Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

mardi 27 novembre 2012

San Pedro d'Atacama, Chili


Après une bonne nuit de sommeil à San Pedro d’Atacama, où nous avons pu récupérer de notre escapade dans le sud de la Bolivie, nous sommes fin prêts pour rouler à vélo dans la vallée de la lune. Cette dernière porte bien son nom et se trouve au milieu du désert d’Atacama. Départ 10h, en fait c’était 11h mais on n’a pas pensé à régler nos montres à l’heure chilienne. Du coup on s’est retrouvé au milieu du désert à midi… Vous imaginez ? En fait, avec assez d’eau et de crème solaire ce n’était pas si terrible que ça en a l’air. Et en général les gens viennent soit tôt le matin, soit à partir de 16h. Nous étions donc seuls, seuls sur la lune. Quels paysages magnifiques, imaginez le désert le plus aride du monde (pas le plus chaud) avec des dunes, du sable, du sel, des rochers et de la rocaille qui sortent de terre à cause des mouvements des plaques tectoniques il y a des milliers d’années, et en arrière fond des volcans. Les sommets de ces derniers sont jaunes, rouges, gris, certains sont recouverts de neige et d’autres fument un peu. Parmi ceux-ci, le volcan Licancabur se dessine plus haut que tous et avec une forme digne d’un manuel de volcanologie, tellement son cône est régulier. Et nous deux avec nos VTT, seuls au milieu de ce décor, on pédale, on marche et on apprécie d’être que les deux, sans guide, sans 4X4, nous, avec comme seul moyen de locomotion nos mollets, et la nature. Après une bonne trentaine de kilomètres nous sommes de retour à San Pedro. Une douche fraîche, un poulet à la broche et nous sommes prêts pour repartir à la découverte des étoiles. Cette région du Chili est propice à l’observation du ciel la nuit. En effet, au milieu d’un désert il y a peu de pollution lumineuse et comme nous sommes en altitude les étoiles ressortent d’autant plus. Et finalement San Pedro dispose de 300 nuits sans nuage par année ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’un des plus grands projets au monde en terme d’astronomie est en construction à quelques kilomètres de là : Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) se composera (d’ici 2013 en théorie) de 66 télescopes, chacun d’un diamètre de 7 à 12m, qui seront reliés entre eux (parfois à plus de 15km d’écart). Et tout cela se passe à 5000m d’altitude. Cela permettra (et permet déjà un peu), des images du ciel incroyables et révolutionnaires. Un article intéressant à ce sujet sur le site du National Geographic. Revenons à notre petite leçon d’astronomie pour débutants. Une fois arrivés sur place le guide commence à nous souhaiter la bienvenue et il nous pointe directement, avec son laser vert super puissant, la Station spatiale internationale (ISS) qui passe dans le ciel à ce moment-là ! Ça ressemble à une grosse étoile qui se déplace assez vite dans le ciel. Comme entrée en matière, c’était plutôt sympa ! Ensuite, le guide nous explique le ciel du Sud (il n’y a pas de Grande Ourse), les différents calendriers que l’on peut avoir dans le ciel (solaires, lunaires etc…). Par exemple, la révolution de la Lune dure 28 jours, celle de la Terre autour du Soleil 365 jours. Ce qui serait super, c’est de faire une année de voyage dans le calendrier de Jupiter, ce qui équivaut à 12 ans ! Comme si 365 jours ne nous suffisaient pas… hihi ! Ou alors de vivre jusqu’à 80 ans de Jupiter… Nous apprenons aussi comment Copernic a su que la Terre n’était pas le centre de l’univers, en effet les planètes et les étoiles ne font pas le même trajet dans le ciel et ne peuvent donc pas avoir un centre commun qui serait la terre. Pour finir, nous pouvons observer le ciel au travers de 10 télescopes, une merveille. En plus nous avons eu droit à trois étoiles filantes et un chocolat chaud avec du vrai lait pour conclure cette journée, une des meilleures de notre voyage pour l’instant !

