Pour nous rendre jusqu’au sud du
Chili et de l’Argentine, nous avons décidé d’utiliser un moyen de transport
bien différent des transports publics. Eh oui, nous avons loué une camionnette
(Fiat Fiorino) équipée d’un lit et d’une cuisine.
Nous avons commencé ce trip de 42
jours à Santiago, capitale du Chili. Au milieu de la ville immense, nous voilà
au volant de notre Wicked Campers, complètement perdus car nous n’avons pas
encore eu l’occasion d’acheter une carte routière ! Objectif : trouver
une station essence, car c’est là qu’on peut en acheter ! La tâche est
plutôt simple, sauf que voilà, les trois premières stations essence que nous
visitons n’ont plus la carte comprenant Santiago… grrr… avec toutes ces rues à
sens uniques, ces autoroutes qui n’indiquent pas le centre sur les panneaux de
sortie, les triples voies où on se trouve sur la mauvaise au mauvais moment, on
a pas mal galéré, on vous le garantit ! Et tout ça par une chaleur
étouffante (on comprendra plus tard que le chauffage est toujours en marche et
impossible à régler correctement…), et sans savoir où l’on pourra dormir. On ne
s’est presque pas énervé… Finalement, ouf, on trouve une carte du centre du
Chili et on arrive à sortir de cette ville détestable en voiture. Enfin !
Et on se dirige directement vers les montagnes, dans le Cajon del Maipo, à
environ 60km de Santiago. Là, on trouve une aire de pique-nique au bord de la
rivière où l’on peut passer la nuit pour 10 frs. C’est parfait, il y a même la
douche en plein air (heureusement qu’on est seul et qu’il fait nuit…) ! Et
on a de plus la super chance de faire notre premier repas dans la nuit, vu
qu’on a pris plus de temps que prévu pour arriver ici… mais tout est
fonctionnel et très bien pensé dans notre petite camionnette.
Dans le coffre, il y a six boîtes
avec couvercle dans lesquelles on range tout. Lorsque les couvercles sont
posés, on dépose trois matelas et le lit est fait. Lorsque l’on mange, un des
couvercles de la boîte du milieu est enchâssé sur un tube qu’on fixe au sol et
voilà notre table. Pendant ce temps, on met les matelas sur les sièges à
l’avant du véhicule pour avoir plus de place et le tour est joué ! On a un
réchaud très bien, sauf qu’il utilise environ une bombonne de gaz par jour…
mais il est puissant et très simple d’utilisation ! Une seule
« plaque », mais ça suffit, on est des as du réchaud à gaz. Avec le
véhicule sont livrés casseroles, assiettes, gobelets, bols, services, réchaud,
couvertures, coussins, taies d’oreiller, une petite table, deux tabourets,
matelas, coolbox, guide des campings, convertisseur 12V/220V pour recharger
appareil photo et ordinateur, cable jack. Pour passer du confort au luxe, on a
acheté deux-trois trucs en plus : un presse-citron pour nous concocter nos
vitamines chaque jour (n’empêche que ça marche, on n’est jamais
malades !), un éplucheur pour les carottes, une bassine pour la vaisselle
et la lessive, des pincettes supplémentaires (on en avait que 8…). Voilà pour
l’équipement.
En images cliquez ici!
Nos premiers pas avec notre
wicked campers se passent à merveille. Pour commencer, on décide d’aller voir
un lac de barrage à Embalse el Yeso. Quelle idée… 25km de piste cahoteuse et où
en cas de pluie ou d’éboulement, on reste coincé. Et pas n’importe où… au
milieu des montagnes, près d’un volcan et sans moyen de téléphoner. On demande
à un pêcheur s’il pense qu’il pleuvra d’ici 24h, et ce n’est pas le cas. On
décide donc de rester au bord de ce magnifique lac et d’y passer la nuit, la
première « à la sauvage ». Comme on est plein de poussière, hop, au
lac ! Ah nouveau, quelle idée… l’eau est GELEE !!! Mais par contre
c’est bien pratique, tout comme pour la lessive et la vaisselle… le coucher de
soleil est chouette et on se retrouve seuls au monde, au bout de ce lac
accessible par une unique petite route dans une falaise. Demain, on ira marcher
un peu dans la vallée, ça a l’air superbe. Sauf que le lendemain, on se
réveille au milieu d’un brouillard
épais ! Vite ! On saute au volant et on retourne en plaine vite fait
bien fait, de peur de rester coincés là-haut. Tant pis pour la marche…
Ce n’est que pour mieux se
rattraper. On passe de l’autre côté de la montagne et on dort à Baño Morales.
