Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

dimanche 11 novembre 2012

Trekking dans la Cordillera Real

La Paz est un point de départ idéal pour se rendre dans la Cordillera Real, qui se trouve tout près. C’est pourquoi une fois « installés » dans cette ville, nous nous sommes renseignés concernant les différentes possibilités de trek et avons opté pour un tour de quatre jours. Dans le fouillis des agences de trekking, pas toutes compétentes, nous en avons choisi une qui nous paraissait correcte et qui de plus était citée dans un guide de voyage.

Nous partons un dimanche matin à 9h avec un taxi et notre guide jusqu’à Tuni, un hameau isolé au milieu de nulle part et qui sera le point de départ de notre marche. Nous commençons par dîner sur un caillou en attendant que les deux mules transportant nourriture, tente, eau, réchaud et sacs de couchages soient chargées. Puis nous partons dans un paysage splendide, fait de lagunes, pâturages à lamas et monts enneigés. Trois heures plus tard, nous montons la tente à côté d’un refuge et au bord d’un lac, à 4700m. La tente est de bonne qualité et très spacieuse, mais quelle surprise, par ce gros vent, de découvrir avec stupeur qu’il n’y a aucune sardine à planter ! Notre guide, tout à fait à l’aise, nous la fixe avec les gros cailloux du coin… et à vrai dire, c’était bien plus simple que des sardines, et plus efficace ! Nous passons la soirée à discuter en espagnol avec un couple de notre âge de Barcelone et un Italien alpiniste, pendant que les guides sont de leur côté. Pour la petite histoire, l’Italien a gravi l’Aconcagua en solo il y a quelques années, entre autres sommets de plus de 6000m. Quant aux Espagnols, ils nous expliquent toute leur détresse de terminer leurs études supérieures avec un excellent papier en poche, mais la quasi certitude de ne pas être embauchés à leur retour au pays, après un mois de bénévolat en Bolivie.

Après une nuit pluvieuse, venteuse et glaciale, la fermeture éclair de notre tente est verrouillée par la glace… pas très pratique. Aujourd’hui, c’est le grand jour : nous allons gravir le Pico Austria, un sommet de 5300m pas du tout connu car très facile. Mais pour deux randonneurs qui ne veulent pas faire d’alpinisme, c’est justement ce qu’il nous faut ! Après avoir tranquillement fait le tour du lac, les choses sérieuses commencent. Heureusement, notre guide ne lésine pas sur les pauses et nous avons donc souvent l’occasion de reprendre notre souffle. La montée dure trois heures, puis nous voilà au sommet ! Vue à couper le souffle ! Glaciers, Lac Titicaca au loin, Mont Condoriri, Mont Huayna Potosi (à plus de 6000m), Mont Sajama (plus haut sommet de Bolivie, à 200km de nous), notre tente tout là-bas en-bas et même… un condor majestueux ! Nous profitons pleinement de ces instants puisque nous dînons au sommet ! En effet il ne fait pas froid et beau temps, autant en profiter. De son sac, notre guide sort : trois assiettes, des services en métal et sa casserole ! Riz, tranches de viande, ketchup, mayonnaise, tomates et oranges. Il a porté tout ça pour nous ! Nous mangeons donc très bien, puis redescendons au camp. Là, le condor nous fait la joie d’être à nouveau au-dessus de nous, accompagné par un copain qui plane juste devant nous ! Moment magique… Seule ombre au tableau : les maux de tête, très violents pour Valentin. Nous hésitons, mais décidons de continuer la randonnée comme prévu pour les prochains jours. Nouvelle nuit très froide, mais c’est tellement beau de dormir dans ce décor, et surtout, de voir les étoiles la nuit.

Le troisième jour, nous levons le camp et marchons pendant six heures. Six heures de marche en Suisse ne posent aucun problème. Six heures de marche dans les Andes entre 4700m et 5000m, c’est différent. Le souffle est court, les pas plus lents, .les changements de temps se ressentent et nos têtes sont très sensibles. Nous arrivons donc au camp exténués et abattus par les maux de tête. Notre guide est lui aussi malade (heureusement que nous avions quelques médicaments pour soigner toute l’équipe !). Nous montons la tente (à l’intérieur d’un petit refuge) sans un mot puis nous couchons pendant quelques heures. Le guide, lui, prépare de l’eau et le souper sur son petit réchaud à essence. Pas de répit pour celui qui chaque matin, se lève vers 4h30 pour préparer les dîners qu’il portera la journée pour nous. Cela nous procure d’ailleurs un drôle de sentiment, d’autant plus que sa femme, restée à la Paz avec son fils, est sur le point d’accoucher et que la région où nous sommes n’a aucun réseau lui permettant de la contacter (et comme nous n’avons pas de radio…). Oui, c’est son travail et il l’a choisi, mais tout de même, il mène une vie bien difficile. Cependant, il est vraiment sympathique et nous transmet son amour pour son pays tout en nous expliquant son histoire et son actualité le soir à la lueur d’une bougie.