Le lendemain, après un rapide changement d’hôtel, mieux pour moins cher, nous partons faire du Sandboard dans la vallée de la Muerte à 4km de San Pedro. Le concept est simple, une dune, un vieux snowboard, des souliers de marche, de la crème solaire et de bons mollets pour grimper en-haut de la dune. Une fois en-haut, c’est parti pour une descente. Ça glisse moins bien que la neige mais c’est sympa. A la fin de la journée, Valentin qui n’avait jamais fait de snowboard enchaîne quatre virages sur la même descente sans tomber. Ensuite nous montons sur une formation rocheuse pour boire un pisco sour (le cocktail traditionnel ici) et admirer le coucher du soleil. Un moment sympa avec deux Allemands, un Chilien et un Anglais. Nous en profitons pour échanger sur les coutumes et nos visions des choses dans nos pays respectifs. Vraiment intéressant de pouvoir échanger nos points de vue.

Le lendemain réveil à 4h du matin pour aller en bus jusqu’au parc géothermique du Tatio à 4300m afin d’admirer les geysers. Le réveil matinal a le dessus sur Valentin qui oublie son bonnet, ses gants, et sa veste. Il monte donc avant le lever du soleil à une telle altitude où il gèle, en pull… Arrivés à destination quelque peu avant 6h, il fait vraiment froid, heureusement Christelle prête son bonnet à Valentin et met son capuchon. Ah… Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour son chéri… Les geysers sont vraiment beaux et c’est impressionnant de voir ces sources d’eau qui jaillissent de terre à intervalle régulier. Après un petit-déjeuner au lever du soleil qui réchauffe « Youpi-matin », alias « Tête de linotte », nous avons l’occasion de nous baigner dans une source d’eau chaude géothermique. L’expérience n’est pas très agréable. L’eau dans sa globalité est froide et lorsqu’il y a des gisements d’eau chaude, elle est brûlante. Mais cela a le mérite de premièrement réveiller « Youpi-matin » et d’autre part de le réchauffer. Ensuite nous retournons à San Pedro en bus en admirant sur le chemin quelques « cardones » (les cactus de Lucky Luke).

L’après-midi nous repartons en vadrouille direction les lagunes du salar d’Atacama. Au menu trois lagunes qui sont présentent au milieu du désert d’Atacama. L’eau provient de la cordillère des Andes et arrive par un réseau de nappes phréatiques jusqu’à la surface du désert. La première de ces lagunes est au milieu du salar et est plus salée que la Mer Morte. Quelle impression étrange que de flotter sans bouger, c’est presque angoissant de ne pas pouvoir faire ce qu’on veut dans l’eau. A la sortie, le short de bain de Valentin se transforme bloc de sel après avoir séché au soleil. La deuxième lagune est beaucoup moins salée et le guide nous rappelle qu’il faut nager (!). En plus la lagune est extrêmement profonde car elle descend directement au réseau souterrain. Et la troisième ne fait que 15cm de profond sur une étendue de sel. Du coup, après une petite promenade à deux sur la lagune nous avons les pieds blancs. Pour finir la journée, pisco sour au coucher de soleil et bon repas au restaurant.

Finalement le lendemain nous prenons le bus pour Salta, Argentine. Nous avons la bonne idée de nous rendre à l’arrêt de bus une heure trop tôt. On aurait bien aimé dormir un peu plus mais à San Pedro nous avons vraiment des problèmes d’horaire…

mardi 20 novembre 2012

Uyuni et le Sud Lìpez


1er novembre : nous arrivons en bus à Uyuni, petite ville qui semble être le bout du monde. En effet, elle est aux portes du désert de sel le plus grand du monde. Autour d’elle, tout est plat et blanc. Le soleil tape et les rues sont éblouissantes. Nous cherchons tout de suite un hébergement et tombons sur un petit hôtel très bon marché. Chambre avec lit double et une petite fenêtre qui donne sur la cour du bâtiment, douches à l’étage, de quoi suspendre sa lessive. Pas de petit déjeuner inclu, pas de wifi, pas de coffre-fort, pas de linge de douche. Un hôtel comme on en voit presque tous les jours et qui suffira largement pour une nuit. En effet, demain, nous quittons Uyuni pour un circuit de trois jours qui nous mènera au Chili. Après avoir visité trois agences de voyages, nous décidons de nous inscrire chez Atacama Mistica, sur conseil de deux Marseillais que nous avions croisés à Potosì et qui sont par hasard dans le même hôtel que nous. Le soir, nous passons une excellente soirée dans un bistrot où du jazz est joué en live et où nous mangeons une bonne pizza, avec les deux Français très sympatiques.

