Bon ben voilà, la fin s’approche à grands pas et on profite
de poster le dernier article, lors de notre ultime escale à London Heathrow. Nous
avons passé 10 jours reposants et remplis de découvertes en Malaisie. Nous avons
appris à plonger, à faire du snorkeling et avons visité les fonds sous-marins.
Tortues, poissons clowns, poissons perroquets, raies, murènes, coraux,
barracudas, angelfishs, triggerfishs, giant puffer fishs, et on en passe.
Pourquoi les noms anglais ? Juste parce qu’on ne les connait pas en
français. En effet, on a suivi le cours de plongée Open Water en anglais, donc
autant vous dire qu’on a dû s’accrocher. Enfin, surtout Christelle, qui
appréhendait plus qu’un peu de s’enfoncer sous les eaux avec tout un
harnachement permettant de respirer. Un nouveau monde s’ouvre à nous. A 18
mètres de profondeur tout est complètement différent. On flotte entre deux
eaux, les bruits portent sur des centaines de mètres, on doit faire attention à
nos réserves d’air et tant la faune que la flore sous-marine sont vraiment d’une
beauté à part. En plus de découvrir ce nouvel aspect de notre planète, nous
avons profité de faire le point sur notre expérience qu’est notre année de
voyage en sirotant un jus de fruit, un cocktail ou autour d’un plat de fruits
de mer.
Près d’un an après notre départ en tour du monde, nous nous
sommes posé les questions suivantes et avons répondu sans se concerter l’un l’autre :
A refaire ?
V : Oui, sans hésiter ! Peut-être avec d’autres
modalités, d’autres pays (même si je retournerais avec plaisir dans tous les
pays de notre voyage, mais il y en a tant qu’il reste à découvrir) et
certainement en se fixant plus longtemps à un endroit pour avoir un aperçu plus
complet de la vie du pays. Mais je suis très content de la façon dont nous
avons voyagé et je ne regrette pas d’avoir vu autant de pays même si dans
certains endroits j’aurais voulu passer plus de temps. Cela nous donne une
bonne raison de revenir…
C : Oui ! On a appris tellement de choses, vu
tellement de paysages fantastiques, découvert d’autres façons de vivre, de
croire, de s’organiser. Maintenant que je vois tout ce qu’on a vécu en un an,
je regretterais beaucoup de ne pas être partie. Et donc je repartirais
volontiers pour visiter tous les pays qui restent sur notre « to do
list ».
Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ce
voyage ?
V : De le partager avec
Christelle. Une année ensemble 24h sur 24 c’est vraiment génial. De pouvoir
partager toutes ces émotions, ces découvertes et ces cultures ensemble nous a
rendus encore plus proches. Certains me disaient, avant de partir :
« Allez-vous supporter d’être sans arrêt ensemble ? » Déjà avant
le voyage j’étais sûr que tout se passerait bien, mais je ne pensais pas qu’il
apporterait autant à notre couple. On se comprend tellement bien des fois, il
n’y a pas besoin de parler, on sait ce que pense l'autre. Cette année à deux
était un pur bonheur ! Nous en revenons plus proches que jamais, plus
amoureux et pleins de projets en tête.
C : D’être avec Valentin 24h/24h
et tous les jours. Sans lui, le voyage n’aurait pas été ce voyage, je n’aurais
certainement pas apprécié tous les bons moments de la même manière, car grâce à
lui, j’ai pu partager mes émotions. Et puis on est amoureux, alors c’est le
rêve d’être tout le temps ensemble, non ?
Quels événements ont provoqué les meilleures émotions chez
toi ?
