Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... (Georges Brassens)

dimanche 30 décembre 2012

Trek dans le parc national Torres del Paine


Wouahh ! Sur ce coup-là, on s’en est vraiment mis plein la vue (et plein les pattes) ! Ce parc national est grandiose et on espère bien vous faire envie d’y venir un jour.

Pour commencer, nous prenons le bus depuis Puerto Natales jusqu’à l’entrée du parc, près de la Laguna Amarga. Là, on reçoit une carte du parc (que l’on a déjà perdue une heure plus tard…). Heureusement, les sentiers sont très bien balisés, ce qui nous permet de faire notre trek en entier sans cette fameuse carte. Dans le parc, les règles à suivre sont respectées à la lettre grâce à une prévention accrue et la présence de personnel formé sur les sentiers. Il faut quand même préciser qu’un énorme incendie a été déclenché il y a quelques années par un randonneur qui a utilisé son réchaud à gaz par grand vent ! Résultat : 10% du parc est carbonisé… Et oui, ici les conditions climatiques et le vent sont vraiment extrêmes et il faut faire attention à ce genre de choses (pour la petite histoire, nous n’avons pas eu de vent durant 4 jours…). C’est d’ailleurs pour cela que le prix d’entrée est si élevé. Avant de recevoir notre pass pour le parc, les rangers nous expliquent ce qui est permis et ce qui est interdit alors que nous sommes encore dans le bus. Nous signons ensuite le règlement tout en indiquant notre parcours (raisons de sécurité), puis nous passons 10 minutes devant un film qui nous réexplique tout ça. Les règles sont simples et logiques : emporter tous les déchets que nous entrons dans la réserve, ne pas faire de feu (ni brûler son papier de toilette), ne pas fumer sur les sentiers mais aux refuges, ne pas faire de bruit inutile, ne pas camper en-dehors des campings, ne pas sortir des sentiers. Et ça marche ! Le parc est très bien préservé ! Vu le nombre de touristes, on a trouvé ça plutôt impressionnant.

Nous avons donc notre pass et reprenons le bus pour le port de Pudeto où un catamaran nous amène en 30 minutes au Mountain Lodge Paine Grande. Cela fait à peine deux heures que nous sommes dans le parc et nous avons déjà pu voir de loin les montagnes aux pics aiguisés, aux falaises abruptes, aux couleurs folles qui jalonneront notre trek durant quatre jours… Sans compter tous les guanacos au bord du chemin, les condors en vol, les petits oiseaux et la flore incroyable ! Après avoir déposé nos sacs dans le dortoir de cet hôtel-refuge-camping, nous marchons durant trois heures jusqu’au point de vue du Glacier Grey. On aimerait marcher la tête en l’air tant les pics enneigés à nos côtés sont beaux ! En chemin, les icebergs qui flottent nous donnent une idée de ce qui nous attend au bout du lac… Et nous ne sommes pas déçus ! Coup d’oeil splendide sur le glacier, accompagné d’une bonne plaque de chocolat ! Durant le retour, nous apercevons un superbe condor qui tournoie au-dessus de nous, jusqu’à se poser vers son nid, au milieu d’une falaise. Wouhaa ! Nous arrivons juste à temps pour le délicieux et copieux souper. Nuit dans le dortoir le plus propre du monde, après une bonne douche chaude.

Le deuxième jour, nous partons dans la bruine en espérant que les nuages disparaissent… mais ça ne sera pas pour aujourd’hui. Nous écourtons donc la marche (à la base, 10h-12h) car le point de vue auquel nous sommes censés monter est dans le brouillard. Nous profitons néanmoins bien de la vue sur le Glacier Francés et de ses impressionnantes chutes de séracs se transformant en avalanches ! Le soir, nous sommes bien contents d’arriver au refuge Los Cuernos, après environ 8h de marche. L’équipe de cuisine nous fait une petite chorégraphie pour nous ramener à la réalité… « Gangnam style ! »

Troisième jour : rien d’extraordinaire au programme, ou pas ! Nous allons marcher durant 7h pour nous rendre au refuge Chilenos. Mais, surprise ! Nous y arrivons bien plus tôt que prévu. Comme nous sommes à seulement 2h de marche du point de vue d’où l’on peut admirer les fameuses Torres del Paine, nous décidons de tenter notre chance aujourd’hui en plus de demain matin. En effet, il est très rare qu’elles soient visibles entièrement, à cause des nuages très bas et très fréquents dans cette région (même si le premier jour on les a vues sans nuage depuis l’entrée du parc). Mais aujourd’hui, les nuages ont tendance à se dissiper… Nous grimpons à bonne allure jusqu’au point de vue à travers un pierrier crevant, nous passons les derniers rochers et là, c’est l’émerveillement total ! Les tours sont là, juste devant nous, au-dessus d’un petit lac vert et d’un glacier et en plus, les nuages ne jouent pas les troubles fête ! Il n’y a pas beaucoup de soleil, mais les couleurs sont magnifiques. Comme la journée tire à sa fin, il y a peu de monde et c’est calme. C’est beau. Nous voulions les voir, nous y sommes. Nous nous enivrons de ce spectacle pendant un long moment, puis lorsque les nuages sont revenus, nous descendons en courant jusqu’au refuge. Nous soupons à côté de deux Anglais bien sympathiques puis allons dormir dans notre chambre de luxe : une tente igloo montée sur une plateforme en bois ! Autant dire que cette journée va rester gravée dans nos mémoires !

Le dernier jour du trek, nous étions donc censés monter jusqu’au point de vue des Torres del Paine. Au réveil, quel n’est pas notre soulagement d’y être allés le jour précédant, lorsque nous constatons que les tours sont dans un épais brouillard ! Nous nous félicitons de notre changement de programme et redescendons en plaine, où le soleil est bien présent. Comme chaque jour, nous croisons pleins d’oiseaux particuliers, de fleurs inexistantes en Suisse, de petits lacs calmes. Au bout du chemin, le bus nous attend pour rentrer à Puerto Natales. Nous sommes la veille de Noël et nous nous cuisinons un délicieux saumon avec riz et salade, à défaut de dinde et de biscuits. En dessert, nous piquons un sprint jusqu’au bord de l’eau après que le ciel nous y ait invité. Le coucher de soleil est de toute beauté ! Voilà qui clôt à merveille ces quatre jours de marche dans un site naturel époustouflant et extrêmement beau : Le Parque Nacional Torres del Paine !
Alors, vous venez quand ? En images, cliquez ici !

jeudi 20 décembre 2012

La Patagonie en Wicked Campers


Pour nous rendre jusqu’au sud du Chili et de l’Argentine, nous avons décidé d’utiliser un moyen de transport bien différent des transports publics. Eh oui, nous avons loué une camionnette (Fiat Fiorino) équipée d’un lit et d’une cuisine.

Nous avons commencé ce trip de 42 jours à Santiago, capitale du Chili. Au milieu de la ville immense, nous voilà au volant de notre Wicked Campers, complètement perdus car nous n’avons pas encore eu l’occasion d’acheter une carte routière ! Objectif : trouver une station essence, car c’est là qu’on peut en acheter ! La tâche est plutôt simple, sauf que voilà, les trois premières stations essence que nous visitons n’ont plus la carte comprenant Santiago… grrr… avec toutes ces rues à sens uniques, ces autoroutes qui n’indiquent pas le centre sur les panneaux de sortie, les triples voies où on se trouve sur la mauvaise au mauvais moment, on a pas mal galéré, on vous le garantit ! Et tout ça par une chaleur étouffante (on comprendra plus tard que le chauffage est toujours en marche et impossible à régler correctement…), et sans savoir où l’on pourra dormir. On ne s’est presque pas énervé… Finalement, ouf, on trouve une carte du centre du Chili et on arrive à sortir de cette ville détestable en voiture. Enfin ! Et on se dirige directement vers les montagnes, dans le Cajon del Maipo, à environ 60km de Santiago. Là, on trouve une aire de pique-nique au bord de la rivière où l’on peut passer la nuit pour 10 frs. C’est parfait, il y a même la douche en plein air (heureusement qu’on est seul et qu’il fait nuit…) ! Et on a de plus la super chance de faire notre premier repas dans la nuit, vu qu’on a pris plus de temps que prévu pour arriver ici… mais tout est fonctionnel et très bien pensé dans notre petite camionnette.

Dans le coffre, il y a six boîtes avec couvercle dans lesquelles on range tout. Lorsque les couvercles sont posés, on dépose trois matelas et le lit est fait. Lorsque l’on mange, un des couvercles de la boîte du milieu est enchâssé sur un tube qu’on fixe au sol et voilà notre table. Pendant ce temps, on met les matelas sur les sièges à l’avant du véhicule pour avoir plus de place et le tour est joué ! On a un réchaud très bien, sauf qu’il utilise environ une bombonne de gaz par jour… mais il est puissant et très simple d’utilisation ! Une seule « plaque », mais ça suffit, on est des as du réchaud à gaz. Avec le véhicule sont livrés casseroles, assiettes, gobelets, bols, services, réchaud, couvertures, coussins, taies d’oreiller, une petite table, deux tabourets, matelas, coolbox, guide des campings, convertisseur 12V/220V pour recharger appareil photo et ordinateur, cable jack. Pour passer du confort au luxe, on a acheté deux-trois trucs en plus : un presse-citron pour nous concocter nos vitamines chaque jour (n’empêche que ça marche, on n’est jamais malades !), un éplucheur pour les carottes, une bassine pour la vaisselle et la lessive, des pincettes supplémentaires (on en avait que 8…). Voilà pour l’équipement. En images cliquez ici!