Le lendemain, c’est parti ! Le couple marseillais, deux Parisiens et nous, tous à peu près du même âge, sommes prêts à monter dans le 4x4 de notre guide. Inspection des pneus, de l’état général du véhicule et de notre guide et hop, on grimpe. Deux personnes à l’arrière, pliées en deux, trois autres au milieu à l’aise et une devant à côté du conducteur. Tout de suite, entre nous ça colle. On s’entend bien et on rit beaucoup ! Heureusement, car nous allons vivre trois jours presque 24h/24h ensemble, dont la moitié collés les uns aux autres dans le 4x4…

Première halte : le cimetière des trains. Peut-être que c’est parce qu’on est presque au bout du monde ? Des trains sont délaissés au milieu de nulle part, en décomposition. Pourquoi ? Bonne question… dans tous les cas, c’est l’occasion pour les touristes de s’amuser et de prendre quelques photos. Nous reprenons la route et nous allons tout droit dans le blanc. Au bout d’un moment, nous arrivons à l’île du poisson (car elle est en forme de poisson, avec un peu d’imagination). Surprise ! Il y a des cactus géants !!! Impressionnants, de toutes les formes, avec des fleurs, des petits oiseaux et pleins d’épines ! Autour de l’île, c’est le néant. En tout cas jusqu’aux premiers reliefs dessinés par des volcans, dont le Tunupa. Merveilleux et difficilement descriptible avec des mots… Après une petite balade et pleins de photos, nous poursuivons. Jusqu’à voir des polygones de sel sur le sol ! Stop-photos ! C’est l’occasion de rigoler un peu, mais surtout d’halluciner sur la beauté de la nature. En fin d’après-midi, nous atteignons notre hébergement qui s’avère être un hôtel… de sel ! Lits de sel, tables de sel, tabourets de sel, murs de sel. Une fois la nuit tombée, c’est irrésistible. Nous sortons et marchons tout droit sur l’immense étendue plane du désert. En courant, en fermant les yeux, en riant. C’est tellement plat qu’on ne risque rien. C’est tellement plat que le ciel est un géant. C’est tellement libre de pollution lumineuse que les étoiles n’ont jamais été autant nombreuses à nos yeux. C’est tellement bien qu’on se couche côte à côte et qu’on regarde, les yeux grands ouverts.

Après une nuit sur nos lits de sel, nous reprenons le 4x4 et filons à toute vitesse (d’ailleurs on aurait préféré rouler un peu plus lentement et avoir un peu moins de frissons dans le dos). Nous quittons le désert de sel et entrons un paysage différent. Autour de nous, volcans et lagunes. Terres ocres, rouges, jaunes, vertes. Au sol, des mousses, des pierres volcaniques. Au bord des lagunes, du sel, du souffre, des roseaux (et pleins de touristes !). Dans les lagunes… des flamands roses gracieux et magiques. D’ailleurs on ne sait pas où ils dorment car les lagunes gèlent la nuit. Peut-être dorment-t-ils sur une patte une nuit et l’autre la nuit d’après pour éviter les engelures... C’est vraiment de toute beauté ! Jamais on n’aurait pensé voir une nature pareille. On n’imaginait même pas que cela puisse exister…
Le soir, nous dormons à côté de la Laguna Colorada. Les minéraux présents dans le sol rendent les minuscules algues rouges ce qui donne une teinte rouge à l’eau. Assez fou. Par ailleurs, un vent à décorner des bœufs nous rend le retour à l’auberge difficile… heureusement, un bon apéro nous revigore : cuba libre avec du rhum acheté dans un bui-bui et des citrons verts que nos deux compères marseillais ont dans leur sac. Ça réchauffe, on vous le garantit ! Nuit en dortoir et réveil à 4h pour la dernière journée du circuit. Nous assistons au lever de soleil à travers la buée qui se forme dans le 4x4, puis au milieu des fumeroles ! Une fois de plus, nous n’avions pas imaginé voir un tel spectacle. Par des températures glaciales, des jets de vapeur sortent bruyamment de terre et à pleine puissance. A certains endroits, il y a des petits cratères remplis de boue grise et bouillonnante. Tout ça n’est pas très rassurant (surtout que des touristes, au propre comme au figuré, s’approchent dangereusement des cratères et, sachant que la terre peu céder à tout moment, vous imaginez le barbecue…). Nous nous croyons sur une autre planète. Nous continuons notre périple et nous arrêtons près de formations rocheuses dingues. Au milieu du désert, il y a du sable, des dunes et… des rochers de formes bizarres au milieu du sable ! Entre autre : l’Arbol de Piedra, qui comme son nom l’indique, ressemble à un arbre. On ne fait pas long, vent + sable = désagréable. Nous traversons encore quelques temps des paysages splendides et nous approchons du volcan Licancabur, qui culmine à 5595m (sympa pour les alpinistes qui ne peuvent pas dire qu’ils ont fait un 6000m !). Encore une ou deux lagunes et nous voilà déjà au poste frontière avec le Chili. Nous quittons nos compagnons de voyage français avec un léger pincement au cœur : on a vraiment passé trois jours extraordinaires ensemble ! Ils continuent vers Uyuni, nous montons dans un minibus pour San Pedro de Atacama. Une heure plus tard, changement de monnaie, de climat (il fait super chaud), de prix sur les terrasses… Nous sommes au Chili !

