans la campagne cambodgienne, nous revoilà dans l’agitation de Phnom Penh avec
sa circulation anarchique, ses moines bouddhistes qui parlent volontiers au
touriste, son marché russe (que nous avons dévalisé) et le musée de Tuol Sleng.
Cette école tristement célèbre pour avoir été le centre de détention S-21
pendant le régime Khmer Rouge. Quelles émotions désagréables que de contempler
toute la folie humaine en visitant les salles d’interrogatoire (ou plutôt de
torture), en voyant les registres des victimes et la potence qui est toujours
au milieu de la cour. Dur à croire que l’Homme puisse en arriver à tant de
cruauté mais même si cette visite n’est pas la plus agréable elle reste
incontournable pour ne pas oublier les horreurs de l’Histoire. Après cette
visite, nous sommes encore plus impressionnés par l’envie du peuple cambodgien
d’aller de l’avant et de se réconcilier avec son triste passé.
Pour finir notre aventure
cambodgienne, nous aurions voulu visiter la Pagode d’Argent et le Palais Royal
mais voilà, Sa Majesté avait prévu une petite fête (sans nous y
convier ;-)) et le palais royal était fermé au public. Nous quittons le
Cambodge avec une raison de plus de revenir !
Et nous voilà sur le Mekong, où
nous voguons vers notre prochaine destination : Le Vietnam !