Phnom Penh. C’est le point de
départ et de chute de notre périple au Cambodge. La capitale du pays, habitée
par douze millions d’habitants, grouille de toute part. Il y a des motos
partout, des vélos, des tuk-tuks, des voitures, des camionnettes, de temps en
temps un bus longue-distance. La circulation est complètement loufoque, puisque
les règles dont nous avons l’habitude ne sont pas du tout respectées ici. Mais
ça fonctionne. Nous n’avons vu aucun accident, aucune touchette, aucun
agacement, aucun coup de klaxon énervé ni impatience. Pourtant, le trafic est
fluide. C’est vrai que ça ne va pas vite, mais on avance tout le temps. Nous
n’avons que très rarement été bloqués dans un embouteillage. La règle d’or des
Cambodgiens pour que cela roule ? Se faufiler entre les autres usagers de
la route, même si c’est à contre-sens ! Autant vous dire que cela surprend
la première fois que votre tuk-tuk s’élance sur la piste de gauche à
contre-sens pour finir quelques dizaines de mètres plus loin sur la piste de
droite, après avoir zigzagué entre plusieurs véhicules ! Mais comme tout
le monde reste très calme, il n’y a aucune raison de s’affoler…
Et oui, Phnom Penh c’est
l’attitude zen des Cambodgiens autour de nous, leur accueil sympathique, leurs
sourires et la cuisine exquise de leurs mets. Malheureusement, c’est aussi la
misère dans les rues. Mendiants, estropiés, victimes des mines, jeunes mères à
la rue, enfants trainant dans les déchets. Bouleversant. Le pays se relève
gentiment d’une guerre civile atroce, menée par un dictateur sanguinaire. Un
Pol Pot qui a fait vider les villes, fermer les écoles publiques, qui a forcé
son propre peuple à travailler aux champs et qui a fermé le pays au monde
extérieur. Du coup, Phnom Penh est devenu une ville fantôme, tout comme la
plupart des villes cambodgiennes. Le peuple se faisait exterminer par ses
dirigeants, et les dirigeants s’exterminaient entre eux. Des centaines de
milliers de mines anti-personnel ont été posées au bord des routes, dans les
champs, aux frontières. Par ailleurs, avant cette dictature, le pays a été
victime du bombardement excessif des Américains dans le nord-est du pays. Afin
d’empêcher les Vietnamiens de passer sur une route stratégique au Cambodge, les
Américains ont largué plus de bombes que le nombre de bombes lâchées durant la
deuxième guerre mondiale tous pays confondus ! Ajoutez à cela la guérilla
qui a suivi la fin du régime de Pol Pot et qui a duré jusqu’en 1998 (presque 20
ans), et vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’il reste cinq millions de
munitions non-explosées et cinq millions de mines dans le pays. Les prisons
actives dans le milieu des années 70 étaient des foyers de tuberculose.
Beaucoup d’enfants qui naissent aujourd’hui sont automatiquement contaminés.
Sans parler du tetanos, des épidémies de dengue et autres maladies tropicales.
Voilà la situation à laquelle doivent faire face les Cambodgiens aujourd’hui.
Heureusement, il y a des ONG, le
soutien de l’extérieur et l’entre-aide à l’intérieur du pays. Nous avons eu
l’occasion de visiter le musée des mines terrestres, près de Siem Reap. Un
ancien enfant-soldat Khmer Rouge, qui a posé des milliers de mines pour gagner
son pain quotidien, est devenu démineur. Il en aurait désamorcé 50'000, dont
énormément avec un simple bâton et une tenaille. Il a gardé ses trophées et la
« collection » est devenue ce musée. Par ailleurs, il recueille des
victimes de mines, trop pauvres pour s’instruire et vivre décemment. Il gère
donc une petite école de 36 élèves, qui sont ensuite insérés dans la vie
professionnelle. Cet homme a un courage et une volonté de faire le bien qui est
exemplaire ! Si vous voulez plus d’informations, allez consulter le site
internet suivant :
Autre exemple de solidarité hors
du commun : Beat Richner, un médecin suisse vivant au Cambodge depuis de
nombreuses années et qui a construit des hôpitaux pédiatriques à Phnom Penh et
à Siem Reap. Nous sommes allés à son concert hebdomadaire, durant lequel il
nous parle de ses hôpitaux. Il joue du violoncelle, d’où son surnom de Beatocello. Entre chaque morceau, il
nous donne les chiffres alarmant du nombre d’enfants que lui et son équipe,
composée de plus de 2000 Cambodgiens, soignent. Il nous explique comment
l’hôpital survit dans ce pays si pauvre, comment il continue à construire et à
se battre pour permettre aux enfants cambodgiens d’avoir un accès gratuit aux
soins. Oui, vous avez bien lu, un accès gratuit aux soins. Les consultations,
les interventions et les médicaments, tout est gratuit. Le trajet de la maison
à l’hôpital est même remboursé aux patients. Comment est-ce possible ? La
plupart des Cambodgiens a un revenu moyen de 1 dollar par jour, n’a ni compte
en banque, ni économies. Sachant qu’une nuit à l’hôpital pour un enfant coûte
240 dollars, et que l’état cambodgien participe à raison de 10% au budget de
l’hôpital, comment est-ce possible d’offrir un accès aux soins gratuit ?