dimanche 18 novembre 2012

En route pour Sucre et Potosi


Après avoir crapahuté dans les Andes pendant 4 jours, nous nous envolons pour Sucre, capitale de la Bolivie. Arrivés à l’aéroport de la Paz, nous faisons la file pour payer la taxe d’aéroport qui n’est pas incluse dans le billet. Après 15 minutes de queue on nous dit « check in first »…Donc nous nous mettons dans la file d’attente pour l’enregistrement. Quarante-cinq minutes plus tard nous voilà enregistrés et prêt pour se remettre dans la queue afin de payer la taxe d’aéroport. Ce serait tellement plus simple de tout inclure dans le billet… Une fois dans l’avion, un Boeing 727 qui a déjà quelques heures de vol, nous nous apprêtons à décoller. Le pilote n’attend pas d’être dans l’axe de la piste pour mettre les gaz : il accélère dans le virage et l’avion s’arrache péniblement du sol 4km plus loin et juste avant la fin de la piste. A 4000m d’altitude la portance est nettement moindre et l’avion doit atteindre une vitesse très élevée pour décoller. Le vol est simplement splendide, nous passons juste à côté du sommet de l’Illampu, une montagne qui surplombe La Paz a environ 6400m. La vue est magnifique et nous suivons pendant un moment la cordillère des Andes. Après 4 heures de vol et une escale nous atterrissons à Sucre à 3000m d’altitude. A cette hauteur l’atterrissage est aussi impressionnant. L’avion doit avoir une vitesse d’approche plus élevée et on a l’impression qu’il se présente comme un bolide face à la piste. Une fois qu’on a touché le sol tout l’avion tremble (l’intérieur de la cabine est assez vieux et branlant) et on a l’impression qu’on va le laisser en pièce détachée à la fin de la piste…

Une fois arrivée à Sucre nous découvrons avec plaisir cette capitale qui est calme, sereine, belle avec ses bâtiments coloniaux blancs et ses églises. Après une nuit dans un hôtel qui a soit disant un wifi (ça ne fonctionne pas !) et qui de plus est pas terrible, nous changeons pour une maison d’hôte paisible, sympathique et bien équipée. Nous nous faisons même à souper pour la première fois depuis notre départ. Quel plaisir de concocter un bon petit plat ! Nous passons quelques jours dans cette ville à flâner, déguster des jus de fruits faits sur les étals du marché, dîner sur les terrasses ou dans un parc, assister à un concert de guitare dans un bar de la ville et découvrir les danses folkloriques boliviennes dans un souper-concert de l’espace culturel. Nous visitons aussi un beau couvent et le musée de la nation qui raconte l’histoire de la naissance de la Bolivie et de son libérateur Simon Bolivar. Cette ville est vraiment reposante, avec des espaces verts, un marché fourni et coloré, des bars avec des terrasses dans des patios ombragés. Nous avons aussi pu visiter le marché dominical de Tarabuco. Il est assez réputé car tous les artisans et agriculteurs viennent à pied depuis leur région et en costume traditionnel, ce qui marque leur appartenance ethnique, vendre leurs produits. Il y a surtout, hormis les denrées alimentaires telles que patates et quinoa (on ne peut rien cultiver de plus à cette altitude), des tissages traditionnels et des lainages de lamas et d’alpaca. Ce jour-là, nous comprenons un peu mieux encore, qu’économiser l’eau est vraiment important. En effet, Tarabuco étant dans un désert, cela fait 2-3 semaines que les habitants ne peuvent plus se doucher. D’ailleurs, les toilettes publiques sont fermées car il n’y a plus d’eau. Les gens attendent avec patience et résignation qu’il pleuve…