Nos premiers pas avec notre wicked campers se passent à merveille. Pour commencer, on décide d’aller voir un lac de barrage à Embalse el Yeso. Quelle idée… 25km de piste cahoteuse et où en cas de pluie ou d’éboulement, on reste coincé. Et pas n’importe où… au milieu des montagnes, près d’un volcan et sans moyen de téléphoner. On demande à un pêcheur s’il pense qu’il pleuvra d’ici 24h, et ce n’est pas le cas. On décide donc de rester au bord de ce magnifique lac et d’y passer la nuit, la première « à la sauvage ». Comme on est plein de poussière, hop, au lac ! Ah nouveau, quelle idée… l’eau est GELEE !!! Mais par contre c’est bien pratique, tout comme pour la lessive et la vaisselle… le coucher de soleil est chouette et on se retrouve seuls au monde, au bout de ce lac accessible par une unique petite route dans une falaise. Demain, on ira marcher un peu dans la vallée, ça a l’air superbe. Sauf que le lendemain, on se réveille au milieu d’un  brouillard épais ! Vite ! On saute au volant et on retourne en plaine vite fait bien fait, de peur de rester coincés là-haut. Tant pis pour la marche…

Ce n’est que pour mieux se rattraper. On passe de l’autre côté de la montagne et on dort à Baño Morales. De là, on remonte à pied la vallée du Monumento Natural El Morado. On marche jusqu’au glacier et on se sent vivre au milieu des montagnes. Les roches sont colorées, la rivière se faufile jusqu’à de petites lagunes, les oiseaux chantent, des chevaux sont tranquillement au bord du chemin et la flore est incroyable. Comme à chaque fois que l’on fait des randonnées, nous discutons intensément de la famille, des amis, du travail, de voyages,… bref, de tout ce qui nous tient à cœur. Et on utilise nos pauvres petites jambes qui ont presque oublié à quoi elles servent…

De la région de Santiago, nous filons au sud. Nous nous arrêtons quelques jours du côté des lacs et des volcans. C’est splendide ! Les routes serpentent entre plusieurs lacs d’origine volcanique et à côté de différents volcans intimidants. Certains sont encore actifs, et il est déjà arrivé quelques fois dans l’histoire que lorsque l’un d’entre eux entre en éruption, toute la chaîne de volcans actifs crache de la lave ! Gare à vous si vous êtes dans le coin… C’est dans cette belle région, qui ressemble à notre jura suisse si on excepte les volcans à tous les coins de rue, que l’on a la chance de manger une bonne fondue au fromage chilien ! Nous dormons en effet dans un camping avec restaurant tenu par des Suisses très sympathiques et qui parlent tous cinq langues : suisse-allemand, français, anglais, italien et espagnol ! Franchement impressionnant, surtout quand ils switchent entre chaque client sans se tromper. Nous partons aussi à la découverte du cratère Navidad fumant depuis là. Il se trouve juste à côté du volcan Lonquimay, sur lequel une station de ski s’est créée. Par chance pour nous, nous sommes hors saison et nous  ne croisons pas âme qui vive durant toute la journée ! A côté du blanc de la neige, le noir des cendres dû à l’éruption de 1988. On va donc explorer tout ça à pied et c’est assez marrant de dévaler les pentes de cendres à pleine vitesse car c’est comme si on courait dans de la poudreuse. Par contre à la montée, ça nous fait un petit entraînement de résistance… deux pas en avant, trois en arrière ! Arrivés en-haut du cratère, on se rend compte qu’on n’est pas sur le bon ! grrr… on redescend et on recommence ! Sur celui qui fume légèrement cette fois-ci. Pas très rassurant… par contre la coulée de lave qui en est sortie il y a 25 ans est impressionnante ! Elle engloutit toute la vallée !
Après une soirée au bord du lac Colico, où nous avons droit à un souper sur la plage lors du coucher de soleil qui est magique, nous reprenons la route, ou plutôt la piste… mauvaise idée, le dessous du véhicule touche trop souvent les cailloux et nous devons passer chez un garagiste pour s’assurer que tout ce qui branle là-dessous est normal… Non, ce n’est pas normal nous dit-il ! Pouvez-vous nous fixer cela svp ? Oui, pas de problème nous répond-il. Nous attendons donc 15 minutes puis notre véhicule est prêt à repartir. Combien vous doit-on ? 1000 pesos svp. On se regarde, on n’y croit pas… 1000 pesos ? C’est bien ce que tu as compris, ptit bout ? Oui, oui, c’est bien cela. Cela correspond à 2 frs suisses… Nous qui nous attendions à une douloureuse, c’est plutôt agréable ! Par contre, nous prenons la décision d’éviter un maximum la piste, ce qui nous contraindra souvent à de grands détours. En effet, tant le Chili que l’Argentine ont peu de routes goudronnées dans cette région, et plus on va au sud, moins il y en a…

De passage vers le volcan Villarica, un des plus actifs et impressionnant, nous ne le voyons pas. Trop de nuages… tant pis, on continue ! Et jusqu’à Bariloche, en Argentine. Ou plutôt le Verbier argentin ! Ville de montagne au bord d’un lac, très touristique, nous ne faisons que prendre quelques informations et y passer la nuit. Objectif : randonnée ! Nous partons donc au refuge Frey pour une marche facile mais crevante de 4h de… montée ! ça ne fait que de côter, mais ça en vaut grandement la peine ! L’arrivée à la cabane est géniale ! On se retrouve à côté d’un lac d’altitude, entouré de pics rocheux de toutes parts ! C’est d’ailleurs le paradis des grimpeurs. Le lendemain, nous redescendons par le même chemin, en 2h seulement.

Puis nous reprenons le chemin du sud, après nous être rendus compte que la mythique RN40 n’est pas une bonne idée pour notre chère camionnette un peu trop branlante. Nous changeons nos plans et décidons d’emprunter la RN3, qui longe l’océan atlantique jusqu’à Rio Gallegos. Nous ne sommes pas déçus car nous voyons de très belles choses. Entre autre, le Bosque Petrificado près de Sarmiento. Dans ce site fabuleux nous pouvons voir des troncs d’arbres fossilisés, couchés sur le sol, au milieu de la steppe. C’est qu’il y a 65 millions d’années, ce n’était pas la steppe, mais un endroit humide où un courant venant de l’ouest aurait déposé des arbres. Ils se sont ensuite imprégné de silice et se sont solidifiés au point qu’actuellement, nous pouvons voir des troncs de pierre. C’est fou ce que la nature nous laisse comme témoignage du passé. En théorie, ces troncs auraient dû se décomposer, comme tous les autres… Nous n’avons que peu de photos de ce site, car le vent était si fort, que nous avions carrément de la peine à avancer. Il y a même eu des moments où nous étions déstabilisés au point de ne pas réussir à gravir une petite butte ! Vraiment hallucinant!

Autre endroit très beau : la loberia (lobo = lions de mer) près de Rada Tilly, au bord de l’océan (c’est clair qu’on ne va pas trouver des lions de mer dans la forêt…). Depuis une falaise, jumelles à l’appui, nous avons la chance d’observer des centaines de lions de mer affalés sur la plage. On se croirait dans un documentaire, en mieux. Ce qui surprend, c’est qu’on les entend très clairement ! Très peu nagent, très peu bougent. Ils sont juste là, tels des flemmards énormes, à bronzer. Sur toute la colonie, seuls une vingtaines de mâles sont présents. Ceux-ci changent chaque année de colonie tandis que les femelles restent sur place. Quand on sait qu’il y a plusieurs centaines de femelles dans une colonie, on se dit que les mâles doivent bien s’amuser… Bref ! On reprend la route vers le sud et on s’arrête à Puerto San Julian, petit port charmant avec un camping quasi sur la plage. On soupe au bord de l’eau, coucher de soleil à l’appui. Puis nous allons rigoler un peu sur les bim-bam extrêmes de l’Argentine ! Les gosses doivent vraiment se marrer (ou piquer du nez violemment) en jouant sur ces engins. Ils sont si inclinés que, mêmes nous, risquons de nous casser les dents… On a aussi essayé le fitness plein-air, mais on n’a pas trop compris quels muscles sont exploités lorsqu’on utilise les machines et c’est peu dire vu nos professions…

Les prochains jours sont consacrés presque exclusivement à rouler vers le sud. On a bien tenté de s’arrêter dans une réserve naturelle, mais la pluie a rendu la route d’accès impraticable et nous avons donc dû nous rendre à l’évidence : pas de lions de mer, pingouins et oiseaux marins pour tout de suite. Espérons qu’on pourra en voir plus tard… en attendant, on profite des couchers de soleil au bord de l’océan et d’avancer vers Rio Gallegos. Ces couchers de soleil qui durent de 20h à 22h30, sont de véritables merveilles. Un soleil rasant qui semble ne jamais se coucher et qui embrasse les nuages, qui eux-mêmes se reflètent dans l’océan et le sable humide de la marée basse… Quel pied ! Sans vous parler du ciel qui change toutes les cinq minutes pour utiliser toutes la palette des couleurs. C’est fantastique ! Et avec ça, lorsqu’on soupe, on ne peut pas manger tranquillement car il faut toujours aller faire des nouvelles photos ! haha !

Lorsqu’on est sur la route, on croise guanacos, nandous, moutons, gauchos et beaucoup de camions… La steppe est plate à perte de vue, les nuages sont bas et on en voit à l’infini, la route est souvent toute droite sur des dizaines de kilomètres avant une légère courbe. On se rend compte que l’Argentine est un pays bien plus grand que ce que l’on s’était imaginé…

Notre rythme de vie est un peu spécial ces temps. Réveil à 9h, départ à 11h. Que fait-on entre temps ? Nous nous habillons, changeons le lit en table, étalons sacs de couchage et matelas pour les faire sécher de l’humidité (quand il pleut c’est super cool…), cuisons de l’eau pour le thé, préparons le jus d’orange et le petit déj’, déjeunons, faisons la vaisselle, retransformons le camper en mode « route », puis enfin, sommes prêts à partir. Et oui, tout ça nous prend 2h… Sur la route, le copilote répond aux mails. Ces derniers quittent la boîte d’envoi à la prochaine station essence. En effet, les stations-service en Argentine et au Chili sont très bien équipées ! Wifi, WC propres, douches, petit restaurant, shop et pompistes sympas. Ça fait toujours plaisir de faire une pause ! Lorsqu’on arrive à destination, nous cherchons un camping ou un endroit où l’on peut dormir « à la sauvage », transformons la camionnette en mode « cuisine », allons nous laver, faisons sécher les linges (quand il pleut, c’est super cool…), cuisinons, mangeons, faisons la vaisselle, transformons le camper en mode « dodo », puis enfin, on est prêt à se coucher. De nouveau, 2-3h viennent de s’écouler. Et là on se dit chaque soir qu’il faudrait se coucher plus tôt, pour se lever plus tôt et mieux profiter de la journée… l’avantage de ce voyage, et de notre mode de déplacement, c’est qu’il n’y a aucune raison de se discipliner, alors comme chaque matin, et encore plus quand il pleut, le réveil sonne pour rien…
Arrivés à Rio Gallegos, nous avons réglé deux-trois trucs administratifs et puis passé la frontière vers le Chili. Là, les douaniers étaient très sympas, mais ils nous ont quand même confisqué les deux citrons et les deux pommes que nous avions dans le coffre… c’est qu’entre le Chili et l’Argentine, aucun fruit ne passe la frontière ! C’est très dangereux… attention…

La route que nous avons choisie de suivre est celle qui longe le détroit de Magellan sur quelques kilomètres. Même s’il pleut et vente beaucoup, nous sommes ébahis de passer par là. On commence vraiment à être sacrément au sud…

Pour terminer cet article, nous vous informons que nous sommes actuellement à Puerto Natales entrain de préparer un trek dans le parc national Torres del Paine. Et pour une fois, pas de retard dans les articles ! On est vraiment là en ce moment ! Nous allons marcher durant quatre grosses journées (12h pour l’une d’entre elles !) afin de voir cette réserve classée à l’UNESCO. On se réjouit beaucoup !

