Après avoir crapahuté dans les
Andes pendant 4 jours, nous nous envolons pour Sucre, capitale de la Bolivie.
Arrivés à l’aéroport de la Paz, nous faisons la file pour payer la taxe
d’aéroport qui n’est pas incluse dans le billet. Après 15 minutes de queue on
nous dit « check in first »…Donc nous nous mettons dans la file d’attente
pour l’enregistrement. Quarante-cinq minutes plus tard nous voilà enregistrés
et prêt pour se remettre dans la queue afin de payer la taxe d’aéroport. Ce
serait tellement plus simple de tout inclure dans le billet… Une fois dans
l’avion, un Boeing 727 qui a déjà quelques heures de vol, nous nous apprêtons à
décoller. Le pilote n’attend pas d’être dans l’axe de la piste pour mettre les
gaz : il accélère dans le virage et l’avion s’arrache péniblement du sol
4km plus loin et juste avant la fin de la piste. A 4000m d’altitude la portance
est nettement moindre et l’avion doit atteindre une vitesse très élevée pour
décoller. Le vol est simplement splendide, nous passons juste à côté du sommet
de l’Illampu, une montagne qui surplombe La Paz a environ 6400m. La vue est
magnifique et nous suivons pendant un moment la cordillère des Andes. Après 4
heures de vol et une escale nous atterrissons à Sucre à 3000m d’altitude. A
cette hauteur l’atterrissage est aussi impressionnant. L’avion doit avoir une
vitesse d’approche plus élevée et on a l’impression qu’il se présente comme un
bolide face à la piste. Une fois qu’on a touché le sol tout l’avion tremble
(l’intérieur de la cabine est assez vieux et branlant) et on a l’impression
qu’on va le laisser en pièce détachée à la fin de la piste…
Une fois arrivée à Sucre nous
découvrons avec plaisir cette capitale qui est calme, sereine, belle avec ses
bâtiments coloniaux blancs et ses églises. Après une nuit dans un hôtel qui a
soit disant un wifi (ça ne fonctionne pas !) et qui de plus est pas
terrible, nous changeons pour une maison d’hôte paisible, sympathique et bien
équipée. Nous nous faisons même à souper pour la première fois depuis notre
départ. Quel plaisir de concocter un bon petit plat ! Nous passons
quelques jours dans cette ville à flâner, déguster des jus de fruits faits sur
les étals du marché, dîner sur les terrasses ou dans un parc, assister à un
concert de guitare dans un bar de la ville et découvrir les danses folkloriques
boliviennes dans un souper-concert de l’espace culturel. Nous visitons aussi un
beau couvent et le musée de la nation qui raconte l’histoire de la naissance de
la Bolivie et de son libérateur Simon Bolivar. Cette ville est vraiment
reposante, avec des espaces verts, un marché fourni et coloré, des bars avec
des terrasses dans des patios ombragés. Nous avons aussi pu visiter le marché
dominical de Tarabuco. Il est assez réputé car tous les artisans et
agriculteurs viennent à pied depuis leur région et en costume traditionnel, ce
qui marque leur appartenance ethnique, vendre leurs produits. Il y a surtout,
hormis les denrées alimentaires telles que patates et quinoa (on ne peut rien
cultiver de plus à cette altitude), des tissages traditionnels et des lainages
de lamas et d’alpaca. Ce jour-là, nous comprenons un peu mieux encore, qu’économiser
l’eau est vraiment important. En effet, Tarabuco étant dans un désert, cela
fait 2-3 semaines que les habitants ne peuvent plus se doucher. D’ailleurs, les
toilettes publiques sont fermées car il n’y a plus d’eau. Les gens attendent
avec patience et résignation qu’il pleuve…
Ensuite, une autre ville nous
attend : Potosi qui a fait la richesse de l’Espagne coloniale et qui était
selon les dires la plus grande ville des Amériques entre 1545 et 1825. L’argent
issu du Cerro Rico en est la raison. Durant cette période Potosi était une
ville coloniale splendide avec beaucoup d’églises et de bâtiments richement
décorés. Les indiens et les esclaves africains ont été obligés de travailler
par roulement de 12 heures dans les mines et ils passaient 4 mois sous terre
sans voir la lumière du jour pour enrichir le royaume d’Espagne. Actuellement
les mines sont encore en activité mais pour le cuivre à la place de l’argent.
Les conditions de travail, bien que meilleures, restent très précaires. C’est
« Germinal » en 2012. Les mineurs passent 12 heures sous terre sans
protection particulière, sans manger car il y a trop de vapeurs toxiques et ne trouvent
de l’énergie que dans les feuilles de coca qu’ils mâchent sans cesse, les
cigarettes et l’alcool. Leur espérance de vie est de 45 ans et s’ils ne meurent
pas d’un accident dans la mine c’est la silicose, une maladie pulmonaire causée
par les vapeurs de silice, qui a raison d’eux. Des agences touristiques
organisent une visite des mines et il est coutume d’apporter des cigarettes ou
de l’alcool aux mineurs pour pouvoir discuter avec eux de leurs conditions de
travail et de vie. Nous nous refusons de faire cette visite pour des raisons
évidentes : C’est du voyeurisme, une mine n’est pas un zoo, c’est
dangereux, les vapeurs sont toxiques, etc. En plus l’argent va uniquement à
l’agence de voyage qui organise cette activité et les mineurs ne reçoivent
rien.
De son côté la ville a perdu sa
splendeur d’antan et les bâtiments sont mal entretenus, vieux et la plupart
sont en rénovation depuis des lustres. La ville est assez morte et les seules
visites qui valent la peine sont deux couvents et la « Casa de la
moneda » qui raconte l’histoire de l’argent depuis la sortie des mines
jusqu’à la frappe des pièces de monnaie.
Ces deux villes que tout oppose nous ont offert un petit aperçu du folklore et des différents styles de vie des
Boliviens sur les hauts plateaux. Très intéressant !
A nouveau, un beau texte et de magnifiques images, de la couleur, des sourires... que du bonheur. Affectueusement, Gd-Mam et Gd-Pa de Lyon
RépondreSupprimerVos récits sont passionnants, en les lisant, nous avons décollé avec vous, admiré le panorama, retenu notre souffle en atterrissant... Vous nous faites rêvé. A quand la suite? Les tons et couleurs de vos photos sont magnifiques, surtout les ciels nuageux, ambiance, ambiance. De tous gros bisous.
RépondreSupprimermaman
Merci pour ces magnifiques moments d'évasion. Gros bisous,
RépondreSupprimerL'autre maman.