Ensuite, une autre ville nous attend : Potosi qui a fait la richesse de l’Espagne coloniale et qui était selon les dires la plus grande ville des Amériques entre 1545 et 1825. L’argent issu du Cerro Rico en est la raison. Durant cette période Potosi était une ville coloniale splendide avec beaucoup d’églises et de bâtiments richement décorés. Les indiens et les esclaves africains ont été obligés de travailler par roulement de 12 heures dans les mines et ils passaient 4 mois sous terre sans voir la lumière du jour pour enrichir le royaume d’Espagne. Actuellement les mines sont encore en activité mais pour le cuivre à la place de l’argent. Les conditions de travail, bien que meilleures, restent très précaires. C’est « Germinal » en 2012. Les mineurs passent 12 heures sous terre sans protection particulière, sans manger car il y a trop de vapeurs toxiques et ne trouvent de l’énergie que dans les feuilles de coca qu’ils mâchent sans cesse, les cigarettes et l’alcool. Leur espérance de vie est de 45 ans et s’ils ne meurent pas d’un accident dans la mine c’est la silicose, une maladie pulmonaire causée par les vapeurs de silice, qui a raison d’eux. Des agences touristiques organisent une visite des mines et il est coutume d’apporter des cigarettes ou de l’alcool aux mineurs pour pouvoir discuter avec eux de leurs conditions de travail et de vie. Nous nous refusons de faire cette visite pour des raisons évidentes : C’est du voyeurisme, une mine n’est pas un zoo, c’est dangereux, les vapeurs sont toxiques, etc. En plus l’argent va uniquement à l’agence de voyage qui organise cette activité et les mineurs ne reçoivent rien.

De son côté la ville a perdu sa splendeur d’antan et les bâtiments sont mal entretenus, vieux et la plupart sont en rénovation depuis des lustres. La ville est assez morte et les seules visites qui valent la peine sont deux couvents et la « Casa de la moneda » qui raconte l’histoire de l’argent depuis la sortie des mines jusqu’à la frappe des pièces de monnaie.

Ces deux villes que tout oppose nous ont offert un petit aperçu du folklore et des différents styles de vie des Boliviens sur les hauts plateaux. Très intéressant !

dimanche 11 novembre 2012

Trekking dans la Cordillera Real

La Paz est un point de départ idéal pour se rendre dans la Cordillera Real, qui se trouve tout près. C’est pourquoi une fois « installés » dans cette ville, nous nous sommes renseignés concernant les différentes possibilités de trek et avons opté pour un tour de quatre jours. Dans le fouillis des agences de trekking, pas toutes compétentes, nous en avons choisi une qui nous paraissait correcte et qui de plus était citée dans un guide de voyage.

Nous partons un dimanche matin à 9h avec un taxi et notre guide jusqu’à Tuni, un hameau isolé au milieu de nulle part et qui sera le point de départ de notre marche. Nous commençons par dîner sur un caillou en attendant que les deux mules transportant nourriture, tente, eau, réchaud et sacs de couchages soient chargées. Puis nous partons dans un paysage splendide, fait de lagunes, pâturages à lamas et monts enneigés. Trois heures plus tard, nous montons la tente à côté d’un refuge et au bord d’un lac, à 4700m. La tente est de bonne qualité et très spacieuse, mais quelle surprise, par ce gros vent, de découvrir avec stupeur qu’il n’y a aucune sardine à planter ! Notre guide, tout à fait à l’aise, nous la fixe avec les gros cailloux du coin… et à vrai dire, c’était bien plus simple que des sardines, et plus efficace ! Nous passons la soirée à discuter en espagnol avec un couple de notre âge de Barcelone et un Italien alpiniste, pendant que les guides sont de leur côté. Pour la petite histoire, l’Italien a gravi l’Aconcagua en solo il y a quelques années, entre autres sommets de plus de 6000m. Quant aux Espagnols, ils nous expliquent toute leur détresse de terminer leurs études supérieures avec un excellent papier en poche, mais la quasi certitude de ne pas être embauchés à leur retour au pays, après un mois de bénévolat en Bolivie.