Alors on tient avant cela à vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année ! Que Noël soit chaleureux et que le saut en 2013 se passe bien !

mercredi 12 décembre 2012

Le Nord-ouest argentin


Suite à un bref passage au Chili nous voici sur la route en direction de la région du Nord-ouest de l’Argentine. Dix heures de bus relient San Pedro d’Atacama (Chili) à Salta (Argentine). Après avoir attendu deux heures le bus (nous étions une heure trop tôt et le bus avait une heure de retard) on passe la douane chilienne à la sortie de la ville. Ensuite, deux heures de route plus tard nous nous retrouvons à la douane argentine. Et là on ne rigole pas, quatre adolescents se font refouler devant nous. Nous passons à une inspection sérieuse de nos papiers, puis nos sacs sont passés aux rayons X et finalement, le chien des stup’ vient nous renifler nous et nos bagages ! Après le passage de la frontière qui culmine à près de 5000m, nous entamons une descente vertigineuse au travers des Andes. Nous traversons des paysages splendides et un peu irréels dans la Quebrada de Humahuaca (où il ne manque que Lucky Luke sur son cheval). Les flancs de cette vallée sont rocailleux et de toutes les couleurs : rouge, vert, gris, jaune et parfois ces couleurs se mélangent pour donner des teintes aux parois des montagnes assez improbables. Et parmi ce paysage fabuleux et aride, seuls les « cardones » (cactus) trônent, majestueux. Il ne manque qu’un cowboy solitaire avec un harmonica et on se croirait dans un western. Finalement nous arrivons à notre hostel à 21h15 et nous nous offrons une quinzaine d’empanadas « salteña » (viande de bœuf, œufs, oignons et piment en croûte) pour notre souper.

Salta

Première journée : repos et farniente. Notre seul impératif est d’apporter notre appareil de photos à réparer car il y a des poussières sur le capteur de lumière. Il faudra quatre jours pour le remettre en état. Nous sommes donc fixés sur la durée de notre séjour à Salta. Cela nous permet de nous rendre, en soirée, dans une « peña » (bar dans lequel les Sud-Américains viennent souper et écouter des chants traditionnels et folkloriques) pour manger des brochettes de viande au grill et ensuite écouter des chants du folklore saltenien. Ce qui est incroyable, c’est de voir le public danser, chanter et taper des mains au rythme de la musique. Ils ont vraiment le rythme dans la peau. Et que dire des chanteurs qui mettent tant d’émotions dans les chants racontant leur vie et celle de leur communauté ? En quittant la peña, à une heure assez avancée, nous avons quand même droit à un applaudissement pour la Suisse… Autant dire que nous n’étions entourés en grande majorité que d’Argentins.
Le lendemain, le réveil fut un peu stressant car nous sommes restés endormis après la sonnerie du réveil (et oui, chaque matin le réveil sonne !). Nous avons prévu de marcher jusqu’au Cerro Bernardo qui surplombe Salta et d’admirer la vue. Le dernier jour à Salta se passe sur la route dans un minibus de touristes. En effet nous nous rendons à Cachi pour admirer les vallées Calchaquies et ses paysages de roches rouges, jaunes, vertes et ses vallées de cactus. Plusieurs pauses photos sont prévues en route mais comme nous n’avons pas notre appareil de photo, on profite du moment présent. La diversité des paysages est assez incroyable. Des régions sont presque désertiques et composées principalement de roches et de cactus et d’autres régions proches de cours d’eau sont vertes et même boisées. De retour à Salta nous récupérons notre appareil de photo qui semble réparé…

Pour cette partie, malheureusement il n’y a pas de photo....

Cafayate


En route pour Cafayate (qui se dit Cafachaté car les Argentins chantent le « y »… et pas que le « y » ! On a vraiment de la peine à les comprendre). Le voyage de quatre heures se fait sans problème dans un décor superbe de la Quebrada de Las Conchas qu’on découvrira à vélo quelques jours plus tard. Notre premier jour dans ce petit village, nous partons pour une randonnée dans les environs qui longe un rio et croise quatre cascades dont la plus grande est d’une quinzaine de mètres. Dans un décor aride et entouré de cactus, la baignade sous la 4ème chute d’eau fait vraiment du bien. Nous faisons la route avec un couple d’Allemands et notre guide. En effet, impossible de trouver les cascades seuls. Dès qu’on demande des renseignements autour de nous (office du tourisme, police, etc.) on nous répond : « Hai guias ! » (Il y a des guides). Donc on a pris un guide et partagé les frais avec ce couple sympathique. En plus le chemin ressemble plus à un parcours d’obstacles qu’à une randonnée donc le guide n’est pas de trop. Nous nous sommes bien amusés à grimper dans cette gorge qui offre des coups d’œil magiques sur des montagnes couvertes de cactus. A la fin du chemin nous optons pour une petite dégustation dans une bodega toute proche. Eh oui après l’effort, le réconfort... Cafayate est réputée pour produire les meilleurs vins blancs d’Argentine et voire d’Amérique du Sud. Et nous découvrons avec plaisir le Torrontés, vin blanc au nez de vin doux et à la bouche d’un blanc sec et fruité. Ce cépage est vraiment spécial de la région car il lui faut beaucoup de soleil et… d’altitude. On en trouve donc presque uniquement en Argentine et au Chili. De retour à notre auberge on nous propose un asado (grillade) avec toute l’auberge. Au menu bœuf, porc, chorizo, boudin grillé, salade, pain et vin. Un vrai délice dans une super ambiance de partage. Un moment vraiment chaleureux qui nous fait d’autant plus apprécier notre voyage quand on peut échanger nos bons plans et parler de nos expériences avec d’autres personnes.
Le lendemain nous partons de bonne heure pour faire 50km de vélo dans le décor superbe de la Quebrada de Las Conchas (quebrada signifie canyon) que nous avons entrevue lors de notre voyage en bus. Mais pour mieux profiter des paysages splendides, nous refaisons le parcours à vélo. Seulement les distance sont assez gigantesques en Argentine alors nous prenons le bus en « remontant » (vers le nord) la quebrada jusqu’au premier point intéressant. Le bus nous dépose avec notre vélo à la Garganta del Diablo, magnifique sculpture naturelle formée par la rencontre de deux plaques tectoniques et nous enfourchons nos montures dans des paysages grandioses. Les couleurs sur les montagnes changent à chaque virage du rouge, au jaune, en passant par le vert et l’ocre. Dommage que nos vélos ne soient pas en bon état, mais le décor compense amplement ce désagrément. De retour à Cafayate nous nous douchons rapidement et prenons le bus de nuit pour Cordoba. Cette ville est la ville d’intérêt la plus proche de Cafayate et le voyage dure douze heures. Donc pour ne pas perdre une journée et pour économiser le prix d’une chambre d’hôtel nous faisons la route de nuit dans des fauteuils inclinables qui font presque des lits. Ce qui est incroyable en Amérique du Sud et principalement au Chili et en Argentine ce sont les distances. Pour passer d’une ville à une autre, il faut des heures et on ne parle pas de dizaines de kilomètres mais de centaines voire de milliers. Le Chili s’étend par exemple sur plus de 4000km. C’est fou, et on commence seulement à s’en rendre compte… on n’est pas encore arrivé en Terre de Feu !


Cordoba

A Cordoba nous avons l’occasion de découvrir quelques aspects de la vie en Argentine. Cette ville est une ville estudiantine avec la plus ancienne université du pays. Une des facettes importantes de la vie argentine est très présente au marché. En effet celui-ci est principalement composé de boucherie ! Eh oui, un Argentin mange en moyenne 70kg de viande par année !!! Il n’y a qu’un seul étale de légumes… Deuxième aspect, ils font des glaces absolument délicieuses et peuvent rivaliser avec les « Gelateria » italiennes. Ensuite les Argentins ont un lien absolument indescriptible avec la musique. En effet, alors que nous nous promenons dans la rue, un homme nous accoste et nous invite à assister à un concert gratuit d’un orchestre symphonique argentin. 45 minutes de musiques qui nous mettent les frissons dans le dos. Les Sud-Américains ont vraiment un rapport à cet art incroyable ! Quel sens du rythme et pas seulement chez les artistes mais tout le public participe. De plus, une autre démonstration de cet amour de la musique nous est offerte le soir même. Alors que nous nous rendions dans une milonga pour assister à une soirée tango, nous traversons une place où les gens dansent le tango en plein air. Quelle merveille ! C’est tellement beau de voir ces gens de tout âge danser ensemble. Des jeunes se mélangent avec des gens plus âgés au fur à mesure de la soirée, juste par amour de la musique. Quelle sensualité chez les femmes et quelle maîtrise pour les hommes qui guident à la perfection. Et tout ça à l’air libre. C’est vraiment un moment de rencontre et de partage incroyable pour ces Argentins. Le dernier point est plus historique et moins reluisant. Premièrement nous visitons un ancien centre de détention des « subversifs » (personnes considérées comme rebelles sous la dictature) qui est actuellement le Musée de la Mémoire. Dans ce musée il y a des témoignages de personnes arrêtées, interrogées et torturées et, d’un autre côté nous découvrons des objets et des lettres ayant appartenu aux personnes disparues sous la dictature et dont les familles n’ont toujours pas de nouvelles. Sont-ils morts ou en exil ? Ce musée nous montre que ces gens étaient avant tout des êtres humains ayant leurs propre famille, convictions et idées qui n’étaient certes pas celles du régime mais qui étaient celles de personnes luttant pour leurs droits fondamentaux. Ce même jour, c’est la grève générale. La présidente a décidé d’imposer une taxe sur le revenu et les gens sont descendus dans la rue pour bloquer les routes, les supermarchés, les transports publics, bref tout ce qui peut paralyser l’économie du pays. Vraiment impressionnant. Surtout qu’à la sortie du Musée de la Mémoire, des images de la répression d’une manifestation sont exposées. Et bien sûr nous devons prendre un bus le soir pour Mendoza… Heureusement, on peut partir sans encombre.