V : Je garde le meilleur moment pour plus tard. Mais il
y en a eu tellement, en commençant par les au revoir du départ, les trips avec
les Canadiens (dont Seb’ qui essaie de s’accrocher à un pont en faisant du
rafting), notre rencontre avec l’ours, les premiers pas au Machu Picchu, les
interminables couchers de soleil en Patagonie dont celui de Noël à Puerto
Natales (un cadeau magique dans un endroit magique), les chutes de glace
du Perito Moreno, notre arrivée au pied
des Torres del Paine, les soirées tango à Buenos Aires, le match Djokovic-Berdych
à l’open d’Australie, les retrouvailles avec mes parents au Cambodge, le trek
des Annapurnas en entier, la grande Muraille de Chine, notre chevauchée dans la
vallée de l’Orkhon en Mongolie (un rêve qui se réalise), la rencontre avec un
loup au lac Khubusgul (un deuxième rêve qui se réalise). Je m’arrête là car
sinon on pourrait y passer la nuit…
C : Bien sûr il y en a eu pleins et certainement que je
vais oublier d’en lister quelques uns. Il y a l’instant où un immense bloc de
glace vacille, puis s’écrase juste devant nos yeux alors que nous allions
quitter le Perito Moreno, en Argentine. Il y a aussi la montée d’adrénaline
lorsque nous grimpons depuis 1h dans un pierrier pénible, entourés de nuages
bas, et que soudain se dévoilent les Torres del Paine derrière un petit lac
d’altitude magnifique (Chili). Les premières minutes sur une jonque dans la
Baie d’Along au Vietnam, dans un décor incroyable, au milieu de tous ces pics
karstiques entourés d’eau. La descente en rafting avec Lynne et Sebastien au
Canada, et en particulier quand mon super cousin s’est installé à la barre et a
fini les quatre fers en l’air à l’avant du bateau… on a bien ri ce
coup-là ! En Argentine, lorsque le gaucho qui nous guide à cheval me jette
un coup d’œil signifiant « On fait la course ? » et que mon
cheval part au galop à fond ! La veille de Noël, nous avons couru au port
à Puerto Natales, au Chili, pour voir le plus beau coucher de soleil du voyage.
Quel beau cadeau de Noël ! A Pékin, déguster un canard laqué et avaler une
bouchée de peau grillée trempée dans du sucre. En Mongolie, chevaucher avec mes
parents au bord de la rivière Orkhon et voir des yaks entrain de s’abreuver
dans la rivière. Et tous les moments incroyables qui ne me viennent pas en tête
au moment où j’écris ce texte…
Si tu devais faire un repas avec les meilleurs ingrédients,
quel serait-il ?
V : Du dhal bat à 10 heures et du dhal bat à 18 heures…
Non sérieusement je crois que je vais plutôt vous proposer la journée culinaire
parfaite du voyage :
Au petit déj’ : Un jus de fruits de la passion du
marché de Sucre en Bolivie, des tartines au Dulche de leche et à la confiture
de Calafate sur du pain argentin.
Au Dîner : Des rouleaux de printemps du Vietnam
en entrée, suivis d’un bife de chorizo argentin accompagné de quinoa des hauts
plateaux andins et de pousses de soja chinoises. Le tout avec un bon verre de
Malbec. Et en dessert une mangue du Cambodge avec un café dans le petit café charmant
au pied du volcan Villarica.
Au souper : Un mojito en apéritif avec des empanadas
de Salta en amuse-bouche, suivis d’une entrée de fruits de mer des îles
Perhentian en Malaisie. Un canard laqué de Beijing en plat principal. Du
fromage de yak du Népal et une glace fruit de la passion d’Argentine et s’il
reste un peu de place un gâteau aux pommes de la tenancière de la lodge de
Bragha sur le trek des Annapurnas.
C :
Entrée : 2-3 empanadas de Salta en
Argentine, au fromage, au poulet ou aux légumes
Plat principal : un canard laqué pékinois avec
sauce aux prunes, petits légumes et crêpes fines, avec un jus de citron et
menthe cambodgien.
2ème plat
principal : des
rouleaux de printemps vietnamiens avec fruits de mer et riz, et un jus de
fruits de Sucre en Bolivie.
Plat principal de
consistance :
un steak argentin avec frites et légumes, et un bon verre de vin !
Dessert : un tiramisu de chez Bubu sur
l’île Kecil en Malaisie, puis un Apple Pie népalais fait dans une lodge
d’altitude.