Après une nuit pluvieuse, venteuse et glaciale, la fermeture éclair de notre tente est verrouillée par la glace… pas très pratique. Aujourd’hui, c’est le grand jour : nous allons gravir le Pico Austria, un sommet de 5300m pas du tout connu car très facile. Mais pour deux randonneurs qui ne veulent pas faire d’alpinisme, c’est justement ce qu’il nous faut ! Après avoir tranquillement fait le tour du lac, les choses sérieuses commencent. Heureusement, notre guide ne lésine pas sur les pauses et nous avons donc souvent l’occasion de reprendre notre souffle. La montée dure trois heures, puis nous voilà au sommet ! Vue à couper le souffle ! Glaciers, Lac Titicaca au loin, Mont Condoriri, Mont Huayna Potosi (à plus de 6000m), Mont Sajama (plus haut sommet de Bolivie, à 200km de nous), notre tente tout là-bas en-bas et même… un condor majestueux ! Nous profitons pleinement de ces instants puisque nous dînons au sommet ! En effet il ne fait pas froid et beau temps, autant en profiter. De son sac, notre guide sort : trois assiettes, des services en métal et sa casserole ! Riz, tranches de viande, ketchup, mayonnaise, tomates et oranges. Il a porté tout ça pour nous ! Nous mangeons donc très bien, puis redescendons au camp. Là, le condor nous fait la joie d’être à nouveau au-dessus de nous, accompagné par un copain qui plane juste devant nous ! Moment magique… Seule ombre au tableau : les maux de tête, très violents pour Valentin. Nous hésitons, mais décidons de continuer la randonnée comme prévu pour les prochains jours. Nouvelle nuit très froide, mais c’est tellement beau de dormir dans ce décor, et surtout, de voir les étoiles la nuit.

Le troisième jour, nous levons le camp et marchons pendant six heures. Six heures de marche en Suisse ne posent aucun problème. Six heures de marche dans les Andes entre 4700m et 5000m, c’est différent. Le souffle est court, les pas plus lents, .les changements de temps se ressentent et nos têtes sont très sensibles. Nous arrivons donc au camp exténués et abattus par les maux de tête. Notre guide est lui aussi malade (heureusement que nous avions quelques médicaments pour soigner toute l’équipe !). Nous montons la tente (à l’intérieur d’un petit refuge) sans un mot puis nous couchons pendant quelques heures. Le guide, lui, prépare de l’eau et le souper sur son petit réchaud à essence. Pas de répit pour celui qui chaque matin, se lève vers 4h30 pour préparer les dîners qu’il portera la journée pour nous. Cela nous procure d’ailleurs un drôle de sentiment, d’autant plus que sa femme, restée à la Paz avec son fils, est sur le point d’accoucher et que la région où nous sommes n’a aucun réseau lui permettant de la contacter (et comme nous n’avons pas de radio…). Oui, c’est son travail et il l’a choisi, mais tout de même, il mène une vie bien difficile. Cependant, il est vraiment sympathique et nous transmet son amour pour son pays tout en nous expliquant son histoire et son actualité le soir à la lueur d’une bougie.

Pour le dernier jour de randonnée, nous contournons le Huayna Potosi, majestueux. Nous passons également à côté des entrées d’anciennes mines laissées à l’abandon. En effet nous sommes dans une région qui était très riche en minéraux de toute sorte. Difficile d’imaginer que des hommes vivaient dans ces contrées si reculées pour extraire souffre et argent, entre autres. Les seules preuves de cette vie sont les ruines de maisons en terre, les routes inutilisées et quelques trous. Nous arrivons près des refuges accueillant les alpinistes prêts à gravir le Huayna Potosi et notre taxi vient nous chercher. Durant le chemin du retour à la Paz, nous passons cette fois à travers un village de mineurs abandonné. Ce qui choque ? Le cimetière presque aussi grand que le village… et l’eau du lac en contrebas qui est de couleur étrange : pollution due aux mines ou simplement présence de minéraux ?