Mendoza

Nous voyageons de nouveau de nuit car le voyage dure dix heures. Pendant notre séjour à Mendoza nous découvrons des produits du terroir de qualité. Par exemple, le bife de chorizo (un partie du bœuf qu’on ne mange pas en Europe car il est trop gras) qui est absolument délicieux et tendre. Le vin rouge est aussi à l’honneur, Mendoza est réputée pour produire les meilleurs vins rouges d’Amérique du Sud. Raison pour laquelle, le lendemain, nous louons deux vélos pour visiter trois bodegas et déguster les vins de la région. A la fin des dégustations nous nous arrêtons dans une oliveraie pour découvrir avec plaisir que cette région produit aussi d’excellentes huiles d’olive, tapenades et de délicieuses olives tout simplement. Heureusement qu’avec la visite il y a une petite dégustation avec toasts tartinés de tapenade d’olive car sinon nous aurions quelque peu zigzagué avec notre vélo sur le chemin du retour...
Pour digérer tout ça, le jour suivant est plus sportif. Cabalgata (chevauchée) avec deux gauchos qui semblent ne faire qu’un avec leur cheval. C’est incroyable de les voir à l’œuvre, à croire qu’ils dorment sur leur cheval tellement ils semblent collés à la selle. C’est aussi le retour du petit Mexicain (lire l’article Derniers jours au Canada) qui cette fois assure sur son cheval noir. Yaaah !!! et au galop s’il vous plaît ! Quel plaisir ! Surtout que les deux gauchos nous laissent chevaucher plus ou moins librement et les chevaux ne sont pas habitués à se suivre à la queueleuleu. Une sensation de liberté absolue dans un décor vallonné de la pré-cordillère avec les Andes en arrière fond, vous imaginez ? L’après-midi est moins sauvage (quoique) et encore plus fun. Nous enchaînons avec une heure de rafting où Valentin se fait éjecter du bateau car la personne d’en face n’est pas restée de son côté lors d’un passage délicat. Mais c’était amusant ! Une heure entière de rapide qui se suivent et où on n’a aucun temps mort. Vraiment fun ! Finalement, avant de passer la frontière pour retourner au Chili, nous passons notre dernier jour dans le Nord-ouest Argentin en allant marcher deux heures au pied de l’Aconcagua. C’est le plus haut sommet d’Amérique du Sud à près de 7000m et il est vraiment impressionnant avec ses glaciers et ses pentes recouvertes d’éboulis et de rochers libérés de l’emprise de la glace à cause du réchauffement climatique. Autre aspect incroyable, c’est que la marche du retour est tout autant belle voire même plus car les montagnes en faces de nous présentent des couleurs de roches assez spéciales où l’anthracite se mêle au rouge, à l’ocre, au gris-vert et au jaune. On remarque aussi des couches de rocher qui sont pratiquement verticales et on se rend compte que les Andes ont bel et bien été formées par la rencontre de deux plaques tectoniques.


Suite à ces deux semaines en Argentine, nous repassons au Chili pour la suite du voyage !

mardi 27 novembre 2012

San Pedro d'Atacama, Chili


Après une bonne nuit de sommeil à San Pedro d’Atacama, où nous avons pu récupérer de notre escapade dans le sud de la Bolivie, nous sommes fin prêts pour rouler à vélo dans la vallée de la lune. Cette dernière porte bien son nom et se trouve au milieu du désert d’Atacama. Départ 10h, en fait c’était 11h mais on n’a pas pensé à régler nos montres à l’heure chilienne. Du coup on s’est retrouvé au milieu du désert à midi… Vous imaginez ? En fait, avec assez d’eau et de crème solaire ce n’était pas si terrible que ça en a l’air. Et en général les gens viennent soit tôt le matin, soit à partir de 16h. Nous étions donc seuls, seuls sur la lune. Quels paysages magnifiques, imaginez le désert le plus aride du monde (pas le plus chaud) avec des dunes, du sable, du sel, des rochers et de la rocaille qui sortent de terre à cause des mouvements des plaques tectoniques il y a des milliers d’années, et en arrière fond des volcans. Les sommets de ces derniers sont jaunes, rouges, gris, certains sont recouverts de neige et d’autres fument un peu. Parmi ceux-ci, le volcan Licancabur se dessine plus haut que tous et avec une forme digne d’un manuel de volcanologie, tellement son cône est régulier. Et nous deux avec nos VTT, seuls au milieu de ce décor, on pédale, on marche et on apprécie d’être que les deux, sans guide, sans 4X4, nous, avec comme seul moyen de locomotion nos mollets, et la nature. Après une bonne trentaine de kilomètres nous sommes de retour à San Pedro. Une douche fraîche, un poulet à la broche et nous sommes prêts pour repartir à la découverte des étoiles. Cette région du Chili est propice à l’observation du ciel la nuit. En effet, au milieu d’un désert il y a peu de pollution lumineuse et comme nous sommes en altitude les étoiles ressortent d’autant plus. Et finalement San Pedro dispose de 300 nuits sans nuage par année ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’un des plus grands projets au monde en terme d’astronomie est en construction à quelques kilomètres de là : Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) se composera (d’ici 2013 en théorie) de 66 télescopes, chacun d’un diamètre de 7 à 12m, qui seront reliés entre eux (parfois à plus de 15km d’écart). Et tout cela se passe à 5000m d’altitude. Cela permettra (et permet déjà un peu), des images du ciel incroyables et révolutionnaires. Un article intéressant à ce sujet sur le site du National Geographic. Revenons à notre petite leçon d’astronomie pour débutants. Une fois arrivés sur place le guide commence à nous souhaiter la bienvenue et il nous pointe directement, avec son laser vert super puissant, la Station spatiale internationale (ISS) qui passe dans le ciel à ce moment-là ! Ça ressemble à une grosse étoile qui se déplace assez vite dans le ciel. Comme entrée en matière, c’était plutôt sympa ! Ensuite, le guide nous explique le ciel du Sud (il n’y a pas de Grande Ourse), les différents calendriers que l’on peut avoir dans le ciel (solaires, lunaires etc…). Par exemple, la révolution de la Lune dure 28 jours, celle de la Terre autour du Soleil 365 jours. Ce qui serait super, c’est de faire une année de voyage dans le calendrier de Jupiter, ce qui équivaut à 12 ans ! Comme si 365 jours ne nous suffisaient pas… hihi ! Ou alors de vivre jusqu’à 80 ans de Jupiter… Nous apprenons aussi comment Copernic a su que la Terre n’était pas le centre de l’univers, en effet les planètes et les étoiles ne font pas le même trajet dans le ciel et ne peuvent donc pas avoir un centre commun qui serait la terre. Pour finir, nous pouvons observer le ciel au travers de 10 télescopes, une merveille. En plus nous avons eu droit à trois étoiles filantes et un chocolat chaud avec du vrai lait pour conclure cette journée, une des meilleures de notre voyage pour l’instant !

Le lendemain, après un rapide changement d’hôtel, mieux pour moins cher, nous partons faire du Sandboard dans la vallée de la Muerte à 4km de San Pedro. Le concept est simple, une dune, un vieux snowboard, des souliers de marche, de la crème solaire et de bons mollets pour grimper en-haut de la dune. Une fois en-haut, c’est parti pour une descente. Ça glisse moins bien que la neige mais c’est sympa. A la fin de la journée, Valentin qui n’avait jamais fait de snowboard enchaîne quatre virages sur la même descente sans tomber. Ensuite nous montons sur une formation rocheuse pour boire un pisco sour (le cocktail traditionnel ici) et admirer le coucher du soleil. Un moment sympa avec deux Allemands, un Chilien et un Anglais. Nous en profitons pour échanger sur les coutumes et nos visions des choses dans nos pays respectifs. Vraiment intéressant de pouvoir échanger nos points de vue.

Le lendemain réveil à 4h du matin pour aller en bus jusqu’au parc géothermique du Tatio à 4300m afin d’admirer les geysers. Le réveil matinal a le dessus sur Valentin qui oublie son bonnet, ses gants, et sa veste. Il monte donc avant le lever du soleil à une telle altitude où il gèle, en pull… Arrivés à destination quelque peu avant 6h, il fait vraiment froid, heureusement Christelle prête son bonnet à Valentin et met son capuchon. Ah… Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour son chéri… Les geysers sont vraiment beaux et c’est impressionnant de voir ces sources d’eau qui jaillissent de terre à intervalle régulier. Après un petit-déjeuner au lever du soleil qui réchauffe « Youpi-matin », alias « Tête de linotte », nous avons l’occasion de nous baigner dans une source d’eau chaude géothermique. L’expérience n’est pas très agréable. L’eau dans sa globalité est froide et lorsqu’il y a des gisements d’eau chaude, elle est brûlante. Mais cela a le mérite de premièrement réveiller « Youpi-matin » et d’autre part de le réchauffer. Ensuite nous retournons à San Pedro en bus en admirant sur le chemin quelques « cardones » (les cactus de Lucky Luke).

L’après-midi nous repartons en vadrouille direction les lagunes du salar d’Atacama. Au menu trois lagunes qui sont présentent au milieu du désert d’Atacama. L’eau provient de la cordillère des Andes et arrive par un réseau de nappes phréatiques jusqu’à la surface du désert. La première de ces lagunes est au milieu du salar et est plus salée que la Mer Morte. Quelle impression étrange que de flotter sans bouger, c’est presque angoissant de ne pas pouvoir faire ce qu’on veut dans l’eau. A la sortie, le short de bain de Valentin se transforme bloc de sel après avoir séché au soleil. La deuxième lagune est beaucoup moins salée et le guide nous rappelle qu’il faut nager (!). En plus la lagune est extrêmement profonde car elle descend directement au réseau souterrain. Et la troisième ne fait que 15cm de profond sur une étendue de sel. Du coup, après une petite promenade à deux sur la lagune nous avons les pieds blancs. Pour finir la journée, pisco sour au coucher de soleil et bon repas au restaurant.

Finalement le lendemain nous prenons le bus pour Salta, Argentine. Nous avons la bonne idée de nous rendre à l’arrêt de bus une heure trop tôt. On aurait bien aimé dormir un peu plus mais à San Pedro nous avons vraiment des problèmes d’horaire…

mardi 20 novembre 2012

Uyuni et le Sud Lìpez


1er novembre : nous arrivons en bus à Uyuni, petite ville qui semble être le bout du monde. En effet, elle est aux portes du désert de sel le plus grand du monde. Autour d’elle, tout est plat et blanc. Le soleil tape et les rues sont éblouissantes. Nous cherchons tout de suite un hébergement et tombons sur un petit hôtel très bon marché. Chambre avec lit double et une petite fenêtre qui donne sur la cour du bâtiment, douches à l’étage, de quoi suspendre sa lessive. Pas de petit déjeuner inclu, pas de wifi, pas de coffre-fort, pas de linge de douche. Un hôtel comme on en voit presque tous les jours et qui suffira largement pour une nuit. En effet, demain, nous quittons Uyuni pour un circuit de trois jours qui nous mènera au Chili. Après avoir visité trois agences de voyages, nous décidons de nous inscrire chez Atacama Mistica, sur conseil de deux Marseillais que nous avions croisés à Potosì et qui sont par hasard dans le même hôtel que nous. Le soir, nous passons une excellente soirée dans un bistrot où du jazz est joué en live et où nous mangeons une bonne pizza, avec les deux Français très sympatiques.