Grâce aux dons. 90% du budget de l’hôpital provient des dons ! Beat
Richner se bat quotidiennement pour récolter des fonds, et on ne peut pas dire
qu’il n’y met pas du sien, puisque tous les samedis, il joue à Siem Reap pour
gagner quelques sous. L’entrée est gratuite, avec collecte à la sortie.
Quelques sous… ? Ce simple concert rapporte cinq millions de dollars par
année ! C’est bien sûr largement insuffisant pour faire tourner l’hôpital.
Si vous avez envie d’en savoir plus et de donner un peu d’argent dans un projet
qui en vaut vraiment la peine et où vous pouvez être sûrs que votre don sera
utilisé à bon escient, voici le site internet de Beat
Richner :
Cet article vous donne un petit
aperçu de la situation du Cambodge. Nous étions bien au courant qu’il est l’un
des pays les plus pauvre d’Asie, et même le plus pauvre d’Asie du Sud-Est, mais
d’y vivre un mois nous a plus d’une fois bouleversés. Ressortir d’un musée et
d’un concert la gorge nouée, rentrer d’une visite d’un village sur pilotis
extrêmement pauvre, voir une mère nourrir son nourrisson à l’aide d’une canette
de soda, tout cela nous fait beaucoup réfléchir et nous révolte. Comment l’être
humain a-t-il pu être si destructeur et mettre le Cambodge dans une situation
si dramatique ? Nous avons la bonne impression que le pays se relève, mais
il reste tant à faire…
Dans le prochain article :
une île déserte, des régions splendides, les temples d’Angkor et de belles
journées passées avec les parents de Valentin !
Coucou, vous avez mis les bons mots sur les sentiments contrastés ressentis entre joie, plénitude et l'impression de précarité et de vie de labeur intense. Emotions également au concert de Beatocello et à son témoignage.
RépondreSupprimerMais je n'oublierai jamais les sourires illuminant le visage du peuple cambodgien et particulièrement celui des enfants.
Et nous revoici de retour dans nos contrées froides...sans petits cocktails pour nous réchauffer. Bisous
maman
D'un continent à l'autre ... quel contraste! Merci pour les nouvelles et de nous rappeler que nous avons la chance incroyable d'être né dans notre pays et de contribuer chacun modestement à son bien-être tout en donnant un coup de main aux autres.
RépondreSupprimerPapa du Clos
Super la photo du blog, quel beau lever de soleil, c'est majestueux!! Ce lundi matin, nous sommmes partis travailler sous la neige. Quel contraste!!
RépondreSupprimerGros becs de maman
Quelle émotion! Avec le trafic de la capitale, avec les enfants attandant avec leur maman devant l'hôpital du Dr Richner, avec le concert et les commentaires de Beatocello, vous nous avez fait revivre les instants précieux et tragiques et le courage des rares belles âmes qui tentent d'aider au mieux tous ces malheureux. MERCI !
RépondreSupprimerLes Lyonnais
Merci pour ce magnifique témoignage, bien loin des cartes postales. Beat Richner vient aussi en Suisse une fois par année pour donner un concert et récolter des fonds.
RépondreSupprimerJ'ai lu aujourd'hui cette phrase si vraie qui résume très bien ce que vous vivez: "Etre né quelque part, c'est toujours un hasard, mais grandir quelque part, c'est un repère pour la vie." Continuez de nous transmettre ce que vous voyez, ce que vous vivez!
Et soyez prudents. La routine du voyage fait baisser la garde, parfois, petit à petit. Restez sur vos gardes, on tient à vous! Bises