De retour à la Paz, nous faisons le bilan de nos quatre jours. Des marches exigeantes et pénibles à cause des maux de tête, MAIS ! Autant de lamas que de vaches en Suisse, des alpagas ce qui est plutôt rare, deux condors, des sommets enneigés imposants, un guide calme et intéressant, des nuits sous tente à 4700m et par températures négatives, des espaces silencieux et où nous étions seuls au monde. Nous avons vraiment beaucoup aimé ces journées dans la nature et en altitude, et savons désormais qu’aller plus haut ne serait peut-être pas une bonne idée pour nous.

jeudi 1 novembre 2012

La Paz

En car, nous approchons la Paz par El Alto, « le haut » de la Paz qui compte un million d’habitants. C’est la périphérie qui se trouve en-haut de la ville, à plat sur l’altiplano. Il y a du monde partout, des petits commerces qui vendent tout et n’importe quoi, une route pleine de nids de poule, des gaz d’échappement, du bruit, des queues de poisson, freinages, klaxons, virages… pfff… puis enfin, nous approchons du « gouffre » ! La route tournoie dans la longue descente qui mène au centre de la Paz. C’est assez fou et presque inquiétant… on a l’impression de descendre dans un terrain de Pyramides d’Euseigne, en géant. Cette ville (deux millions d’habitants en tout) est en effet construite dans un canyon formé par l’érosion. Les maisons sont accrochées aux pans de terre et on se demande si lors des prochaines pluies elles tiendront le coup. Il paraît d’ailleurs que c’est chaque année assez dramatique durant la saison humide. Particularité de la Paz : les riches vivent en-bas, les plus démunis en-haut. Et oui, l’altitude est la règle d’or ici. En-bas : 3700m, en-haut : 4100m. 400m de dénivelé, ça compte beaucoup à cette altitude, surtout au niveau du climat. Nous, on est au milieu mais ça côte tellement qu’on doit parfois sortir du taxi pour qu’il puisse redémarrer… trop marrant ! Au Pérou et en Bolivie, on a souvent pensé que promouvoir le vélo serait bien pour moins de pollution. A la Paz, on en parle en riant tant c’est raide !

Pour la petite histoire, la Paz a été fondée par les Espagnols. A la base, la première pierre a été posée à plusieurs km de l’actuelle ville, mais trois jours plus tard, les Espagnols se sont rendus compte qu’il faisait trop froid et que le climat était bien trop rude pour eux… ils se sont alors déplacés dans le canyon ! Désormais, El Alto est carrément dans cette région difficile au niveau du climat… et quand on voit les femmes en jupe et ballerines, on se demande bien comment elles font…

Notre première impression de la Paz (clairement due au quartier où nous sommes logés) ? C’est un marché géant à ciel ouvert. En effet, les trottoirs sont envahis par les marchands et leur petit stand. Il y a la rue des fruits, celle des légumes, celle des boutons, celle des lampes et ampoules (d’ailleurs ils devraient être dédommagés par les autorités car ils maintiennent la rue allumée en permanence !), celle des chaussures, celle des vêtements, celle des casseroles, celle des outils… bref, vous l’aurez compris, de nombreux marchands vendent les mêmes produits au même endroit ! Et avec tout ça, on ne peut plus marcher sur les trottoirs, donc on marche sur la route, donc les véhicules sont ralentis, ils klaxonnent, ils freinent, ils démarrent (à la montée), ils polluent, ça pue, c’est bruyant ! Et notre chambre d’hôtel donne sur la rue… hihi ! Que c’est beau de voyager !

