Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

dimanche 18 novembre 2012

En route pour Sucre et Potosi


Après avoir crapahuté dans les Andes pendant 4 jours, nous nous envolons pour Sucre, capitale de la Bolivie. Arrivés à l’aéroport de la Paz, nous faisons la file pour payer la taxe d’aéroport qui n’est pas incluse dans le billet. Après 15 minutes de queue on nous dit « check in first »…Donc nous nous mettons dans la file d’attente pour l’enregistrement. Quarante-cinq minutes plus tard nous voilà enregistrés et prêt pour se remettre dans la queue afin de payer la taxe d’aéroport. Ce serait tellement plus simple de tout inclure dans le billet… Une fois dans l’avion, un Boeing 727 qui a déjà quelques heures de vol, nous nous apprêtons à décoller. Le pilote n’attend pas d’être dans l’axe de la piste pour mettre les gaz : il accélère dans le virage et l’avion s’arrache péniblement du sol 4km plus loin et juste avant la fin de la piste. A 4000m d’altitude la portance est nettement moindre et l’avion doit atteindre une vitesse très élevée pour décoller. Le vol est simplement splendide, nous passons juste à côté du sommet de l’Illampu, une montagne qui surplombe La Paz a environ 6400m. La vue est magnifique et nous suivons pendant un moment la cordillère des Andes. Après 4 heures de vol et une escale nous atterrissons à Sucre à 3000m d’altitude. A cette hauteur l’atterrissage est aussi impressionnant. L’avion doit avoir une vitesse d’approche plus élevée et on a l’impression qu’il se présente comme un bolide face à la piste. Une fois qu’on a touché le sol tout l’avion tremble (l’intérieur de la cabine est assez vieux et branlant) et on a l’impression qu’on va le laisser en pièce détachée à la fin de la piste…

Une fois arrivée à Sucre nous découvrons avec plaisir cette capitale qui est calme, sereine, belle avec ses bâtiments coloniaux blancs et ses églises. Après une nuit dans un hôtel qui a soit disant un wifi (ça ne fonctionne pas !) et qui de plus est pas terrible, nous changeons pour une maison d’hôte paisible, sympathique et bien équipée. Nous nous faisons même à souper pour la première fois depuis notre départ. Quel plaisir de concocter un bon petit plat ! Nous passons quelques jours dans cette ville à flâner, déguster des jus de fruits faits sur les étals du marché, dîner sur les terrasses ou dans un parc, assister à un concert de guitare dans un bar de la ville et découvrir les danses folkloriques boliviennes dans un souper-concert de l’espace culturel. Nous visitons aussi un beau couvent et le musée de la nation qui raconte l’histoire de la naissance de la Bolivie et de son libérateur Simon Bolivar. Cette ville est vraiment reposante, avec des espaces verts, un marché fourni et coloré, des bars avec des terrasses dans des patios ombragés. Nous avons aussi pu visiter le marché dominical de Tarabuco. Il est assez réputé car tous les artisans et agriculteurs viennent à pied depuis leur région et en costume traditionnel, ce qui marque leur appartenance ethnique, vendre leurs produits. Il y a surtout, hormis les denrées alimentaires telles que patates et quinoa (on ne peut rien cultiver de plus à cette altitude), des tissages traditionnels et des lainages de lamas et d’alpaca. Ce jour-là, nous comprenons un peu mieux encore, qu’économiser l’eau est vraiment important. En effet, Tarabuco étant dans un désert, cela fait 2-3 semaines que les habitants ne peuvent plus se doucher. D’ailleurs, les toilettes publiques sont fermées car il n’y a plus d’eau. Les gens attendent avec patience et résignation qu’il pleuve…

Ensuite, une autre ville nous attend : Potosi qui a fait la richesse de l’Espagne coloniale et qui était selon les dires la plus grande ville des Amériques entre 1545 et 1825. L’argent issu du Cerro Rico en est la raison. Durant cette période Potosi était une ville coloniale splendide avec beaucoup d’églises et de bâtiments richement décorés. Les indiens et les esclaves africains ont été obligés de travailler par roulement de 12 heures dans les mines et ils passaient 4 mois sous terre sans voir la lumière du jour pour enrichir le royaume d’Espagne. Actuellement les mines sont encore en activité mais pour le cuivre à la place de l’argent. Les conditions de travail, bien que meilleures, restent très précaires. C’est « Germinal » en 2012. Les mineurs passent 12 heures sous terre sans protection particulière, sans manger car il y a trop de vapeurs toxiques et ne trouvent de l’énergie que dans les feuilles de coca qu’ils mâchent sans cesse, les cigarettes et l’alcool. Leur espérance de vie est de 45 ans et s’ils ne meurent pas d’un accident dans la mine c’est la silicose, une maladie pulmonaire causée par les vapeurs de silice, qui a raison d’eux. Des agences touristiques organisent une visite des mines et il est coutume d’apporter des cigarettes ou de l’alcool aux mineurs pour pouvoir discuter avec eux de leurs conditions de travail et de vie. Nous nous refusons de faire cette visite pour des raisons évidentes : C’est du voyeurisme, une mine n’est pas un zoo, c’est dangereux, les vapeurs sont toxiques, etc. En plus l’argent va uniquement à l’agence de voyage qui organise cette activité et les mineurs ne reçoivent rien.

De son côté la ville a perdu sa splendeur d’antan et les bâtiments sont mal entretenus, vieux et la plupart sont en rénovation depuis des lustres. La ville est assez morte et les seules visites qui valent la peine sont deux couvents et la « Casa de la moneda » qui raconte l’histoire de l’argent depuis la sortie des mines jusqu’à la frappe des pièces de monnaie.

Ces deux villes que tout oppose nous ont offert un petit aperçu du folklore et des différents styles de vie des Boliviens sur les hauts plateaux. Très intéressant !

3 commentaires:

  1. A nouveau, un beau texte et de magnifiques images, de la couleur, des sourires... que du bonheur. Affectueusement, Gd-Mam et Gd-Pa de Lyon

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  2. Vos récits sont passionnants, en les lisant, nous avons décollé avec vous, admiré le panorama, retenu notre souffle en atterrissant... Vous nous faites rêvé. A quand la suite? Les tons et couleurs de vos photos sont magnifiques, surtout les ciels nuageux, ambiance, ambiance. De tous gros bisous.
    maman

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  3. Merci pour ces magnifiques moments d'évasion. Gros bisous,
    L'autre maman.

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