Pour le dernier jour de randonnée, nous contournons le Huayna Potosi, majestueux. Nous passons également à côté des entrées d’anciennes mines laissées à l’abandon. En effet nous sommes dans une région qui était très riche en minéraux de toute sorte. Difficile d’imaginer que des hommes vivaient dans ces contrées si reculées pour extraire souffre et argent, entre autres. Les seules preuves de cette vie sont les ruines de maisons en terre, les routes inutilisées et quelques trous. Nous arrivons près des refuges accueillant les alpinistes prêts à gravir le Huayna Potosi et notre taxi vient nous chercher. Durant le chemin du retour à la Paz, nous passons cette fois à travers un village de mineurs abandonné. Ce qui choque ? Le cimetière presque aussi grand que le village… et l’eau du lac en contrebas qui est de couleur étrange : pollution due aux mines ou simplement présence de minéraux ?

De retour à la Paz, nous faisons le bilan de nos quatre jours. Des marches exigeantes et pénibles à cause des maux de tête, MAIS ! Autant de lamas que de vaches en Suisse, des alpagas ce qui est plutôt rare, deux condors, des sommets enneigés imposants, un guide calme et intéressant, des nuits sous tente à 4700m et par températures négatives, des espaces silencieux et où nous étions seuls au monde. Nous avons vraiment beaucoup aimé ces journées dans la nature et en altitude, et savons désormais qu’aller plus haut ne serait peut-être pas une bonne idée pour nous.

5 commentaires:

  1. Hello !

    C'est absolument magnifique! ... et super intéressant. Bravo pour vos prouesses.
    Bisous,

    Maman du Clos des Vignes

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  2. Merveilleux! Pour les maux de tête, c'est normal, il y a du foehn en Valais! Papa du Clos des Vignes

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  3. Hello les deux !

    Superbe, ça fait vraiment envie de voir ces paysages de montagne. Et vous avez l'air d'avoir eu de la chance avec le temps, c'est cool :-D.
    ça fait bien plaisir de vous lire et de continuer à le faire en tous cas ;-)
    A bientot !

    Nico

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  4. Bonjour, post très intéressant! vous souvenez-vous du nom de l'agence avec laquelle vous avez fait ce trek? question subsidiaire: la Bolivie en novembre, c'est correct? merci d'avance!
    Camille

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  5. Bonjour Camille !

    Vive notre carnet de bord, grâce auquel j'ai retrouvé le nom de l'agence pour le trek dans la Cordillera ! Il s'agit de "Inca Land Tours", à la Paz. Attention, je vous conseille d'aller les rencontrer pour être sûr que c'est toujours sérieux. En effet nous avons constaté tout au long de notre voyage que les adresses "bons plans" que nous avions reçues de connaissances sont parfois décevantes 1-2 ans après...
    En ce qui nous concerne nous en étions contents, et en comparaison avec d'autres agences visitées lors de nos recherches sur place, cela nous paraissait sérieux. 1200 bolivianos/personne pour 4 jours et 3 nuits, tout compris. Seule modification : notre guide était malade le jour du départ alors on en a eu un autre. Il ne parlait pas anglais mais un espagnol très (trop) rapide pour nous, qui ne savions pas encore bien la langue. Malgré tout c'était très sympa.
    Petit hic qui peut s'avérer dangereux (on a préféré y penser en rentrant...;)) : notre guide n'avait pas de radio mais un téléphone portable. Comme il n'y avait pas de réseau, en cas de soucis de santé cela aurait pu être embêtant. Par ailleurs il n'avait pas de pharmacie de secours ni de médicaments. Donc au final on était bien content d'avoir la nôtre et d'avoir assez de Dafalgan pour lui en donner un lorsque notre guide avait mal à la tête... hum...

    Pour la Bolivie en novembre, c'est ce que nous avions fait et c'est très bien allé. On a quand même essayé de ne pas faire trop tard dans la saison mais au final on aurait pu je crois. Peut-être que cela dépend des années... difficile à estimer, nous y sommes allés qu'une seule fois...

    J'espère que cette réponse vous sera utile !

    Bon voyage dans tous les cas !

    Christelle

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