La Paz est pour nous l’occasion d’organiser un trek dans la région, de se reposer et de faire quelques achats. Mais c’est aussi un séjour ponctué de belles surprises et de quelques aventures. A commencer par la rencontre complètement improbable et hallucinante de Luisa, la collègue de Christelle ! Eh oui, nous sommes à la Paz, deux millions d’habitants, des trottoirs séparés par d’immenses routes et bondés, un dédale de rues et ruelles et nous croisons Luisa et ses deux fils… Comme elle est Bolivienne, de la Paz, elle est rentrée voir sa famille durant ses vacances. Mais nous ne nous étions pas mis au courant de tout ça ! Nous allons donc boire un verre et manger les 4h, puis chacun repart de son côté. Belle surprise et incroyable hasard que de se tomber dessus… Que le monde est petit… Ensuite nous avions pensé, en descendant du car à la Paz, que ne reverrions plus Vincent et Alice. Donc à la descente du car nous nous sommes dit au revoir. Nous n’avions fait que de nous croiser et de faire les mêmes activités depuis Puno mais là, à la Paz, c’est beaucoup plus grand et donc peu probable de se croiser. Tu parles… Le lendemain de notre arrivée, nous choisissons un restaurant un peu romantique (pas d’éclairage électrique, seulement aux chandelles). Et voilà que nos deux compères se pointent 10 minutes après nous. Le lendemain, après avoir voulu manger dans un restaurant qui était fermé nous nous rabattons, par hasard, sur un autre bistrot. Et voilà que quelques minutes après avoir commandé Vincent et Alice arrivent ! Cette fois nous décidons de faire connaissance un peu mieux en partageant l’apéro et puis le repas, vraiment sympa. Ils partent le lendemain pour l’ascension du Huayna Potosi (plus de 6000m !) et nous partons deux jours plus tard pour notre trek. Nous partageons nos expériences de voyages et cette fois nous nous séparons pour de bon. Plus de nouvelles depuis. Nous ne savons pas comment s’est passée leur ascension et nos chemins se séparent car ils poursuivent leur périple dans la partie amazonienne de Bolivie et nous restons sur l’Altiplano. Mais qui sait, jusqu’en décembre, ils vont encore aller au Chili et en Argentine…

Vient ensuite la soirée suisse. Nous nous rendons dans le quartier résidentiel de la Paz, en-bas, pour déguster une bonne FONDUE !!! Le Chalet la Suisse est en effet un restaurant plutôt classe, tenu par un couple suisse. A la carte, menus de toutes sortes, sushis, plats boliviens et menus suisses. Nous en profitons donc pour faire le plein de fromage dans un cadre vraiment typique ! C’est bon et ça rappelle la maison…

La journée à oublier : on veut aller à Tiwanaku, voir des ruines intéressantes (celles qui ont inspiré Hergé pour Tintin et le Temple du Soleil). Départ pour le cimetière, où nous devons prendre un bus qui nous y amène. Le bus en question ne part que lorsqu’il y a au moins 7 personnes. Une heure d’attente plus tard, nous ne sommes toujours que deux et le chauffeur s’en contre-balance… Le timing devient un peu serré et nous décidons de repousser notre programme au lendemain. Nous rentrons à l’hôtel et faisons un peu d’administratif… et là, quelle blague ! Nous nous sommes fait pirater notre carte de crédit ! Nous la bloquons rapidement, puis nous nous rendons compte que la transaction douteuse n’était rien d’autre que l’achat d’un guide de voyage sur internet, fait par nos soins 10 jours avant la facturation… carte bloquée, nouvelle carte en Suisse (très utile…), nous avons grillé une cartouche pour rien… Heureusement, nous avons d’autres cordes à notre arc !

Cette fois-ci avec une agence, nous nous rendons à Tiwanaku. Petite déception car nous imaginions le site beaucoup mieux conservé. En effet, à part quelques pans de murs, 2-3 statues qui se courent après et un semblant de pyramide, il n’y a vraiment plus grand chose. Les Espagnols et le temps ont vraiment tout sacagé… notre guide étant un peu mou, cela n’aide pas à imaginer la splendeur de cette culture, et surtout celle du site, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. De retour à la Paz, nous faisons un aller-retour express jusqu’à l’aéroport (qui se trouve à 35min de taxi !) pour acheter deux billets d’avion pour Sucre. Evidemment, il n’est pas possible d’acheter cela en ville car c’est samedi, le site internet ne permet pas de réserver un billet en ligne et le numéro de téléphone indiqué pour réserver ne répond pas… bref, nous sommes en Bolivie, et malgré tous les points positifs, les paysages magnifiques, les gens sympathiques et les belles découvertes, ce n’est pas très bien organisé…

En parlant d’organisation, c’est pour une fois nous, bons petits Suisses toujours à l’heure, qui nous sommes plantés… et pour l’heure du rendez-vous de notre trek ! Heureusement, on est en Bolivie… et grâce à la patience de notre guide qui n’est pas parti tout seul, vous pourrez bientôt découvrir quelques belles photos et le prochain récit !