Le lendemain, c’est parti ! Le couple marseillais, deux Parisiens et nous, tous à peu près du même âge, sommes prêts à monter dans le 4x4 de notre guide. Inspection des pneus, de l’état général du véhicule et de notre guide et hop, on grimpe. Deux personnes à l’arrière, pliées en deux, trois autres au milieu à l’aise et une devant à côté du conducteur. Tout de suite, entre nous ça colle. On s’entend bien et on rit beaucoup ! Heureusement, car nous allons vivre trois jours presque 24h/24h ensemble, dont la moitié collés les uns aux autres dans le 4x4…

Première halte : le cimetière des trains. Peut-être que c’est parce qu’on est presque au bout du monde ? Des trains sont délaissés au milieu de nulle part, en décomposition. Pourquoi ? Bonne question… dans tous les cas, c’est l’occasion pour les touristes de s’amuser et de prendre quelques photos. Nous reprenons la route et nous allons tout droit dans le blanc. Au bout d’un moment, nous arrivons à l’île du poisson (car elle est en forme de poisson, avec un peu d’imagination). Surprise ! Il y a des cactus géants !!! Impressionnants, de toutes les formes, avec des fleurs, des petits oiseaux et pleins d’épines ! Autour de l’île, c’est le néant. En tout cas jusqu’aux premiers reliefs dessinés par des volcans, dont le Tunupa. Merveilleux et difficilement descriptible avec des mots… Après une petite balade et pleins de photos, nous poursuivons. Jusqu’à voir des polygones de sel sur le sol ! Stop-photos ! C’est l’occasion de rigoler un peu, mais surtout d’halluciner sur la beauté de la nature. En fin d’après-midi, nous atteignons notre hébergement qui s’avère être un hôtel… de sel ! Lits de sel, tables de sel, tabourets de sel, murs de sel. Une fois la nuit tombée, c’est irrésistible. Nous sortons et marchons tout droit sur l’immense étendue plane du désert. En courant, en fermant les yeux, en riant. C’est tellement plat qu’on ne risque rien. C’est tellement plat que le ciel est un géant. C’est tellement libre de pollution lumineuse que les étoiles n’ont jamais été autant nombreuses à nos yeux. C’est tellement bien qu’on se couche côte à côte et qu’on regarde, les yeux grands ouverts.

Après une nuit sur nos lits de sel, nous reprenons le 4x4 et filons à toute vitesse (d’ailleurs on aurait préféré rouler un peu plus lentement et avoir un peu moins de frissons dans le dos). Nous quittons le désert de sel et entrons un paysage différent. Autour de nous, volcans et lagunes. Terres ocres, rouges, jaunes, vertes. Au sol, des mousses, des pierres volcaniques. Au bord des lagunes, du sel, du souffre, des roseaux (et pleins de touristes !). Dans les lagunes… des flamands roses gracieux et magiques. D’ailleurs on ne sait pas où ils dorment car les lagunes gèlent la nuit. Peut-être dorment-t-ils sur une patte une nuit et l’autre la nuit d’après pour éviter les engelures... C’est vraiment de toute beauté ! Jamais on n’aurait pensé voir une nature pareille. On n’imaginait même pas que cela puisse exister…
Le soir, nous dormons à côté de la Laguna Colorada. Les minéraux présents dans le sol rendent les minuscules algues rouges ce qui donne une teinte rouge à l’eau. Assez fou. Par ailleurs, un vent à décorner des bœufs nous rend le retour à l’auberge difficile… heureusement, un bon apéro nous revigore : cuba libre avec du rhum acheté dans un bui-bui et des citrons verts que nos deux compères marseillais ont dans leur sac. Ça réchauffe, on vous le garantit ! Nuit en dortoir et réveil à 4h pour la dernière journée du circuit. Nous assistons au lever de soleil à travers la buée qui se forme dans le 4x4, puis au milieu des fumeroles ! Une fois de plus, nous n’avions pas imaginé voir un tel spectacle. Par des températures glaciales, des jets de vapeur sortent bruyamment de terre et à pleine puissance. A certains endroits, il y a des petits cratères remplis de boue grise et bouillonnante. Tout ça n’est pas très rassurant (surtout que des touristes, au propre comme au figuré, s’approchent dangereusement des cratères et, sachant que la terre peu céder à tout moment, vous imaginez le barbecue…). Nous nous croyons sur une autre planète. Nous continuons notre périple et nous arrêtons près de formations rocheuses dingues. Au milieu du désert, il y a du sable, des dunes et… des rochers de formes bizarres au milieu du sable ! Entre autre : l’Arbol de Piedra, qui comme son nom l’indique, ressemble à un arbre. On ne fait pas long, vent + sable = désagréable. Nous traversons encore quelques temps des paysages splendides et nous approchons du volcan Licancabur, qui culmine à 5595m (sympa pour les alpinistes qui ne peuvent pas dire qu’ils ont fait un 6000m !). Encore une ou deux lagunes et nous voilà déjà au poste frontière avec le Chili. Nous quittons nos compagnons de voyage français avec un léger pincement au cœur : on a vraiment passé trois jours extraordinaires ensemble ! Ils continuent vers Uyuni, nous montons dans un minibus pour San Pedro de Atacama. Une heure plus tard, changement de monnaie, de climat (il fait super chaud), de prix sur les terrasses… Nous sommes au Chili !

dimanche 18 novembre 2012

En route pour Sucre et Potosi


Après avoir crapahuté dans les Andes pendant 4 jours, nous nous envolons pour Sucre, capitale de la Bolivie. Arrivés à l’aéroport de la Paz, nous faisons la file pour payer la taxe d’aéroport qui n’est pas incluse dans le billet. Après 15 minutes de queue on nous dit « check in first »…Donc nous nous mettons dans la file d’attente pour l’enregistrement. Quarante-cinq minutes plus tard nous voilà enregistrés et prêt pour se remettre dans la queue afin de payer la taxe d’aéroport. Ce serait tellement plus simple de tout inclure dans le billet… Une fois dans l’avion, un Boeing 727 qui a déjà quelques heures de vol, nous nous apprêtons à décoller. Le pilote n’attend pas d’être dans l’axe de la piste pour mettre les gaz : il accélère dans le virage et l’avion s’arrache péniblement du sol 4km plus loin et juste avant la fin de la piste. A 4000m d’altitude la portance est nettement moindre et l’avion doit atteindre une vitesse très élevée pour décoller. Le vol est simplement splendide, nous passons juste à côté du sommet de l’Illampu, une montagne qui surplombe La Paz a environ 6400m. La vue est magnifique et nous suivons pendant un moment la cordillère des Andes. Après 4 heures de vol et une escale nous atterrissons à Sucre à 3000m d’altitude. A cette hauteur l’atterrissage est aussi impressionnant. L’avion doit avoir une vitesse d’approche plus élevée et on a l’impression qu’il se présente comme un bolide face à la piste. Une fois qu’on a touché le sol tout l’avion tremble (l’intérieur de la cabine est assez vieux et branlant) et on a l’impression qu’on va le laisser en pièce détachée à la fin de la piste…

Une fois arrivée à Sucre nous découvrons avec plaisir cette capitale qui est calme, sereine, belle avec ses bâtiments coloniaux blancs et ses églises. Après une nuit dans un hôtel qui a soit disant un wifi (ça ne fonctionne pas !) et qui de plus est pas terrible, nous changeons pour une maison d’hôte paisible, sympathique et bien équipée. Nous nous faisons même à souper pour la première fois depuis notre départ. Quel plaisir de concocter un bon petit plat ! Nous passons quelques jours dans cette ville à flâner, déguster des jus de fruits faits sur les étals du marché, dîner sur les terrasses ou dans un parc, assister à un concert de guitare dans un bar de la ville et découvrir les danses folkloriques boliviennes dans un souper-concert de l’espace culturel. Nous visitons aussi un beau couvent et le musée de la nation qui raconte l’histoire de la naissance de la Bolivie et de son libérateur Simon Bolivar. Cette ville est vraiment reposante, avec des espaces verts, un marché fourni et coloré, des bars avec des terrasses dans des patios ombragés. Nous avons aussi pu visiter le marché dominical de Tarabuco. Il est assez réputé car tous les artisans et agriculteurs viennent à pied depuis leur région et en costume traditionnel, ce qui marque leur appartenance ethnique, vendre leurs produits. Il y a surtout, hormis les denrées alimentaires telles que patates et quinoa (on ne peut rien cultiver de plus à cette altitude), des tissages traditionnels et des lainages de lamas et d’alpaca. Ce jour-là, nous comprenons un peu mieux encore, qu’économiser l’eau est vraiment important. En effet, Tarabuco étant dans un désert, cela fait 2-3 semaines que les habitants ne peuvent plus se doucher. D’ailleurs, les toilettes publiques sont fermées car il n’y a plus d’eau. Les gens attendent avec patience et résignation qu’il pleuve…

Ensuite, une autre ville nous attend : Potosi qui a fait la richesse de l’Espagne coloniale et qui était selon les dires la plus grande ville des Amériques entre 1545 et 1825. L’argent issu du Cerro Rico en est la raison. Durant cette période Potosi était une ville coloniale splendide avec beaucoup d’églises et de bâtiments richement décorés. Les indiens et les esclaves africains ont été obligés de travailler par roulement de 12 heures dans les mines et ils passaient 4 mois sous terre sans voir la lumière du jour pour enrichir le royaume d’Espagne. Actuellement les mines sont encore en activité mais pour le cuivre à la place de l’argent. Les conditions de travail, bien que meilleures, restent très précaires. C’est « Germinal » en 2012. Les mineurs passent 12 heures sous terre sans protection particulière, sans manger car il y a trop de vapeurs toxiques et ne trouvent de l’énergie que dans les feuilles de coca qu’ils mâchent sans cesse, les cigarettes et l’alcool. Leur espérance de vie est de 45 ans et s’ils ne meurent pas d’un accident dans la mine c’est la silicose, une maladie pulmonaire causée par les vapeurs de silice, qui a raison d’eux. Des agences touristiques organisent une visite des mines et il est coutume d’apporter des cigarettes ou de l’alcool aux mineurs pour pouvoir discuter avec eux de leurs conditions de travail et de vie. Nous nous refusons de faire cette visite pour des raisons évidentes : C’est du voyeurisme, une mine n’est pas un zoo, c’est dangereux, les vapeurs sont toxiques, etc. En plus l’argent va uniquement à l’agence de voyage qui organise cette activité et les mineurs ne reçoivent rien.

De son côté la ville a perdu sa splendeur d’antan et les bâtiments sont mal entretenus, vieux et la plupart sont en rénovation depuis des lustres. La ville est assez morte et les seules visites qui valent la peine sont deux couvents et la « Casa de la moneda » qui raconte l’histoire de l’argent depuis la sortie des mines jusqu’à la frappe des pièces de monnaie.

Ces deux villes que tout oppose nous ont offert un petit aperçu du folklore et des différents styles de vie des Boliviens sur les hauts plateaux. Très intéressant !

dimanche 11 novembre 2012

Trekking dans la Cordillera Real

La Paz est un point de départ idéal pour se rendre dans la Cordillera Real, qui se trouve tout près. C’est pourquoi une fois « installés » dans cette ville, nous nous sommes renseignés concernant les différentes possibilités de trek et avons opté pour un tour de quatre jours. Dans le fouillis des agences de trekking, pas toutes compétentes, nous en avons choisi une qui nous paraissait correcte et qui de plus était citée dans un guide de voyage.