De là, on remonte à pied la vallée du Monumento Natural El Morado. On marche
jusqu’au glacier et on se sent vivre au milieu des montagnes. Les roches sont
colorées, la rivière se faufile jusqu’à de petites lagunes, les oiseaux
chantent, des chevaux sont tranquillement au bord du chemin et la flore est
incroyable. Comme à chaque fois que l’on fait des randonnées, nous discutons
intensément de la famille, des amis, du travail, de voyages,… bref, de tout ce
qui nous tient à cœur. Et on utilise nos pauvres petites jambes qui ont presque
oublié à quoi elles servent…
De la région de Santiago, nous
filons au sud. Nous nous arrêtons quelques jours du côté des lacs et des
volcans. C’est splendide ! Les routes serpentent entre plusieurs lacs
d’origine volcanique et à côté de différents volcans intimidants. Certains sont
encore actifs, et il est déjà arrivé quelques fois dans l’histoire que lorsque
l’un d’entre eux entre en éruption, toute la chaîne de volcans actifs crache de
la lave ! Gare à vous si vous êtes dans le coin… C’est dans cette belle
région, qui ressemble à notre jura suisse si on excepte les volcans à tous les
coins de rue, que l’on a la chance de manger une bonne fondue au fromage
chilien ! Nous dormons en effet dans un camping avec restaurant tenu par
des Suisses très sympathiques et qui parlent tous cinq langues :
suisse-allemand, français, anglais, italien et espagnol ! Franchement
impressionnant, surtout quand ils switchent entre chaque client sans se
tromper. Nous partons aussi à la découverte du cratère Navidad fumant depuis
là. Il se trouve juste à côté du volcan Lonquimay, sur lequel une station de
ski s’est créée. Par chance pour nous, nous sommes hors saison et nous ne croisons pas âme qui vive durant toute la
journée ! A côté du blanc de la neige, le noir des cendres dû à l’éruption
de 1988. On va donc explorer tout ça à pied et c’est assez marrant de dévaler
les pentes de cendres à pleine vitesse car c’est comme si on courait dans de la
poudreuse. Par contre à la montée, ça nous fait un petit entraînement de
résistance… deux pas en avant, trois en arrière ! Arrivés en-haut du
cratère, on se rend compte qu’on n’est pas sur le bon ! grrr… on redescend
et on recommence ! Sur celui qui fume légèrement cette fois-ci. Pas très
rassurant… par contre la coulée de lave qui en est sortie il y a 25 ans est
impressionnante ! Elle engloutit toute la vallée !
Après une soirée au bord du lac
Colico, où nous avons droit à un souper sur la plage lors du coucher de soleil
qui est magique, nous reprenons la route, ou plutôt la piste… mauvaise idée, le
dessous du véhicule touche trop souvent les cailloux et nous devons passer chez
un garagiste pour s’assurer que tout ce qui branle là-dessous est normal… Non,
ce n’est pas normal nous dit-il ! Pouvez-vous nous fixer cela svp ?
Oui, pas de problème nous répond-il. Nous attendons donc 15 minutes puis
notre véhicule est prêt à repartir. Combien vous doit-on ? 1000 pesos svp.
On se regarde, on n’y croit pas… 1000 pesos ? C’est bien ce que tu as
compris, ptit bout ? Oui, oui, c’est bien cela. Cela correspond à 2 frs
suisses… Nous qui nous attendions à une douloureuse, c’est plutôt agréable !