Avec l’expresso du café tenu par une gentille dame
près du volcan Villarica au Chili : une barre de chocolat Milka achetée au
Chili également !
Quoi, ça fait un peu trop pour un repas ? Moi je ne
trouve pas…
Quand as-tu eu le plus peur ?
V : Lorsqu’au milieu du désert d’Uyuni, notre chauffeur
a mis les deux roues droites dans le sable et l’arrière a commencé à rattraper
l’avant. On a frisé le tête-à-queue, le tout à environ 90km/h…
C : Il y a eu trois gros événements pour moi.
Premièrement, l’ours croisé sur un chemin au Canada. J’ai bien cru que j’allais
m’écrouler sur moi-même… Ensuite une suspicion d’anévrisme, thrombose ou autre
truc très bizarre dans une de mes jambes alors qu’on est sur une île déserte, à
6h de l’hôpital le plus proche, au Cambodge. Et l’instant où je me lève au
milieu de la nuit dans notre chambre d’hôtel à Hanoi et que je surprends un
voleur à côté de notre lit ! Les battements de mon cœur s’accélèrent, rien
que d’y penser…
LE meilleur moment ?
V : Au pied d’un stupa à Ghyaru avec Annapurna II et
Gangapurna en face, le village de Ghyaru
et la vallée en contre bas, bref un panorama inoubliable où nous sommes
seuls au monde. Un moment parfait, et une réponse… OUI ! Nous voici
fiancés.
C : Un certain jour d’avril, au Népal, dans un hameau
perdu à 3600m, à côté d’un stupa et face à un paysage grandiose de montagnes
himalayennes, lorsque Valentin m’a demandée en mariage. Il a vraiment bien
choisi son moment, car c’était bel et bien le meilleur du voyage ! Et bien
sûr que je pourrais relater cet événement dans ceux qui m’ont provoqué les
meilleures émotions, car je n’ai jamais été si heureuse et émue !
Quels enseignements tirer ?
V : Difficile de faire le tour… Ça viendra certainement
avec le recul. Mais comme ça à chaud je dirais que ce voyage nous a ouvert les
yeux sur d’autres façons de vivre, sur d’autres coutumes, d’autres croyances,
d’autres réalités de notre monde. Nous avons pu apprendre l’espagnol et
perfectionner notre anglais. Ce qui me vient le plus souvent à l’esprit est la
chance qu’on a d’être nés en Suisse plutôt que dans des pays en voie de développement
ou même dans d’autres pays d’Europe. Je me rappelle encore me sentir mal à l’aise
de dire à deux Espagnols fraîchement diplômés de l’université que je retrouve
mon travail après une année de voyage et qu’eux sont contraints de quitter leur
pays pour trouver du travail car le taux de chômage des 25-30 ans est autour de
50%... D’autre part nous avons une qualité de vie incroyable avec de bonnes conditions
sanitaires et une conscience écologique qui n’est pas assez mise en avant. Même
dans d’autres pays développés comme le Canada l’écologie est moins prise en
compte surtout en ce qui concerne la voiture et la consommation électroménagère.
Et que dire des pays en voie de développement… Le sujet est complexe et je vais
m’arrêter là car ce que je veux dire c’est que je suis reconnaissant de la
chance que j’ai de vivre dans un pays comme la Suisse et j’essaierai de
repenser à certaines expériences et certains témoignages avant de râler sur des
sujets de petite importance.
C : Pour faire vite car il y en a tant… J’ai appris
l’espagnol et bien amélioré mon anglais. J’ai appris à plonger et réussi mon
premier papier dans ce domaine. Ça c’est pour les choses très concrètes.