Nous partons un dimanche matin à 9h avec un taxi et notre guide jusqu’à Tuni, un hameau isolé au milieu de nulle part et qui sera le point de départ de notre marche. Nous commençons par dîner sur un caillou en attendant que les deux mules transportant nourriture, tente, eau, réchaud et sacs de couchages soient chargées. Puis nous partons dans un paysage splendide, fait de lagunes, pâturages à lamas et monts enneigés. Trois heures plus tard, nous montons la tente à côté d’un refuge et au bord d’un lac, à 4700m. La tente est de bonne qualité et très spacieuse, mais quelle surprise, par ce gros vent, de découvrir avec stupeur qu’il n’y a aucune sardine à planter ! Notre guide, tout à fait à l’aise, nous la fixe avec les gros cailloux du coin… et à vrai dire, c’était bien plus simple que des sardines, et plus efficace ! Nous passons la soirée à discuter en espagnol avec un couple de notre âge de Barcelone et un Italien alpiniste, pendant que les guides sont de leur côté. Pour la petite histoire, l’Italien a gravi l’Aconcagua en solo il y a quelques années, entre autres sommets de plus de 6000m. Quant aux Espagnols, ils nous expliquent toute leur détresse de terminer leurs études supérieures avec un excellent papier en poche, mais la quasi certitude de ne pas être embauchés à leur retour au pays, après un mois de bénévolat en Bolivie.

Après une nuit pluvieuse, venteuse et glaciale, la fermeture éclair de notre tente est verrouillée par la glace… pas très pratique. Aujourd’hui, c’est le grand jour : nous allons gravir le Pico Austria, un sommet de 5300m pas du tout connu car très facile. Mais pour deux randonneurs qui ne veulent pas faire d’alpinisme, c’est justement ce qu’il nous faut ! Après avoir tranquillement fait le tour du lac, les choses sérieuses commencent. Heureusement, notre guide ne lésine pas sur les pauses et nous avons donc souvent l’occasion de reprendre notre souffle. La montée dure trois heures, puis nous voilà au sommet ! Vue à couper le souffle ! Glaciers, Lac Titicaca au loin, Mont Condoriri, Mont Huayna Potosi (à plus de 6000m), Mont Sajama (plus haut sommet de Bolivie, à 200km de nous), notre tente tout là-bas en-bas et même… un condor majestueux ! Nous profitons pleinement de ces instants puisque nous dînons au sommet ! En effet il ne fait pas froid et beau temps, autant en profiter. De son sac, notre guide sort : trois assiettes, des services en métal et sa casserole ! Riz, tranches de viande, ketchup, mayonnaise, tomates et oranges. Il a porté tout ça pour nous ! Nous mangeons donc très bien, puis redescendons au camp. Là, le condor nous fait la joie d’être à nouveau au-dessus de nous, accompagné par un copain qui plane juste devant nous ! Moment magique… Seule ombre au tableau : les maux de tête, très violents pour Valentin. Nous hésitons, mais décidons de continuer la randonnée comme prévu pour les prochains jours. Nouvelle nuit très froide, mais c’est tellement beau de dormir dans ce décor, et surtout, de voir les étoiles la nuit.

Le troisième jour, nous levons le camp et marchons pendant six heures. Six heures de marche en Suisse ne posent aucun problème. Six heures de marche dans les Andes entre 4700m et 5000m, c’est différent. Le souffle est court, les pas plus lents, .les changements de temps se ressentent et nos têtes sont très sensibles. Nous arrivons donc au camp exténués et abattus par les maux de tête. Notre guide est lui aussi malade (heureusement que nous avions quelques médicaments pour soigner toute l’équipe !). Nous montons la tente (à l’intérieur d’un petit refuge) sans un mot puis nous couchons pendant quelques heures. Le guide, lui, prépare de l’eau et le souper sur son petit réchaud à essence. Pas de répit pour celui qui chaque matin, se lève vers 4h30 pour préparer les dîners qu’il portera la journée pour nous. Cela nous procure d’ailleurs un drôle de sentiment, d’autant plus que sa femme, restée à la Paz avec son fils, est sur le point d’accoucher et que la région où nous sommes n’a aucun réseau lui permettant de la contacter (et comme nous n’avons pas de radio…). Oui, c’est son travail et il l’a choisi, mais tout de même, il mène une vie bien difficile. Cependant, il est vraiment sympathique et nous transmet son amour pour son pays tout en nous expliquant son histoire et son actualité le soir à la lueur d’une bougie.

Pour le dernier jour de randonnée, nous contournons le Huayna Potosi, majestueux. Nous passons également à côté des entrées d’anciennes mines laissées à l’abandon. En effet nous sommes dans une région qui était très riche en minéraux de toute sorte. Difficile d’imaginer que des hommes vivaient dans ces contrées si reculées pour extraire souffre et argent, entre autres. Les seules preuves de cette vie sont les ruines de maisons en terre, les routes inutilisées et quelques trous. Nous arrivons près des refuges accueillant les alpinistes prêts à gravir le Huayna Potosi et notre taxi vient nous chercher. Durant le chemin du retour à la Paz, nous passons cette fois à travers un village de mineurs abandonné. Ce qui choque ? Le cimetière presque aussi grand que le village… et l’eau du lac en contrebas qui est de couleur étrange : pollution due aux mines ou simplement présence de minéraux ?

De retour à la Paz, nous faisons le bilan de nos quatre jours. Des marches exigeantes et pénibles à cause des maux de tête, MAIS ! Autant de lamas que de vaches en Suisse, des alpagas ce qui est plutôt rare, deux condors, des sommets enneigés imposants, un guide calme et intéressant, des nuits sous tente à 4700m et par températures négatives, des espaces silencieux et où nous étions seuls au monde. Nous avons vraiment beaucoup aimé ces journées dans la nature et en altitude, et savons désormais qu’aller plus haut ne serait peut-être pas une bonne idée pour nous.

jeudi 1 novembre 2012

La Paz

En car, nous approchons la Paz par El Alto, « le haut » de la Paz qui compte un million d’habitants. C’est la périphérie qui se trouve en-haut de la ville, à plat sur l’altiplano. Il y a du monde partout, des petits commerces qui vendent tout et n’importe quoi, une route pleine de nids de poule, des gaz d’échappement, du bruit, des queues de poisson, freinages, klaxons, virages… pfff… puis enfin, nous approchons du « gouffre » ! La route tournoie dans la longue descente qui mène au centre de la Paz. C’est assez fou et presque inquiétant… on a l’impression de descendre dans un terrain de Pyramides d’Euseigne, en géant. Cette ville (deux millions d’habitants en tout) est en effet construite dans un canyon formé par l’érosion. Les maisons sont accrochées aux pans de terre et on se demande si lors des prochaines pluies elles tiendront le coup. Il paraît d’ailleurs que c’est chaque année assez dramatique durant la saison humide. Particularité de la Paz : les riches vivent en-bas, les plus démunis en-haut. Et oui, l’altitude est la règle d’or ici. En-bas : 3700m, en-haut : 4100m. 400m de dénivelé, ça compte beaucoup à cette altitude, surtout au niveau du climat. Nous, on est au milieu mais ça côte tellement qu’on doit parfois sortir du taxi pour qu’il puisse redémarrer… trop marrant ! Au Pérou et en Bolivie, on a souvent pensé que promouvoir le vélo serait bien pour moins de pollution. A la Paz, on en parle en riant tant c’est raide !

Pour la petite histoire, la Paz a été fondée par les Espagnols. A la base, la première pierre a été posée à plusieurs km de l’actuelle ville, mais trois jours plus tard, les Espagnols se sont rendus compte qu’il faisait trop froid et que le climat était bien trop rude pour eux… ils se sont alors déplacés dans le canyon ! Désormais, El Alto est carrément dans cette région difficile au niveau du climat… et quand on voit les femmes en jupe et ballerines, on se demande bien comment elles font…

Notre première impression de la Paz (clairement due au quartier où nous sommes logés) ? C’est un marché géant à ciel ouvert. En effet, les trottoirs sont envahis par les marchands et leur petit stand. Il y a la rue des fruits, celle des légumes, celle des boutons, celle des lampes et ampoules (d’ailleurs ils devraient être dédommagés par les autorités car ils maintiennent la rue allumée en permanence !), celle des chaussures, celle des vêtements, celle des casseroles, celle des outils… bref, vous l’aurez compris, de nombreux marchands vendent les mêmes produits au même endroit ! Et avec tout ça, on ne peut plus marcher sur les trottoirs, donc on marche sur la route, donc les véhicules sont ralentis, ils klaxonnent, ils freinent, ils démarrent (à la montée), ils polluent, ça pue, c’est bruyant ! Et notre chambre d’hôtel donne sur la rue… hihi ! Que c’est beau de voyager !

La Paz est pour nous l’occasion d’organiser un trek dans la région, de se reposer et de faire quelques achats. Mais c’est aussi un séjour ponctué de belles surprises et de quelques aventures. A commencer par la rencontre complètement improbable et hallucinante de Luisa, la collègue de Christelle ! Eh oui, nous sommes à la Paz, deux millions d’habitants, des trottoirs séparés par d’immenses routes et bondés, un dédale de rues et ruelles et nous croisons Luisa et ses deux fils… Comme elle est Bolivienne, de la Paz, elle est rentrée voir sa famille durant ses vacances. Mais nous ne nous étions pas mis au courant de tout ça ! Nous allons donc boire un verre et manger les 4h, puis chacun repart de son côté. Belle surprise et incroyable hasard que de se tomber dessus… Que le monde est petit… Ensuite nous avions pensé, en descendant du car à la Paz, que ne reverrions plus Vincent et Alice. Donc à la descente du car nous nous sommes dit au revoir. Nous n’avions fait que de nous croiser et de faire les mêmes activités depuis Puno mais là, à la Paz, c’est beaucoup plus grand et donc peu probable de se croiser. Tu parles… Le lendemain de notre arrivée, nous choisissons un restaurant un peu romantique (pas d’éclairage électrique, seulement aux chandelles). Et voilà que nos deux compères se pointent 10 minutes après nous. Le lendemain, après avoir voulu manger dans un restaurant qui était fermé nous nous rabattons, par hasard, sur un autre bistrot. Et voilà que quelques minutes après avoir commandé Vincent et Alice arrivent ! Cette fois nous décidons de faire connaissance un peu mieux en partageant l’apéro et puis le repas, vraiment sympa. Ils partent le lendemain pour l’ascension du Huayna Potosi (plus de 6000m !) et nous partons deux jours plus tard pour notre trek. Nous partageons nos expériences de voyages et cette fois nous nous séparons pour de bon. Plus de nouvelles depuis. Nous ne savons pas comment s’est passée leur ascension et nos chemins se séparent car ils poursuivent leur périple dans la partie amazonienne de Bolivie et nous restons sur l’Altiplano. Mais qui sait, jusqu’en décembre, ils vont encore aller au Chili et en Argentine…

Vient ensuite la soirée suisse. Nous nous rendons dans le quartier résidentiel de la Paz, en-bas, pour déguster une bonne FONDUE !!! Le Chalet la Suisse est en effet un restaurant plutôt classe, tenu par un couple suisse. A la carte, menus de toutes sortes, sushis, plats boliviens et menus suisses. Nous en profitons donc pour faire le plein de fromage dans un cadre vraiment typique ! C’est bon et ça rappelle la maison…

La journée à oublier : on veut aller à Tiwanaku, voir des ruines intéressantes (celles qui ont inspiré Hergé pour Tintin et le Temple du Soleil). Départ pour le cimetière, où nous devons prendre un bus qui nous y amène. Le bus en question ne part que lorsqu’il y a au moins 7 personnes. Une heure d’attente plus tard, nous ne sommes toujours que deux et le chauffeur s’en contre-balance… Le timing devient un peu serré et nous décidons de repousser notre programme au lendemain. Nous rentrons à l’hôtel et faisons un peu d’administratif… et là, quelle blague ! Nous nous sommes fait pirater notre carte de crédit ! Nous la bloquons rapidement, puis nous nous rendons compte que la transaction douteuse n’était rien d’autre que l’achat d’un guide de voyage sur internet, fait par nos soins 10 jours avant la facturation… carte bloquée, nouvelle carte en Suisse (très utile…), nous avons grillé une cartouche pour rien… Heureusement, nous avons d’autres cordes à notre arc !