Par contre, nous prenons la décision d’éviter un maximum la piste, ce qui nous
contraindra souvent à de grands détours. En effet, tant le Chili que
l’Argentine ont peu de routes goudronnées dans cette région, et plus on va au
sud, moins il y en a…
De passage vers le volcan
Villarica, un des plus actifs et impressionnant, nous ne le voyons pas. Trop de
nuages… tant pis, on continue ! Et jusqu’à Bariloche, en Argentine. Ou
plutôt le Verbier argentin ! Ville de montagne au bord d’un lac, très
touristique, nous ne faisons que prendre quelques informations et y passer la
nuit. Objectif : randonnée ! Nous partons donc au refuge Frey pour
une marche facile mais crevante de 4h de… montée ! ça ne fait que de
côter, mais ça en vaut grandement la peine ! L’arrivée à la cabane est
géniale ! On se retrouve à côté d’un lac d’altitude, entouré de pics
rocheux de toutes parts ! C’est d’ailleurs le paradis des grimpeurs. Le
lendemain, nous redescendons par le même chemin, en 2h seulement.
Puis nous reprenons le chemin du
sud, après nous être rendus compte que la mythique RN40 n’est pas une bonne
idée pour notre chère camionnette un peu trop branlante. Nous changeons nos
plans et décidons d’emprunter la RN3, qui longe l’océan atlantique jusqu’à Rio
Gallegos. Nous ne sommes pas déçus car nous voyons de très belles choses. Entre
autre, le Bosque Petrificado près de Sarmiento. Dans ce site fabuleux nous
pouvons voir des troncs d’arbres fossilisés, couchés sur le sol, au milieu de
la steppe. C’est qu’il y a 65 millions d’années, ce n’était pas la steppe, mais
un endroit humide où un courant venant de l’ouest aurait déposé des arbres. Ils
se sont ensuite imprégné de silice et se sont solidifiés au point
qu’actuellement, nous pouvons voir des troncs de pierre. C’est fou ce que la
nature nous laisse comme témoignage du passé. En théorie, ces troncs auraient
dû se décomposer, comme tous les autres… Nous n’avons que peu de photos de ce
site, car le vent était si fort, que nous avions carrément de la peine à
avancer. Il y a même eu des moments où nous étions déstabilisés au point de ne
pas réussir à gravir une petite butte ! Vraiment hallucinant!
Autre endroit très beau : la
loberia (lobo = lions de mer) près de
Rada Tilly, au bord de l’océan (c’est clair qu’on ne va pas trouver des lions
de mer dans la forêt…). Depuis une falaise, jumelles à l’appui, nous avons la
chance d’observer des centaines de lions de mer affalés sur la plage. On se
croirait dans un documentaire, en mieux. Ce qui surprend, c’est qu’on les
entend très clairement ! Très peu nagent, très peu bougent. Ils sont juste
là, tels des flemmards énormes, à bronzer. Sur toute la colonie, seuls une
vingtaines de mâles sont présents. Ceux-ci changent chaque année de colonie
tandis que les femelles restent sur place. Quand on sait qu’il y a plusieurs
centaines de femelles dans une colonie, on se dit que les mâles doivent bien
s’amuser… Bref ! On reprend la route vers le sud et on s’arrête à Puerto
San Julian, petit port charmant avec un camping quasi sur la plage. On soupe au
bord de l’eau, coucher de soleil à l’appui. Puis nous allons rigoler un peu sur
les bim-bam extrêmes de l’Argentine ! Les gosses doivent vraiment se
marrer (ou piquer du nez violemment) en jouant sur ces engins. Ils sont si
inclinés que, mêmes nous, risquons de nous casser les dents… On a aussi essayé
le fitness plein-air, mais on n’a pas trop compris quels muscles sont exploités
lorsqu’on utilise les machines et c’est peu dire vu nos professions…
Les prochains jours sont
consacrés presque exclusivement à rouler vers le sud. On a bien tenté de
s’arrêter dans une réserve naturelle, mais la pluie a rendu la route d’accès
impraticable et nous avons donc dû nous rendre à l’évidence : pas de lions
de mer, pingouins et oiseaux marins pour tout de suite. Espérons qu’on pourra
en voir plus tard… en attendant, on profite des couchers de soleil au bord de
l’océan et d’avancer vers Rio Gallegos. Ces couchers de soleil qui durent de
20h à 22h30, sont de véritables merveilles. Un soleil rasant qui semble ne
jamais se coucher et qui embrasse les nuages, qui eux-mêmes se reflètent dans
l’océan et le sable humide de la marée basse… Quel pied ! Sans vous parler
du ciel qui change toutes les cinq minutes pour utiliser toutes la palette des
couleurs. C’est fantastique ! Et avec ça, lorsqu’on soupe, on ne peut pas
manger tranquillement car il faut toujours aller faire des nouvelles
photos ! haha !