Ensuite, il y a l’ouverture d’esprit que j’ai acquise, le fait de voir les
choses d’un autre point de vue, rester calme lors de situations tendues,
chercher des solutions lors de problèmes, s’ouvrir à des façons de faire, de
vivre et de croire qui sont différentes des nôtres. Apprendre aussi à connaître
les Français, les Anglais, les Australiens, les Américains, les Hollandais, les
Israéliens et bien d’autres voyageurs. Car en effet, les clichés que j’avais
sur certaines nationalités se révèlent ne pas être valables la plupart du
temps… Donc pour résumer : j’ai appris énormément de choses et souvent
très positives, d’où le fait que je repartirais volontiers pour en apprendre
encore davantage ! Ah j’oubliais… je crois qu’enfin, j’ai appris à rester
calme lorsque j’ai faim…
Voilà, le dernier article de notre voyage d’un an arrive à sa
fin… ça nous fait un peu bizarre de rentrer, mais qu’est-ce qu’on se réjouit de
manger une bonne raclette ! On en profite encore pour remercier les gens
qui nous ont suivis tout au long de l’année, que ce soit sur le blog, sur
skype, par e-mail ou en pensées. Ça nous a fait beaucoup de bien, car nos
proches et nos amis nous manquent.
Merci à ceux qui ont partagé un bout de voyage avec nous. Janine
et Willy qui nous ont rejoints au Cambodge-Vietnam, Pascal et Marianne en
Mongolie, Thomas et Emilie au Népal, en Chine et en Mongolie, Stéphane,
Virginie, Eloïse et Victor pour avoir partagé trois supers journées dans le
Salar d’Uyuni, Catherine qui nous a accueillis avec beaucoup de générosité et
nous a fait découvrir le Victoria en Australie, Nicole, André, Lynne et
Sébastien avec qui on a passé des moments inoubliables au Canada. Et aussi un
grand merci à toutes ces personnes qui ont croisé notre chemin et qui ont rendu
notre voyage unique : le marchand de thé à Kathmandou, l’Argentin d’Esquel
qui nous a dit de bien saluer Roger Federer, les propriétaires d’une lodge au
Népal qui nous ont parlé avec sincérité de leur pays et on s’arrête là car la
liste serait trop longue.
Nous concluons ce blog par quelques situations cocasses qui
nous font encore sourire même 11 mois après pour certaines…
- - Lors de notre deuxième vol en regardant par le hublot,
Christelle dit : Tu as vu le bout des ailes sont recourbés, ils vont les
déplier avant le décollage… Hahah, sacrée Christelle !
- Rando dans les rizières en Chine et passage par une petite
forêt. Valentin regarde tellement où il met les pieds qu’un tronc d’arbre
traverse par hasard le chemin et lui percute violemment la tête… à tomber à la
renverse !
- « Qui veut essayer un truc vraiment stupide ? »,
dit le guide de rafting. « Moi ! », répond Seb. « Tu
croches ta pagaie sous le pont qui passe au-dessus de l’eau et tu t’y suspends.
Lorsque le 2e bateau de raft passe sous toi, tu redescends,
ok ? ». « Ok ! ». Seb a tenu 3 secondes au bout de sa
pagaie avant de se retrouver au milieu d’une rivière gelée !
- Dans une yourte en Mongolie, Valentin casse les œufs pour une
omelette dans un récipient. Enfin le dernier œuf est cassé et voilà que par
maladresse (sacré Valentin !), tout se renverse sur la belle moquette
mongole… heureusement qu’il nous a ramené une truite, sinon, pas de
souper !
- Dans la Baie d’Along, nous nous baignons. Janine nous
rejoignant en sampan (petite barque) assise sur le bord, et voulant descendre sur
la plage, elle reste malencontreusement crochée au bord. Résultat : à plat
ventre dans 1m d’eau à nous faire une brasse coulée digne de Michael Phelps.
- Le lendemain d’un après-midi entier de lessive à l’eau gelée,
nous repartons pour une journée de trek sur le circuit des Annapurna. Le but de
la journée est de monter à un lac à 4600m d’altitude pour s’acclimater. Une
fois arrivé au lac après 3 heures de grimpette, je vois encore l’image de
Christelle les quatre fers en l’air au-dessus d’une flaque de boue avec ses
habits encore propres (pour une fraction de seconde)… Autant vous dire que l’après-midi
a été consacré à une nouvelle lessive. Et même le sac à dos y est passé.
Voilà cette fois la boucle est bouclée. Mais il reste tant de
choses à découvrir…