Cette fois-ci avec une agence, nous nous rendons à Tiwanaku. Petite déception car nous imaginions le site beaucoup mieux conservé. En effet, à part quelques pans de murs, 2-3 statues qui se courent après et un semblant de pyramide, il n’y a vraiment plus grand chose. Les Espagnols et le temps ont vraiment tout sacagé… notre guide étant un peu mou, cela n’aide pas à imaginer la splendeur de cette culture, et surtout celle du site, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. De retour à la Paz, nous faisons un aller-retour express jusqu’à l’aéroport (qui se trouve à 35min de taxi !) pour acheter deux billets d’avion pour Sucre. Evidemment, il n’est pas possible d’acheter cela en ville car c’est samedi, le site internet ne permet pas de réserver un billet en ligne et le numéro de téléphone indiqué pour réserver ne répond pas… bref, nous sommes en Bolivie, et malgré tous les points positifs, les paysages magnifiques, les gens sympathiques et les belles découvertes, ce n’est pas très bien organisé…

En parlant d’organisation, c’est pour une fois nous, bons petits Suisses toujours à l’heure, qui nous sommes plantés… et pour l’heure du rendez-vous de notre trek ! Heureusement, on est en Bolivie… et grâce à la patience de notre guide qui n’est pas parti tout seul, vous pourrez bientôt découvrir quelques belles photos et le prochain récit !

lundi 29 octobre 2012

Le Lac Titicaca


Après quelques jours de repos à Cusco passés à organiser la suite du voyage, faire des skypes avec la famille, aller boire des jus de fruits sur les terrasses et déguster le Cui (cochon d’inde) dans un bon resto, nous prenons le bus de bonne heure pour Puno et le lac Titicaca. Le voyage se fait de jour pour pouvoir découvrir les magnifiques paysages. Sept heures plus tard nous voilà arrivés à Puno. Nous visitons quelque peu la ville, sa cathédrale et son point de vue qui nous présente un panorama grandiose sur les collines arides, le lac et les Andes en arrière fond. Comme le wifi de l’hôtel ne fonctionne pas, nous profitons d’un café sympa dans un petit patio (petite cour intérieure) pour mettre à jour le blog et écrire quelques e-mails en sirotant un jus de banane au lait.

Le lendemain, nous prenons le bateau sur le lac Titicaca pour les îles flottantes et pour l’île Amantani. Les îles flottantes, construites en roseaux, ont une durée de vie de 50-60 ans. A l’origine, les habitants de ces îles flottantes les ont construites pour fuir l’envahisseur inca et vivaient grâce aux roseaux, à la pêche et au troc. Actuellement, ils ne vivent plus que du tourisme et ces îles flottantes sont un véritable parc d’attraction pour tourisme de masse. Intéressant de voir ça et très particulier de s’enfoncer à chaque pas sur l’île, mais on garde un goût un peu amer de notre passage par ici… Ensuite le bateau reprend son chemin en direction de l’île Amantani où nous seront logés chez l’habitant. Trois heures plus tard (pour 38km) nous arrivons au port. Séraphina, une femme locale, nous accueille et nous montre notre chambre qui est assez rustique (même porte et fenêtre fermés, les papillons de nuit entrent dans la pièce). Ensuite nous montons au sommet de l’île pour voir les ruines de deux temples et le couché de soleil. Il y a tellement de monde que nous décidons de redescendre et de le voir depuis le bord du lac Titicaca. Joli spectacle malgré quelques nuages, surtout que nous voyons au loin les sommets des Andes boliviennes qui deviennent orange. Le lendemain départ pour l’île de Taquile, le lac est déchaîné et nous nous retrouvons seuls sur le toit du bateau avec Vincent, un français fort sympa qui tous les deux ans voyage quatre mois avec sa copine. Après une heure de causette en nous accrochant pour ne pas passer par-dessus bord, nous arrivons sur l’île. Malheureusement nous ne pouvons pas en faire le tour car le pilote du bateau ne veut pas repousser l’heure du départ contrairement à ses dires de la veille. Comme sur les autres îles, l’accueil est assez décevant. A part des vendeurs de babioles tout est mort et rien n’est mis en valeur. Nous déambulons un moment sur les chemins qui offrent de belles vues sur le lac et nous finissons sur la place centrale où tous les restos proposent le même menu : soupe de quinoa, truite à la plancha et frites. Nous nous écartons un peu pour trouver un restaurant tranquille avec belle vue sur le lac et où nous sommes les seuls clients. Une fois la truite engloutie, nous filons au port où le bateau n’attend pas et quitte l’île pile à l’heure. De retour à Puno nous retournons dans le même petit bar et organisons la suite du voyage. Christelle remarque que ses oreilles se sont transformées en chou-fleur car elle a oublié de mettre de la crème solaire dessus et, sur un lac à 4000m d’altitude ça ne pardonne pas.

Le lendemain matin, nous partons pour la Bolivie et Copacabana sur les rives du lac Titicaca. Le terminal de bus est un vrai souk où l’on vend à la criée : Aréquipa-réquipa-réquipa-réquipaaaaaaaaaaaaaa suivi de Copa-copa-copa-copacabanaaaaaaaaaa. Vraiment magique… Une fois dans le bus le voyage est calme et arrivé à la frontière tout le monde descend. 45 minutes de files d’attente pour 3 « Stampfs » tamponnés par 3 personnes différentes dans trois bureaux différents. Une fois les formalités passées, retour dans le car où la route se transforme en piste. Et une demi-heure plus tard, nous voilà à Copacabana où nous recroisons Vincent et Alice dans le même hôtel que nous, vraiment on se suit et ça ne fait que commencer. Une fois installés, nous filons au marché pour acheter un pique-nique que nous mangeons sur la plage de Copacabana (qui n’a rien à voir avec celle du Brésil), puis nous grimpons au sommet du chemin de croix qui aboutit au-dessus de la petite ville. On retrouve par hasard nos deux compères français qui admirent le paysage. Vue à couper le souffle ! De plus, il y a un orage qui se prépare et le ciel passe du jaune claire au gris anthracite, c’est de toute beauté. Le soir, on se fait un bon petit resto tenu par un allemand.

Le matin suivant, nous embarquons pour l’Isla del Sol. Comme pour les îles péruviennes, le bateau est L-E-N-T… mais comme on a le temps et que le paysage est magnifique, pourquoi s’arrêter sur ce détail ? D’ailleurs on a les deux profité de faire une petite sieste. On débarque au nord de l’île, à Chall’apampa. Plages de sable habitées par quelques routards qui campent, eaux turquoise, collines arides et les Andes boliviennes au loin, avec des monts enneigés. Que demander de plus ? Une petite marche ! Eh bien c’est prévu ! Il nous faudra 3h environ pour rejoindre le sud de l’île par ses crêtes. Pour une fois, heureusement que Christelle a le sens de l’orientation, car sinon, on serait encore en train de tourner en rond sur l’île… Dans l’hémisphère sud, les rôles sont inversés et Valentin a quelques fois tendance à perdre le nord… Bref, on le redit, car ça nous a vraiment plu : c’est TROP BEAU !!! En plus, vous nous connaissez un peu, on voulait être devant, alors on a dépassé tous les touristes qui nous précédaient et on s’est fait un petit entraînement cardio… ah oui parce qu’on est à 4000m et que ça grimpe… Arrivés au petit village de Yumani, on cherche un hôtel. Pas évident de faire un choix, il n’y a quasi que ça sur l’île, avec les pizzerias… mais on est content de notre choix : chambre matrimoniale coquette de plein pied sur une grande terrasse avec vue sur le lac, salle-de-bains commune (mais privée car on est les seuls clients) et petit déjeuner pour… 60 bolivianos (= 8 frs) ! Avec en prime, le calme et l’opportunité de se poser tranquillement pour déguster la fin de journée.

De retour à Copacabana avec notre bateau super lent et de plus super plein (heureusement cette fois le pilote a mis en marche le deuxième moteur), nous montons dans un bus pour la Paz et devinez qui est là ? Alice et Vincent ! Assez fou quand même… quoique Copacabana est vraiment petite, donc c’est assez probable de revoir certaines personnes. La route est très belle, les montagnes de la cordillère étant visibles presque tout le temps. Et on a même droit à un petit passage sur l’eau. Nous dans un petit bateau, le car dans une grosse péniche ! Assez cool ! Puis nous arrivons à la Paz…

Le lac Titicaca est vraiment une région très belle avec des panoramas et des couleurs uniques. Nous avons beaucoup apprécié cette partie du voyage.

jeudi 25 octobre 2012

La Vallée Sacrée des Incas


Dans la foulée de notre visite du Machu Picchu, nous nous sommes rendus à Ollantaytambo, Moray, Maras, Chinchero et Pisaq. Tous ces endroits font partie de la Vallée sacrée des Incas et regorgent de sites archéologiques.

A Ollantaytambo, qui signifie littéralement « l’auberge du général Ollantay », c’est carrément une forteresse qui domine le village, avec face à elle, un grenier immense positionné à cet endroit pour que les vents froids des glaciers gardent les denrées fraîches. Pas mal imaginé… à côté de ce grenier, il y a des terrasses construites pour les musiciens, qui jouaient pour les villageois situés en-bas de la colline et certainement pour les habitants de la forteresse. Et que dire de ces énormes blocs de granite rose pesant entre 70 et 90 tonnes et qui ont été acheminés d’une carrière située à 7 km de l’autre côté de la vallée ? Ils étaient prévus pour le futur temple du soleil qui se construisait au sommet de la forteresse. Pour les monter jusque-là, les Incas ont construit une très longue rampe qui longe le flanc de la montagne. D’après les estimations, environ 200 ouvriers étaient nécessaires pour tirer les blocs grâce à des cordes faites de peau de lama ! Malheureusement, les Espagnols sont arrivés avant que le temple ne soit terminé et personne n’aura jamais vu le résultat final.

Le lendemain, nous prenons un bus, puis un taxi pour nous rendre dans trois beaux sites. Le bus, un peu folo dans les virages, le taxi, complètement déglingué ! La poussière de la piste rentre dans l’habitacle, même fenêtres fermées et pour ouvrir la portière avant, on doit tirer sur une ficelle… Bref ! A Moray, c’est les ruines de ce qui devait être un énorme centre de recherche en agriculture qui nous attend ! D’après les hypothèses, les Incas testaient différentes plantes sur les terrasses. En effet, il y a des écarts de température entre chacune d’elle (très chaud en-bas, froid en-haut) et donc ils faisaient des essais.