Lorsqu’on est sur la route, on
croise guanacos, nandous, moutons, gauchos et beaucoup de camions… La steppe
est plate à perte de vue, les nuages sont bas et on en voit à l’infini, la
route est souvent toute droite sur des dizaines de kilomètres avant une légère
courbe. On se rend compte que l’Argentine est un pays bien plus grand que ce
que l’on s’était imaginé…
Notre rythme de vie est un peu
spécial ces temps. Réveil à 9h, départ à 11h. Que fait-on entre temps ?
Nous nous habillons, changeons le lit en table, étalons sacs de couchage et
matelas pour les faire sécher de l’humidité (quand il pleut c’est super cool…),
cuisons de l’eau pour le thé, préparons le jus d’orange et le petit déj’,
déjeunons, faisons la vaisselle, retransformons le camper en mode
« route », puis enfin, sommes prêts à partir. Et oui, tout ça nous
prend 2h… Sur la route, le copilote répond aux mails. Ces derniers quittent la
boîte d’envoi à la prochaine station essence. En effet, les stations-service en
Argentine et au Chili sont très bien équipées ! Wifi, WC propres, douches,
petit restaurant, shop et pompistes sympas. Ça fait toujours plaisir de faire
une pause ! Lorsqu’on arrive à destination, nous cherchons un camping ou
un endroit où l’on peut dormir « à la sauvage », transformons la
camionnette en mode « cuisine », allons nous laver, faisons sécher
les linges (quand il pleut, c’est super cool…), cuisinons, mangeons, faisons la
vaisselle, transformons le camper en mode « dodo », puis enfin, on
est prêt à se coucher. De nouveau, 2-3h viennent de s’écouler. Et là on se dit
chaque soir qu’il faudrait se coucher plus tôt, pour se lever plus tôt et mieux
profiter de la journée… l’avantage de ce voyage, et de notre mode de
déplacement, c’est qu’il n’y a aucune raison de se discipliner, alors comme
chaque matin, et encore plus quand il pleut, le réveil sonne pour rien…
Arrivés à Rio Gallegos, nous
avons réglé deux-trois trucs administratifs et puis passé la frontière vers le
Chili. Là, les douaniers étaient très sympas, mais ils nous ont quand même
confisqué les deux citrons et les deux pommes que nous avions dans le coffre…
c’est qu’entre le Chili et l’Argentine, aucun fruit ne passe la
frontière ! C’est très dangereux… attention…
La route que nous avons choisie
de suivre est celle qui longe le détroit de Magellan sur quelques kilomètres.
Même s’il pleut et vente beaucoup, nous sommes ébahis de passer par là. On
commence vraiment à être sacrément au sud…
Pour terminer cet article, nous
vous informons que nous sommes actuellement à Puerto Natales entrain de
préparer un trek dans le parc national Torres del Paine. Et pour une fois, pas
de retard dans les articles ! On est vraiment là en ce moment ! Nous
allons marcher durant quatre grosses journées (12h pour l’une d’entre
elles !) afin de voir cette réserve classée à l’UNESCO. On se réjouit
beaucoup !
Alors on tient avant cela à vous
souhaiter de belles fêtes de fin d’année ! Que Noël soit chaleureux et que
le saut en 2013 se passe bien !