Aux salines de Maras, c’est un magnifique spectacle qui se présente à nous ! Des centaines de petites salines datant de la période des Incas et encore en activité aujourd’hui se côtoient sur le flanc de la colline. Vraiment très beau !

Puis nous nous rendons à Chinchero, un petit village qui cache bien son jeu : des terrasses incas qui s’étendent sur une immense surface (ça nous a pris quasi 1h pour faire le tour !). Evidemment les Espagnols ont construit une église, assez moche d’ailleurs, sur les ruines… mais heureusement, le paysage est splendide puisque nous pouvons voir les montagnes au loin.

Pour terminer cette belle journée, nous prenons un bus local pour Pisaq et nous longeons quasiment toute la vallée sacrée sur fond de soleil couchant. Vraiment très beau, d’autant plus que la vallée est fertile grâce au cours d’eau qui serpente en son centre. Les Incas en avaient d’ailleurs tirés parti en construisant d’ingénieux systèmes de canalisation.

A Pisaq, il nous faudra 2h et 1000m de dénivelée pour descendre à pied à travers le site en ruines ! Autant dire que les Incas voyaient les choses en grand ! Cité, forteresse, temple du soleil, cimetière et terrasses agricoles. Tout ça a été plutôt bien conservé ! Evidemment que le cimetière, ses momies en position fœtale et les offrandes qui vont avec n’ont pas survécu aux pillages… Très belle balade donc, qui se termine en plein marché odorant et fourmillant de Pisaq.

Après un voyage en bus très secoué, nous voilà de retour à Cusco 1heure avant l’ouverture de la vente en ligne des billets de l’Australian Open de tennis. Juste à temps pour acheter des places pour le dernier jour des 1/8 de finale et la première « night session » des 1/4 de finale. Il n’y a plus qu’à espérer que Roger soit au rendez-vous !

dimanche 14 octobre 2012

Le trek du Salkantay


Tout d’abord, nous aimerions signaler que la rubrique « Au jour le jour » est enfin à jour et on essaiera de la maintenir à jour pour que, entre deux articles, vous puissiez suivre notre évolution au travers de la photo quotidienne !
De plus nous signalons qu’il y a des légendes sur les photos. Malheureusement celles-ci n’apparaissent pas quand on visionne l’album en diaporama. Préférez donc visionner les photos en agrandi en les faisant défiler.

Le trek du Salkantay

Après un réveil bien matinal, voire même nocturne (3h45), et une course en taxi jusqu’à notre point de rencontre, nous voici au début de l’aventure. Une première surprise nous attend : A la place d’un groupe de 11 personnes, nous voilà au milieu de 17 autres personnes (sans compter les deux guides) prêtes à monter dans les minibus. « Peut-être qu’il y a deux groupes ?  on verra sur place » nous disons-nous. Nous pensons terminer notre nuit durant ce voyage en minibus qui doit nous mener en 3 heures de Cusco à Mollepata. Mission impossible : une route qui n’arrête pas de tourner, un froid de canard, des nids de poules et un chauffeur un peu Fangio sur les bords nous empêchent de fermer l’œil. A Mollepata, un bon petit déj’ dans un petit bistrot de la place du village nous attend. Et une heure plus tard, en avant pour 8h de marche et 1000m d’ascension dans un groupe de… 19 personnes ! Le début de la montée se passe sans encombre mais après quelques heures de marche, l’arrière du groupe est de plus en plus lent. La raison est simple une fille a le mal des montagnes. Bref, on n’avance pas très vite. Cela nous permet d’admirer les pampas de la sierra qui nous entourent, où en clair, les terres fertiles des montagnes. Sur le chemin on croise un camion avec le pont arrière rempli de Péruviens. Certainement le bus local. Arrivé au lieu du dîner, le cuisinier Manzana (qui signifie « pomme » en espagnol), Sergio de son vrai nom, nous a concocté une soupe et un émincé de bœuf avec du riz. Vraiment pas mal pour un dîner de fortune sur son réchaud au gaz. Pour la petite histoire nous n’avons pas réussi à savoir l’origine de son surnom, peut-être a-t-il été pomme avec le bourg ?!?! Peu probable. Nous reprenons la grimpette l’estomac plein et avec la liberté de marcher seuls car un seul chemin mène au campement. Nous nous détachons donc un peu du groupe. Quelques kilomètres avant d’arriver au campement nous apercevons les premiers sommets enneigés qui culminent autour des 6000m. Un très beau spectacle par une lumière du jour qui commence à s’estomper. Nous voilà arrivés à Soraypampa notre premier lieu de bivouac. Une grande tente de fortune abritant nos tentes du vent et du froid ainsi que des WC et un lavabo où coule l’eau de la rivière forment le campement. Après le Teatime où nos guides nous briefent sur la soirée et la marche du lendemain, Manzana et son assistant refont des prouesses et nous offrent un délicieux souper aux chandelles (pas d’électricité). Ensuite on ne s’attarde pas et au lit pour ce qui devait être une bonne nuit de sommeil. Mais le froid (on dort à 3900m ) et la voisine malade qui vomit toute la nuit nous gâchent un peu notre repos.

Au petit matin, on nous réveille avec un mate de coca bien chaud pour nous donner le courage de sortir du sac de couchage. Et c’est repartit pour une nouvelle journée de marche avec 4 heures de grimpette jusqu’au col au pied du Salkantay à 4650m d’altitude et 6 heures de descente pour atteindre notre 2ème campement à 2900m. L’ascension jusqu’au col se fait dans un décor de sommets pris dans les glaces… époustouflant et merveilleux ! Mais que c’est difficile de trouver son souffle à cette altitude. Surtout quand le cuisinier et son assistant, partis du campement après tout le monde pour pouvoir ranger la vaisselle, nous rattrapent et font un brin de causette avec nous. Nous étions alors incapables de répondre par plus que oui/non à leurs questions tellement nous avions le souffle cours… Du col à 4650m, nous descendons à 2900m. ! Et nous arrivons droit dans la jungle ! Dépaysement garanti… Là, nous avons la bonne idée de faire un match de football entre quelques participants du groupe et l’équipe de cuisine et de muletiers… au niveau souffle, on a eu vraiment de la peine, on est quand même haut, par contre notre technique nous a sauvé ! Beaucoup de rires et de plaisir !

Le lendemain, c’est la journée de repos. Nous ne marchons que 4h avant qu’un mini-bus nous emmène au lieu du dîner, puis au campement. Pour la première partie du trajet, la moitié du groupe a dû monter sur le toit du minibus car il n’y avait pas assez de place à l’intérieur… et lors du deuxième tronçon, c’est un arbre qui vient d’être coupé qui nous barre la route. Tous les hommes du mini-bus sortent et aident les bûcherons ! Enfin arrivés à Santa-Teresa, nous nous rendons aux bains thermaux du coin. Une merveille après une journée passée dans la poussière et la transpiration ! Sur fond de galets et au milieu d’un cercle de montagnes, nous nous prélassons 3h dans l’eau claire et limpide. Que du bonheur ! (Excepté les moustiques voraces qui nous ont dévorés à la sortie de l’eau !!!)

Pour le quatrième jour, nous avons le choix entre deux parcours : 3h de marche avec nos sacs (les mules ne nous accompagnent plus) sur une route pas mal fréquentée ou 3h de tyroliennes où nos sacs sont transportés en mini-bus ! Vous n’avez pas encore choisi ? De notre côté, le choix était vite fait, malgré le petit supplément financier… La vidéo de Christelle et celle de Valentin vous montrent un peu la hauteur et la longueur d’un des 6 « Zipline »… ça ne se voit pas trop, mais Valentin est à l’envers, tête en-bas, pendant le début de la tyrolienne ! La suite de la balade nous mène à Aguas Calientes. Nous marchons le long de la voie de chemin de fer et nous apercevons pour la première fois le Machu Picchu, « de dos » et d’en-bas. La soirée passée à Aguas Calientes n’était pas des meilleurs, les habitants de la ville étant de vrais rapaces. Tout est extrêmement cher et c’est la seule ville du Pérou qui impose une taxe sur toutes les additions !


LA journée du trek : Le Machu Picchu ! Départ à 4h du matin de l’hôtel pour se rendre au portail d’entrée de la montée au Machu Picchu. Et oui, il y a une entrée en-bas de la montagne, et une en-haut. Passeport et billet d’entrée exigés aux deux checkpoints évidemment… à 5h pile, les portes ouvrent et c’est la course (presque digne du Tour du Canton !) pour tous les visiteurs qui ont décidé de monter à pied. La balade en vaut la chandelle, mais honnêtement, même si on grimpe sur un chemin inca, qu’est-ce que c’est crevant !!! Pendant 45 min au moins, on ne fait que de monter des escaliers aux marches tellement hautes… pfff… arrivés en-haut, on était mouillé comme si on était tombé dans une piscine ! Là, à 6h, notre guide nous envoie à l’intérieur du site faire des photos, en attendant le reste du groupe (certains se sont perdus…). Puis il nous commente le site, en espagnol et en anglais. Très intéressant, mais vite ! à 8h au plus tard, nous devons être à l’entrée du Haynapicchu, la pic montagneux que l’on voit en arrière-fond du site archéologique. Eh oui, nous aimons le sport, alors pourquoi s’arrêter à 45min d’escaliers ? on en refait pendant 1h de plus ! sans compter la descente vertigineuse qui nous prend autant de temps que la montée… A 11h, on fait une sieste dans l’ancienne zone agricole du site et on décide de redescendre à Aguas Calientes… en bus ! Faut pas exagérer… On terminera la journée par les bains thermaux de la ville (c’est pas pour rien qu’elle s’appelle comme ça !), mais c’est plutôt décevant. On veut bien qu’il y ait du souffre dans l’eau, mais ça ne donne pas très envie. Voyez par vous-mêmes sur les photos… Notre train part d’Aguas Calientes à 21h30, nous passons donc la fin de journée avec les Espagnols et Suédoises du groupe avant de s’arrêter à Ollantaytambo pour dormir une bonne nuit de 12h de sommeil !


Pour conclure, ce trek était vraiment merveilleux ! Nous qui voulions faire le célèbre Chemin de l’Inca, on est bien contents de ne pas avoir pu le réserver (liste d’attente d’au moins 2 mois !). En effet, ce dernier dure 4 jours, emprunte un chemin inca pendant 41km pour mener au Machu Picchu et 500 personnes par jours déboulent sur le sentier. Par contre, le trek du Salkantay emprunte également des chemins incas (mais beaucoup moins), dure 72km pour 5 jours, et est bien moins touristique ! Et quand vous verrez les photos, vous comprendrez vite pourquoi on est rentrée enchantés de cette marche dans les hauteurs puis dans la jungle…
La suite de la vallée sacrée des Incas dans le prochain article !